Adanggaman

De Roger Gnoan Mbala

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En 1983, un film montré en ouverture ouvrait une vive controverse : Le Courage des autres, du Français Christian Richard qui était enseignant à l’Institut Africain d’Etudes Cinématographiques (INAFEC) de Ouagadougou, avec Sotigui Kouyaté. Il montrait une révolte d’esclaves, mais aussi l’esclavage des Noirs par les Noirs. Mbala s’attaque à nouveau à ce sujet encore tabou, croyant au nécessaire travail de deuil qui consiste à regarder en face l’Histoire africaine. Il le fait par la fiction, greffant sur la reconstitution historique une idylle amoureuse entre une amazone meurtrière et un esclave.
Le film s’impose avant tout par la qualité de sa caméra, sous la houlette du chef opérateur noir algérien Mohamed Soudani. Cette caméra mouvante qui cerne les corps au plus près mais dans le plus grand respect sert magnifiquement le sujet. Elle sait aussi utiliser les paysages sans jamais être décorative. Elle fait vibrer et résonner l’histoire.
De cette histoire particulière surgit par les interrogations posées et le personnage du vieux sage Sory l’Histoire avec un grand H, le temps de la traite, sa durée sur quatre siècles, la terrible mutilation qu’elle représente pour l’Afrique. « Quand échapperons-nous à notre passé ? » demande Mbala. S’il risque l’idylle d’un moment, le film ne se termine pas en happy end : « tu es esclave, tu le resteras ». Et avec la mer à plein écran, s’inscrit le destin tragique des personnages principaux.

///Article N° : 2428

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