Asimba Bathy :  » Je voudrais écrire la nouvelle histoire de la bande dessinée congolaise avec des lettres majuscules « 

Entretien d'Alain Brezault avec Asimba Bathy

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Asimba Bathy est coordinateur de l’Association BD Kin Label et directeur de la publication Kin Label

Comment est née l’Association  » BD Kin Label  » ?
En avril 2007, nous recevions à Kinshasa une commande de la Croix-Rouge de Belgique pour la réalisation d’une bande dessinée collective sur le thème de la migration. À cette occasion, dans le cadre de sa mise en œuvre, sous la coordination de Catherine Stubbe, responsable du projet et déléguée sur place pour en assurer le suivi, ont été organisés à l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa deux ateliers pratiques : l’un sur la scénarisation et le découpage technique d’une BD, encadré par l’écrivain-scénariste Alain Brezault ; l’autre sur la présentation graphique des vignettes et des planches avec la finalisation du découpage, l’encrage et la mise en couleur, fut encadré par Éric Warnauts, un grand professionnel de la BD belge. Une douzaine des bédéistes congolais de Kinshasa prirent part à ces ateliers. Ce fut l’occasion, pour moi, de découvrir de nouveaux visages, sinon de nouveaux talents dans la bande dessinée.
De l’ambiance conviviale qui s’est vite créée, il s’est dégagé un dynamisme qu’il fallait consolider à tout prix. C’est ainsi que j’ai essayé de convaincre ces collègues de l’opportunité de rester ensemble pour évoluer dans la même direction, au nom de la bande dessinée, cet art que nous pratiquons avec beaucoup de cœur et d’amour.
Je dois souligner que la plupart des membres ont consenti à liquéfier leurs groupes respectifs pour tenter l’expérience BD Kin Label.
Qui fait déjà partie de cette association ?
Actuellement, BD Kin Label compte près de 25 membres dont des bédéistes des provinces. 16 d’entre eux – dont un, Hallain Paluku, qui fait partie de la diaspora congolaise en Belgique – ont vu leurs planches publiées dans les huit premiers numéros de notre magazine, en moins d’une année et demie. D’autres encore arrivent et la programmation continue…
Comment de nouveaux dessinateurs congolais peuvent-ils y adhérer ?
BD Kin Label
se veut aussi une plate-forme de discussion et de réflexion, en dehors d’être en même temps un centre de formation, d’encadrement et de mise à niveau dans le domaine du dessin en général, pour l’éclosion de la bande dessinée congolaise. Ainsi, ses portes sont ouvertes, largement, à tous les bédéistes qui croient en leur art et qui veulent en faire un métier.
En tant que Coordinateur de l’Association et directeur de la revue  » Kin Label « , quels sont les objectifs visés pour les prochaines années ?
Je suis ambitieux et je vois grand. TRÈS grand. Je voudrais écrire la nouvelle histoire de la bande dessinée congolaise avec des lettres majuscules !…
BD Kin Label a-t-elle des partenaires ? Lesquels et à quel titre ?
La première main tendue, sinon le premier secours est arrivé naturellement de la Croix-Rouge, relevée aussitôt par  » Africalia  » qui nous permet de tenir tant bien que mal la route actuellement et d’asseoir un certain nombre des stratégies, et aussi  » AfriBD  » qui nous conforte dans nos convictions.
Quelles sont, à votre avis, les raisons du nombre impressionnant de Bédéistes et de caricaturistes de presse en RDC, et particulièrement à Kinshasa Comment font-ils pour survivre dans un contexte économique peu propice à l’exercice de leur métier ?
La folie… C’est ça la seule motivation. Dans un environnement où tous, bédéastes comme caricaturistes de presse, sont des artistes autodidactes dans leur discipline, par l’absence d’une école spécialisée pour une formation spécifique. C’est un engagement suicidaire dans le sens où il n’y a pas de débouchées. Sinon l’espoir, comme tremplin. Qui fait vivre, en attendant de voir un jour se réaliser son rêve. Celui d’être reconnu, de faire aussi comme les autres. Notamment ceux de l’Occident, du Japon, etc. La fureur de vivre de son art, envers et contre tout.
Cette folie, je la trouve positive, puisque j’y suis dedans moi-même. Et c’est ça qui constitue le soubassement de ce que je considère comme un fardeau légitime que je porte sans marmonner : mener la bande dessinée congolaise haut, très haut. Vers ses lettres de noblesse ! Parce que les jeunes y croient, viennent vers nous. Il faut faire leur lit. Pour qu’ils s’y sentent à l’aise…
Ce qui pousse, motive, c’est aussi et surtout le besoin de s’exprimer qui se manifeste chez tous ces  » self-made-men and women  » qui sont de vrais génies.
Comment êtes-vous parvenu à convaincre les  » grands anciens  » de la BD congolaise, dont certains avaient fait les beaux jours de la mythique revue Jeunes pour jeunes, à reprendre leurs crayons pour dessiner dans Kin Label ?
De Boyau à Ekunde, en passant par Lepas, Djemba (un ami d’enfance et condisciple), Mfumu’Eto, Cap et même Mongo Sissé (à quelque deux semaines de son décès), tous ont eu la même phrase :  » Si c’était une autre personne que toi, je n’allais pas accepter « . Le moins que je puisse dire à propos de cette marque de confiance et de cet enthousiasme si spontané et sincère, est qu’ils connaissent mon combat de longue date.
C’est leur façon de me soutenir en participant à l’aventure. Autant il y a des mains, autant il y aura moyen de faire de notre métier une réalité. Pour le bien de tous.
Quels sont vos projets artistiques personnels, parallèlement à vos tâches de coordinateur de l’Association et de directeur de la revue ?
En dehors de BD Kin Label, je m’occupe de moi. À l’heure actuelle, je suis presque à la fin de l’écriture d’un roman basé sur une histoire réelle que j’ai vécue dans mon enfance. En dehors de cela, j’envisage sérieusement d’entamer les crayonnés de mon premier album BD en solo.

entretien réalisé via le Net, le 7 septembre 2009///Article N° : 9196

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