Arctivism 30 à Ouidah : marcher dans les pas de Cheick Anta Diop

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Arctivism, imaginé et co-organisé par l’artiste Elom20ce depuis 2009, c’est le mariage de l’art et de l’activisme. A chaque opus, dans différentes villes africaines, ce rendez-vous culturel met en avant une personnalité phare qui a marqué le continent noir au travers d’un film-documentaire, suivi d’un échange et d’un concert riche en arts (graffiti, danse, hip-hop, slam, etc). La 30e session s’est déroulée, sur une journée, à Ouidah au Bénin. L’intellectuel sénégalais Cheick Anta Diop (1923-1986) était à l’honneur. Reportage de Christelle Mensah.  

« Il faut apprendre à apprendre, apprendre à entreprendre, et apprendre à vivre ensemble ». C’est en ces termes puissants que le professeur béninois Honorat Aguessy, dit « le Baobab », hôte d’Arctivism 30 à Ouidah, a marqué de son emprunte cette 30e édition de l’évènement. Il est 19h30. Il fait nuit noir sur cette ville côtière béninoise, à une quarantaine de kilomètres de la capitale. Le public est silencieux et attentif. Puis l’éclairage jaillit, après la projection du film Kemtiyu, Cheikh Anta , de Ousmane William Mbaye, sorti en 2016. Le directeur et fondateur de l’Institut de Développement et d’Echanges Endogènes (IDEE), centre de recherches scientifiques, d’échanges civiques et de promotion de la culture africaine ouvre la séance de ce samedi 31 mars 2018. L’homme en impose. Il possède un CV long comme deux bras. Ancien chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique à Paris, ancien directeur de la recherche scientifique et technique au Bénin, ancien directeur du programme UNESCO pour l’Afrique d’enseignement supérieur et de formation des personnels de l’éducation, Doyen honoraire et fondateur de la faculté des lettres, arts et sciences humaines, fondateur et directeur du laboratoire de sociologie, anthropologie et d’études africaines, président de la commission nationale indépendante de mise en oeuvre du MAEP (African Peer Review Mechanisme)…

Les professeurs panafricains

Pourtant, ce que nous retenons surtout de l’homme, c’est sa vigueur d’esprit, à bientôt 85 saisons sèches, et le fait qu’il ait été le directeur de thèse de Cheikh Anta Diop. Le sénégalais Cheikh Anta Diop, est la figure à l’honneur de cette nouvelle édition. Scientifique, écrivain, un chercheur mais également, et on le sait moins, un homme politique. « Au Sénégal, avec son parti politique, il s’est opposé farouchement à Senghor, qui était alors président du pays. Son combat intellectuel a irrigué le Sénégal et le monde et sa sincérité a fait qu’il n’a jamais voulu accepter un strapontin que Senghor a essayé de lui donner maintes fois. Il voulait avant tout émanciper l’africain à tout prix », rappelle Magatte Mbengue, professeur d’anglais et de wolof, et l’un des trois intervenants de la conférence de ce soir.

« A 12 ans, Cheikh Anta Diop a mis au point un alphabet pour retranscrire certains sons du wolof. Cela lui a permis de faire la jonction avec d’autres langues africaines, dans un souci d’enracinement dans sa langue et de clarté. Avec cela, il a traduit des termes mathématiques et chimiques en wolof pour une meilleure pertinence», ajoute Magatte Mbengue. Sans conteste, la figure choisie pour cette 30e édition est illustre à plus d’un titre et mérite d’être davantage connue, notamment de la jeunesse africaine. Cela tombe bien, la salle est pleine de jeunes gens venus du Ghana, du Nigéria, du Togo et du Bénin pour l’occasion. Ils nous parlent de leur ressenti au sortir du film et du débat sur Cheikh Anta Diop. « Je le connaissais de mes études mais je ne connaissais pas le côté activiste de l’homme, cela m’a beaucoup intéressé » explique Paul. « Je travaille sur les langues africaines donc c’était impératif pour moi de travailler sur cet Arctivism et de venir échanger avec nos frères et sœurs panafricains », nous dit Momo Kankua, co-organisateur et slameur. « Il y a beaucoup de choses que je ne connaissais pas de Cheikh Anta Diop et que j’ai apprise au cours de cet Arctivism, mais ce qui m’a le plus marqué est sa rigueur dans le travail » nous confie également Elom20ce.

Une visite historique sur la route des esclaves

Un peu plus tôt, dans la journée, les participants ont marché sur les traces du passé esclavagiste de la ville de Ouidah. La connaissance de l’histoire du continent est la pierre angulaire des journées Arctivism. C’est de cette côte béninoise qu’étaient embarqués des milliers d’Africains mis en esclavage, sur des bateaux négriers en partage vers les Amériques. Après avoir passé du temps au musée historique de la ville, abrité dans ce qui était, à l’époque, un fort appartenant aux colons portugais, les « arctivistes » prenne la direction de la route empruntée par les captifs, durant 4 kilomètres, ponctuée de six étapes : le marché des esclaves, l’arbre de l’oubli, la case noire (ou zomaï), la fosse commune, l’arbre du retour et la Porte du non-retour.

C’est sur la plage, face à l’Atlantique, [Lire la suite du reportage sur www.selomcrys.com/]

 

Par ailleurs, en complément des journées Arctivism, lisez le magazine en ligne Asfrafozine 25, à télécharger ici: http://www.mediafire.com/…/Asrafozine+25+-Cheikh+Anta+Diop.…

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