Achille Mbembe et Felwine Sarr : plaidoyer pour le droit à la réflexion.

Print Friendly, PDF & Email

 

Rendez-vous devenu incontournable du calendrier intellectuel francophone et africain, les Ateliers de la Pensée ont célébré leur troisième édition à Dakar entre le 30 octobre et le 2 novembre 2019. Initiés par l’historien Achille Mbembe et l’économiste Felwine Sarr, les Ateliers se dessinent aujourd’hui comme une “biennale des idées”, réunissant des intellectuels reconnus d’horizons très divers, suscitant un intérêt grandissant parmi un public chaque fois plus large et hétérogène. Nous revenons, avec les deux organisateurs, sur les enjeux et l’évolution de ce forum.

 

Nous l’annoncions il y a deux ans: les Ateliers de la Pensée s’ouvraient pour s’inscrire durablement dans le paysage culturel, africain mais aussi francophone. [ Ateliers de la Pensée : un rendez-vous qui s’installe ]Un pressentiment qui se confirme . L’intérêt grandissant que les Ateliers suscitent dépasse les frontières linguistiques et géographiques. L’événement est suivi un peu partout dans le monde grâce aux retransmissions vidéo, et les discussions trouvent une résonance spéciale dans les territoires dudit Sud global, notamment en Amérique Latine, où ils font l’objet d’une réappropriation. Depuis la dernière édition, le format s’est configuré en biennale, et il s’est notamment enrichi à travers l’école doctorale. 

Pour sa troisième édition, l’initiative réunit une fois de plus un ample groupe de penseurs, au sens large du terme, provenant d’horizons divers, parmi lesquels se comptaient des figures comme l’ancienne garde des sceaux française Christiane Taubira, l’artiste franco-algérien Kader Attia ou encore le jeune écrivain Mohamed Mbougar Sarr. Sous la thématique “Basculement des mondes et pratiques de dévulnérabilisation”, ce forum hétérogène a donné compte des urgences pressantes de notre planète et de nos sociétés, le concept de dévulnérabilisation renvoyant aux stratégies mises en place par des individus et des collectifs pour faire face aux défis qui les menacent. Lors des panels, parmi les nombreux sujets,  il a été question de réparation, de sécurité alimentaire ou encore du futur du franc CFA, abordés depuis des perspectives et des disciplines complémentaires.   

Une bonne partie des séances s’est déroulée, pour la première fois, au sein de l’emblématique Musée des Civilisations Noires, inauguré il y a un an dans la capitale sénégalaise. Si en 2017 nous tâchions de synthétiser la pluralité de voix et de propositions présentées, cette fois-ci nous avons rencontré les deux initiateurs, Felwine Sarr et Achille Mbembe. Avec eux, nous avons échangé, sur l’évolution et les enjeux des Ateliers de la Pensée.

Africultures : Nous sommes à la troisième édition des Ateliers de la Pensée. Cela veut dire probablement que les choses marchent plutôt bien. Revenons sur la genèse de ce rassemblement des idées. Comment est-il né ?

Achille Mbembe: D’une réelle amitié intellectuelle et d’une appréciation mutuelle pour nos travaux. Felwine avait publié son livre Afrotopia, qui a marqué les esprits et qui continue de faire chemin. Il est traduit en diverses langues -la dernière traduction a été publiée au Brésil, où le texte fait l’objet d’une réappropriation et d’une contextualisation dans la situation spécifique de ce pays. Moi je venais de publier  Politiques de l’inimitié. Il nous avait été proposé de nous rencontrer et de débattre des deux ouvrages. Et très vite, nous avons jugé que c’était bien de discuter ensemble, mais que c’était bien mieux si nous mettions à profit cette occasion pour ouvrir un espace de rencontres et d’échanges entre les créateurs, les écrivains, les chercheurs, les penseurs, … Bref, tous les travailleurs de l’esprit, en tout cas dans le monde Africain et diasporique d’expression française. Et c’est ainsi qu’est née l’idée. Il nous semblait que le moment était important. Il y avait des enjeux sur lesquels il existait un consensus relatif et des interrogations sur où allait l’Afrique, où allait le monde, quelle était la place de l’Afrique dans le monde qui était en train de se dessiner et comment allait-on récupérer pour nous l’initiative intellectuelle en matière de discours sur l’Afrique. Des voix comptaient individuellement. Il fallait les mettre ensemble et ouvrir de nouveaux chemins pour ce moment particulier. C’est ainsi que je vois l’itinéraire. Et vous le disiez, je crois vraiment que ça marche.

