Au nom de mon père

De Dieudonné Ngangura Mweze

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Figure d’immigré, Paul Musuamba est extrême mais incarne jusqu’à la folie la contradiction inhérente à la perte des racines. « Les fruits de l’exil sont amers », rappelle le réalisateur dans ses rares incursions en voix-over. Ici, l’amertume a un nom : la peur de se perdre. Ce n’est pas seulement d’une perte des valeurs acquises durant l’enfance qu’il s’agit mais d’une perte de soi : il s’accroche désespérément et sans nuances aux préceptes de son père, refusant de changer à la faveur de son nouvel environnement, inconscient aussi que l’Afrique change elle-même et que son refus de l’intégration ne le préserve pas d’un décalage de retour dans son pays.*
Plutôt que de lui appliquer la distance et le mépris d’un jugement, Mweze approche Paul le plus humainement possible, lui laissant souvent la parole, le filmant en situation de travail où il fait merveille comme infirmier auprès des personnes âgées. C’est ce respect qui donne sa force au film : Paul n’est plus un cas mais un potentiel en chacun, sa folie est le danger qui guette lorsque l’émigration n’est vécue que comme un transit dont il faudrait se préserver.

///Article N° : 2649

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