Felwine Sarr:. On avait le pressentiment, chacun de son côté, qu’il y avait quelque chose qui se jouait dans l’espace de la pensée critique africaine et qu’il y avait un désir de reprise en main des catégories à travers lesquelles le continent avait été décrit. On a été surpris par la résonance de la première édition des Ateliers : cela correspondait vraiment à une attente. Personnellement, je continue à être surpris lorsque je voyage et que je constate cet intérêt de la part de personnes qui ne viennent pas forcément des milieux intellectuels ou artistiques, qui ont suivi sur Facebook, qui en parlent. Les réappropriations sont plurielles. Nous en sommes à la troisième édition, et il y a désormais l’école doctorale. Nous laissons, ainsi, une empreinte dans le payasage culturel. J’ai le sentiment que l’engouement ne s’est pas démenti, et que ce grand besoin de se penser sera encore là pour quelque temps.

Les Ateliers de la Pensée

Les Ateliers de la Pensée

Quelle a été l’évolution et qu’est-ce qui a changé depuis le premier brouillon d’idée de ce projet ?

F. S.: De mon point de vue, on évolue vers une prise en charge beaucoup plus importante sur les archives non-africaines. Au début, il y avait une affirmation assez forte de la reprise de l’initiative théorique sur l’Afrique. On pouvait avoir le sentiment que les discours extrêmes étaient dominants sur nos réalités, et la revendication de reprendre site et de parler de nous-mêmes était très forte. Ce que d’ailleurs certains nous reprochent.

 

Dakar symbolise aussi une longue histoire intellectuelle que l’on veut faire vivre.

Et pourtant, pendant une des conférences nous avons entendu parmi le public une critique du recours à la “bibliothèque coloniale”.

F. S. : Il y a ça. Mais il y a aussi certains africanistes qui pensent que l’Afrique leur appartient, que c’est leur objet et qu’on doit leur demander la permission de la repenser. Mais depuis la seconde édition, qui abordait le sujet des conditions et pratiques du vivant, et celle-ci sur le basculement des mondes et des pratiques de dévulnérabilisation, je sens qu’on évolue vers l’idée d’être un espace de pensée critique sur les problématiques du monde. Celles de l’Afrique sont importantes, mais pas que. Nous avons l’ambition d’apporter, nous aussi, un regard sur des thématiques non-africaines. Ce qui est tout à fait légitime.

La création de l’école doctorale va aussi dans ce sens : elle s’adresse à des jeunes doctorants et chercheurs avec lesquels nous travaillons de manière plus restreinte, plus intime sur des questions de prospective dans les domaines de leurs intérêts. Mentionnons aussi la présence de lycéens : certains on fait le voyage jusqu’au Sénégal pour participer aux débats. Tout ceci fait partie des évolutions. 

A. M. : C’était un grand moment de la journée pour moi

F. S. : Pour moi aussi.

A. M. : La prise de parole des jeunes, une parole sûre d’elle-même, pas du tout hésitante. Posée et ouverte sur le large. C’était vraiment fascinant. Et il est évident que les Ateliers sont sollicités un peu partout.

F. S. : On a en effet beaucoup de demandes d’organiser les Ateliers ailleurs…

A. M. : De les faire voyager. Mais je crois que c’est Saïd Abass Ahamed qui l’a dit : pour beaucoup d’entre nous, il est cependant important que cet événement se tienne ici, dans cette ville. Nous n’avons pas, en Afrique, beaucoup de villes qui soient “ouvertes” à ce type d’interventions. Et d’un certain point de vue, Dakar symbolise aussi une longue histoire intellectuelle que l’on veut faire vivre.

Les Ateliers de la Pensée

(c) Les Ateliers de la Pensée

Pourquoi avoir fait le choix du Musée des Civilisations Noires comme lieu principal de cette édition?

F. S.: Pour nous, la symbolique est importante. C’est un lieu qui vient d’ouvrir. Nous avions été ici pour discuter sur la question de la Restitution, par exemple. Le musée est évidemment aussi un laboratoire, un lieu de réflexion, d’une pensée sur soi. En plus, ils ont un bel amphithéâtre. On a essayé d’aligner toutes ses dimensions-là. 

Aujourd’hui on évoquait dans les panels la question des frontières héritées du colonialisme, et j’ai l’impression qu’il y a peu de liens entre l’Afrique d’expression portugaise et celle d’expression française. Vous avez impulsé une rencontre entre francophones principalement. À part les quelques intervenants anglophones présents il y a deux ans, aucun lusophone n’a participé aux Ateliers.

F. S. : En effet, il y a eu moins de connexions entre les intellectuels des espaces lusophone et francophone. Avec les anglophones ce n’est pas trop compliqué. Nous sommes connectés avec le Ghana, le Nigeria, l’Afrique du Sud. Mais j’avais vraiment l’idée, et je voulais en parler à Achille, qu’on fasse quelque chose entre francophones et lusophones; ou entre l’Amérique Latine et l’Afrique. On pourrait concevoir des mini-ateliers; c’est juste une question de traduction technique qu’on peut résoudre, si on l’anticipe bien. Je suis allé plusieurs fois au Brésil. Il y a quelques mois, j’y ai fait un séminaire et j’ai rencontré un groupe, “La Fabrique des Idées”. Des personnes qui m’ont beaucoup incité à faire quelque chose ensemble. Lors de mon premier voyage, j’y ai rencontré une universitaire bissau-guinéenne qui parlait le français. Je lui ai demandé de me mettre en contact avec des intellectuels lusophones, du Mozambique, de l’Angola, etc. J’ai promis que si elle m’invitait à Bissau, j’allais y aller. Le Cap Vert et la Guinée Bissau sont juste à côté! Achille et moi avons souvent été en Amérique Latine, et là-bas j’ai rencontré un fort désir d’Afrique. C’est des axes sur lesquels on ne pense pas tout de suite, il faut quand même un effort pour les articuler. 

A. M.: Ce sont aussi des questions géopolitiques. On sait quelle est la place de l’anglais dans l’espace intellectuel international. Dans le champ africain, les lusophones et les francophones qui veulent participer aux débats internationaux dans les réseaux de production de savoir sont plus ou moins obligés d’écrire leurs articles en anglais et de publier dans des revues anglophones. Ceci n’empêche pas du tout les engagements collectifs, mais c’est vrai qu’il y a un problème d’équilibrage d’accès aux ressources. Et les lusophones et francophones sont un tout petit peu désavantagés. D’où justement la nécessité de créer des axes, pour assurer une montée commune.

Vous êtes sans doute au courant de cette critique qui revient souvent vis-à-vis des Ateliers, comme étant une sorte de rencontre entre initiés, peu accessible et qui n’a aucun impact sur la vie courante des gens. Que répondez-vous à cela?

F. S. : Il y a plusieurs choses à entendre dans cette critique. Il y a une partie qui relève de l’anti-intellectualisme qui existe, à échelle globale, envers tout ce qui semble se distinguer et qui demande de l’exigence. Ce terme d’élite qu’on nous colle, est impropre, car nous nous sommes aussi des gens du peuple. Les mêmes qui font cette critique, par contre, vont se référer aux élites dans d’autres domaines qu’ils considèrent importants. En aéronautique, vous allez vouloir avoir des bons ingénieurs et pilotes. Quand vous êtes malades, vous allez voir un bon spécialiste, qui a fait 10 ans d’études, etc. On ne comprend pas les mathématiques très complexes, pourtant c’est clair qu’elles sont utiles pour la société. Mais quand il s’agit des sciences humaines et sociales, ce qu’on croit être à la portée de tout le monde, cela change.   Deuxième chose que j’entends, c’est la critique de l’immédiateté de l’effet, de la temporalité.  Aucune pensée n’a d’effet immédiat, mais on veut la réduire à une boîte noire de solutions. La pensée prend son temps avant d’inspirer les formes pratiques et l’intervention dans le champ sociétal. Il y a aussi toute la question de l’immatériel. Si je prends un bois et que je le sculpte, ou que je fais une chaise avec, tout le monde voit à quoi ça sert. Mais la pensée c’est, en elle-même, un acte. Elle va infuser dans tout lieu. Je prends mon propre cas: ce sont les pensées des autres, les livres et romans que j’ai lu qui ont fait de moi l’individu que je suis aujourd’hui. C’est ce qui m’a construit et ce qui agit dans mes choix de vie et mes engagements. La pensée est un moteur absolument fondamental, qui m’a nourri. Cette nourriture-là est immatérielle, une nourriture pour les subjectivités. Quelque chose de beaucoup plus floue, mais aussi beaucoup plus fondamentale, qui a à faire avec l’esprit humain, siège de l’action humaine. Une pensée m’offre une intelligibilité nouvelle des phénomènes, elle agit sur mes subjectivités, et j’agis ensuite différemment, je peux poser des actes qui sont producteurs de réalité.

La pensée prend son temps avant d’inspirer les formes pratiques et l’intervention dans le champ sociétal.[…]Cette nourriture-là est immatérielle, une nourriture pour les subjectivités.

 Il y a, bien entendu, une critique qui est constructive, qui relève d’un vrai désir de dissémination de la pensée à toutes les couches de la société. Mais ça c’est un autre travail; de traduction, de vulgarisation, un travail à faire sur le format. Nous avons envie de réinjecter cette plus-valu intellectuelle dans le corps social, mais il ne faut pas en même temps nous demander de tout faire. C’est le prof du lycée qui doit prendre les textes et les faire étudier à ses élèves, par exemple. Au lieu que chacun fasse sa part, on veut que nous on fasse tout. Nous, au moins, on fait notre part. On est dans ces champs-là, on nous paye pour réfléchir et pour penser, c’est notre métier. Finalement, on nous reproche de faire notre boulot, et ça je le trouve assez extraordinaire. Tous ses régimes-là sont présents dans la critique. Des fois on les distingue, mais parfois il y un fond plus obscur : un truc dont tout le monde parle et qui attire certaines personnes, il faut bien qu’on en trouve des choses à dire. Et puis, il y a une sorte de haine de soi, une médiocrité ambiante qui ne supporte pas ce que j’appellerais les formes d’exigence. Et moi je pense franchement que les sociétés on les tire vers le haut et non pas vers le bas.  La dernière réponse que j’apporte : toutes les sociétés sont dirigées et poussées par les élites, un 1% ou 2% qui prend des décisions et fait les choix. Si tu impactes cette élite, tu impactes la société. Ce n’est pas mon grand-père à Niodor qui va penser la politique économique du Sénégal, ce sont des gens qui ont des conceptions là-dessus. Et si on réussit à leur faire voir le choses de manière un peu différente, on a un réel impact ! Tout ordre économique, social, politique, culturel,etc. est fondé sur une épistémologie, c’est ce qui fait fonctionner un monde à la base.

A. M.: On ne peut pas être à la fois cuisinier, menuisier, tisserand, cordonnier, tailleur…. Il y a en effet une atmosphère très anti-intellectuelle, pas seulement en Afrique. Et le populisme se nourrit de l’anti-intellectualisme. Face à tout cela, il faut se battre pour faire une place au libre arbitre. Il s’agit de réhabiliter un droit à la pensée, comme une dimension des droits humains fondamentaux. Hors de cette espèce de carcan utilitariste qui a réduit l’acte de réfléchir et d’argumenter, de communiquer, qui appauvrit ce qu’on entend par la raison. Felwine est très patient, moi je suis très impatient. Il n’y a qu’aux Africains qu’on demande de ne pas penser.

(À ce moment de l’interview, Felwine Sarr est obligé de nous laisser: l’artiste malienne Rokia Traoré, venue pour présenter le spectacle Dream Mandé Djata dans le programme parallèle des Ateliers, est bloquée à l’aéroport de Dakar.)

Les Ateliers de la Pensée

(c) Les Ateliers de la Pensée

Lors du décès de DJ Arafat, vous (Achille Mbembe) aviez écrit que vous ne le connaissiez pas. Bien entendu, on ne peut pas “exercer tous les métiers”, mais comment se rapprocher de cette jeunesse pour laquelle une figure comme Arafat est la référence ?

A.M. : Non, je ne le connaissais pas. On ne peut pas tout connaître… Je n’aspire pas à avoir l’influence d’un DJ Arafat ou d’un Samuel Eto’o. Il faut  se demander quel type d’idéologie véhiculent ce personnes-là. Sont-elles vraiment des idéologies libératrices ? Ou sont elles des expressions tout à fait singulières de l’ethos néolibéral qui ronge nos sociétés? Des grandes voitures, des femmes foison, des montres en or,… Est-ce cela que l’on veut célébrer? Une charité qui construit des hôpitaux quelque part alors que, au fond, les structures sanitaires du pays restent déplorables

Comment donc s’adresser à cette jeunesse-là?

A. M.: À moins d’ouvrir ma propre église, par exemple, je ne vois pas comment je vais m’adresser à la foule. On a besoin des médiations, telles que les médias, le monde du théâtre, le monde artistique, etc. Ce qu’il faut créer, ce sont des convergences. La difficulté que nous avons en Afrique, c’est justement de tisser des chaînes, des réseaux dans lesquels chacun apporte une part singulière, ce qu’il sait le mieux faire.

L’école doctorale a été créée un peu dans ce sens-là, alors?

A. M.: Tout à fait. Car il faut effectivement produire les nouvelles générations. Des gens qui vont être suffisamment équipés pour affronter les défis qui seront les leurs. Puisque, comme le disait Fanon, il appartient à chaque génération de confronter ses propres défis et d’y répondre de façon créative. Cette formation est cruciale pour raffermir la voix de l’Afrique dans le concert des nations. Cela commence par la récupération du pouvoir de description, qui est le préalable à cette capacité de raconter son propre récit. Si nous recouvrons ce pouvoir de description et d’interprétation, des vies qui sont les nôtres, que nous connaissons intimement -car personne ne connaît ces vies-là autant que nous- nous aurons contribué à une meilleure compréhension de la dramatique humaine en ce début de siècle de manière générale.

À vous entendre, moi qui suis de nature pessimiste, j’ai envie d’avoir de l’espoir. Mais la description du programme des Ateliers laisse un goût amer, désignant un avenir très sombre. Comment ne pas être pessimiste de nos jours face aux enjeux présents et à venir ?

A. M.: Nous n’avons rien à gagner à être pessimiste! Autrement dit: nous n’avons rien à perdre à tout faire pour que le peu qui nous reste soit le moins pire possible. C’est un peu dans cette perspective-là que nous nous situons. L’état de la planète laisse largement à désirer. Il se pourrait d’ailleurs que l’humanité ne soit pas ici pour plus trop longtemps. C’est une possibilité objective, si rien n’est fait. Beaucoup pensent qu’il est déjà trop tard. Mais si on continue dans la même trajectoire, notre aventure sur terre aura été de courte durée. Les milliers d’années ne sont rien par rapport aux milliards d’années d’histoire géologique de la Terre. On est effectivement face à des choix assez radicaux. Mais on ne peut pas effectuer ces choix à partir de positions de défaitisme, en se disant qu’il n’y a rien à faire. Si c’est ainsi, arrêtons le jeu alors. Le petit peu de temps de jeu qu’il reste, faisons comme si on voulait gagner. En tout cas, pour nous en Afrique c’est le seul choix possible.

Que peut apporter l’Afrique dans ce sens au reste du monde?

Le paradoxe de l’Afrique est qu’elle est à la fois la région la plus vieille et la plus jeune du monde. Et c’est aussi la région qui a fait l’expérience des extrêmes limites. Tout chez nous aura été extrême. Il faut supposer que, puisque cela a duré aussi long, nous avons réussi à emmagasiner beaucoup d’histoire, des savoirs sur comment produire la vie dans des situations dont on pense qu’elles sont invivables. Hors, l’expérience des extrêmes c’est l’âge dans lequel entre notre planète, toutes régions confondues. Du coup l’Afrique devient très intéressante à l’ère de l’anthropocène. C’est ce qui la rend absolument “excitante”.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire