La BD burundaise : comment produire en état de crise permanente ?

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Christophe Cassiau-Haurie, spécialiste de la bande dessinée africain et direction de la collection BD des Editions l’Harmattan retrace dans ce document fouillé  l’histoire de la bande dessinée Burundaise. Avec un constat relativement amer : en dehors d’individualités, on ne peut parler d’un véritable milieu d’auteurs de bandes dessinées au Burundi.

L’histoire de la bande dessinée burundaise commence dans les années 1980.

Un artiste Congolais installé au pays, Albert Ilunga Kayes (né en 1959) publie plusieurs albums de sensibilisation de bonne facture : « G » et anti Gatarina (1983) et SIDA ? Il est bel et bien dans nos murs !!! (une version en kirundi existe : SIDA ? Nta mpari yarashitse) qui sort en 1990 et qui a été scénarisé par Tharcisse Nzigamasabo. Dans le même temps, avec un autre scénariste burundais, Simon Kururu (né en 1951), il publie en 1989 et 1990 les deux tomes des aventures de Musa : La coupe (1989) et Le certificat. Ces deux albums, magnifiquement dessinés, sont édités par la fondation Burundaise pour la promotion de la santé et la solidarité avec les malades avec l’appui financier de la Sabena (compagnie aérienne belge disparue en 2002), de l’Unicef et du Rotary club de Bujumbura. Malgré la qualité graphique des deux derniers titres, ces productions sont des albums didactiques. En 1995, Albert Ilunga Kayes quitte le Burundi et part s’installer dans son pays d’origine, à Lubumbashi où il sortira d’autres albums dans le cadre du mouvement Debout Congolais !

Simon Kururu est resté dans son pays et a continué une carrière de journaliste, d’auteur de nouvelles et de documentariste de films documentaires. En 2009, ils publient ensemble dans le cadre d’une maison d’édition fondée par Kururu, Les éditions Gla (Great lacs advertisers), une bande dessinée sur la situation des albinos au Burundi : SOS albinos. Entièrement en couleurs (une première dans le pays), ce mini-album revient sur la chasse qui a affecté les albinos dans le pays, victimes d’une rumeur  affirmant que leurs organes pouvaient être achetés en Tanzanie 600 millions de francs burundais[1]. Aujourd’hui, Simon Kururu est président du COPRODAC (Collectif des productions audiovisuelles).

En dehors de Ilunga Kayes, le seul auteur reconnu est Joseph Désiré Nduwimana, présent dans Matite africane, une anthologie de la BD africaine publiée par Africa é Méditerranée en 2002 avec une planche inédite, Sahabo.  Nduwimana compte à son actif plusieurs albums de commande. Parmi ceux-ci, on compte en 2000, La paroisse Saint Michel en kirundi et Kagabo en français. Il a également dessiné en 2007, Non à la violence (avec une version en kirundi, Turiyamirije ubugizi bwa nabi !) pour la Direction du développement et de la coopération Suisse[2] ainsi que Œil pour Œil Oui ou non pour l’A.S.B.L. Jamaa (en kirundi : Intibagira ntibana). En 2003, il sort Et pourtant c’est possible ! … Une lumière dans les ténèbres, financé par le projet CELEC, de la coopération française et résultat d’un atelier d’écriture avec les élèves du lycée du Saint-Esprit et de Kamenge (Bujumbura). L’album revient sur l’histoire de Marguerite Barankitse, une burundaise qui a créé la maison Shalom en plein cœur de la guerre civile de 1993 permettant de sauver des dizaines d’enfants et de femmes de toutes origines ethniques[3]. Enfin, en 2002, sort son unique album privé, Exode ou la fabuleuse aventure de deux enfants Burundais. Scénarisé par un français, installé au Burundi et travaillant pour l’ONG Search for common ground, Stéphane Mora, et financé par ce dernier, l’album ne sort qu’en un petit nombre d’exemplaires. Enregistré à la société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) en 2003 en France, il est le premier issu d’une initiative privée à émerger dans le pays. Inspiré par le livre Histoire du Burundi (paru chez Hatier) mais aussi par un ensemble de contes et légendes locales, entièrement en couleurs, Exode est un ouvrage de bonne facture. Depuis 2012, Nduwimana dessine dans chaque numéro de Club infos, un bimestriel d’informations de l’hôtel club du Lac Tanganyika, deux planches en couleurs mettant en scène différents personnages existant réellement[4]. Mais si Nduwimana a un réel penchant pour la bande dessinée, il gagne essentiellement sa vie avec des travaux publicitaires ou des illustrations.

Quid d’ailleurs des productions de commande au Burundi ?  La série, pour exemple, Les aventures de Kami et Kunda compte six albums publiés entre 1999 et 2001. Le premier (Le voyage) traitait de l’environnement, suivit Dr Bakame (ou Muganga Bakame) sur le sida, pique-pic sur le paludisme et Le roi des sportif sur le tabac. Deux de ces titres sont en double version kirundi/français. Un autre album, hors-série, sera également édité : Le meilleur choix (Ihitamwo ry’agakura), sur la paix et la réconciliation dans les deux langues. La totalité de ces titres a été dessinée (et en partie scénarisé) par un belge installé sur place, A. Vanhoyweghen. Réalisée par l’ONG Sodeve (Solidarité et développement), et financée par des bailleurs de fonds différents pour chaque titre, soutenu également par le Centre jeunes Kamenge, cette série d’albums sera diffusée à plusieurs milliers d’exemplaires à travers le pays. Elle est encore réimprimée de temps à autres. Après la mort du principal dessinateur, Sodeve continuera de produire régulièrement des titres, faisant appel à de jeunes dessinateurs débutants. Suivront La colline du sage (2004), Ligala’s une histoire de drogue (2005), Une histoire vraie (2009) sur l’alcool, Démocratie chemin difficile vers la liberté (2013), ces trois derniers titres en double version kirundi/français, et enfin Non… Non… Non sur la violence familiale. On retrouve plusieurs jeunes auteurs dans ces publications : Goldfirst Niyonkuru, Ivan Ngendakumana, Dieudonné Kivuto, Jean Marie Kassende, Patrick Amédée Kanyamuneza…. Mais malheureusement, leur faible niveau en dessins, l’absence d’encadrement crédible dans le scénario et le découpage, la pauvreté de l’édition font de ces albums de commande des œuvres d’un faible niveau.

En matière de soutien à la bande dessinée, peu de choses sont faites dans le pays. En octobre 2008, l’Institut Français de Bujumbura (à l’époque CCF) a organisé un atelier de formation à la BD encadré par le français Troub’s. Y participèrent Ajax Nzeyimana (né en 1981), Boniface Muvunyi (1986), Clovis Mwilambwe Ngoy (1989), Sengele Sampayi (né en 1977, d’origine Congolaise) et Ferréol Sinarinzi (1978).Une brochure, joliment illustré, sera éditée par le CCF suite à cette rencontre : Capitale BD, avec des dessins et illustrations de Troub’s et des planches des cinq jeunes artistes.

Seuls deux d’entre eux ont continué l’expérience. Ajax Nzeyimana continue de travailler pour différentes ONG et produire des BD, supports à des actions de communication. C’est le cas pour RCN Justice et démocratie, pour laquelle il publie des mini-albums juridiques, mais également d’autres brochures en kirundi qu’il a dessinées pour StylemaQ Services et qui traitent d’épargne et de micro-financement. Clovis Ngoy Mwilambwe (son nom Congolais lui vient de son père) est devenu peintre mais continue de temps à autres à publier ou exposer des planches. À l’étranger, Jean Damascène Ndagijimana, étudiant à l’ISDR de Bukavu en 1995, a dessiné dans la revue Salam, une série mettant en scène un jeune héros nommé Amani. Cette série sera reprise par la suite par Jason Kibiswa (à compter du numéro 20) puis Séraphin Kajibwami et constitue l’une des plus anciennes du pays.

Enfin, le pays accueille d’autres dessinateurs de BD comme le rwandais Maurice Nkundimana ou, bien longtemps avant, le nigérien Alassane Aguelasse. Nkundimana a particulièrement été actif dans la BD dans son pays d’origine. Il y a produit des séries dans le journal Kinyamateka  sur la problématique de la santé (2008) ainsi qu’un album intitulé Ibanga rya Matabaro (Le secret de Matabaro) en 2009. Présent au Burundi depuis 2010, il travaille comme infographiste pour le Festival International du Cinéma et de l’Audiovisuel du Burundi (FESTICAB) et a réalisé un film sur la problématique de la circulation routier et la protection de l’environnement dans la ville de Bujumbura : Ma ville.

La vitalité de la bande dessinée burundaise malgré les crises politiques profondes est bien réelle. La décision du président Pierre Nkurunziza de se représenter pour un 3ème mandat en 2015 a ouvert une crise politique importante dans le pays. De nombreuses manifestations ayant entrainé plusieurs dizaines de morts auxquels s’est rajouté un coup d’état militaire ont rendu le pays très instable et de nombreuses condamnations de la communauté internationale. Ce genre de situation devrait normalement être un frein à la création artistique et/ou littéraire. Or, comme il a déjà été souvent constaté dans bien d’autres cas (la RDC en est un exemple frappant), c’est le contraire qui s’est passé au Burundi. Du fait du bilan mitigé de la situation antérieure à 2013, on pouvait légitimement penser que les quatre années suivantes, très troublées, allaient entrainer une quasi-disparition de la BD burundaise. Les deux derniers concours organisés sur le continent ont permis d’infirmer cette prévision. En effet, le concours Croque ton histoire organisé dans toute l’Afrique en 2017[5] par Drawing the times (Pays-Bas) a compté deux lauréats Burundais parmi les cinq finalistes : Alif (Mention spéciale du jury avec Fier de toi, journaliste Burundais) et Illustra comics (1er prix avec Fier de toi… Maman Augustin Tarpon)[6]. Plus tard en décembre de cette même année, Patrick Kaluta, jeune dessinateur Congolais installé à Bujumbura, remportera le 3ème prix au concours Regards croisés de la francophonie, organisé par l’OIF[7]. D’autres publications soutenues par des ONG ont également été publiés entre temps. C’est par exemple le cas de Kaneza et Kagabo sous l’ombre du caféier, édité par l’ONG canadienne Développement et paix dans le cadre de la série L’Afrique en image. Cette histoire de 20 planches raconte la naissance d’un mouvement associatif dans le milieu des caféiers[8]. Elle a été dessinée par Ilunga Albert Kaye, autre artiste Congolais déjà cité plus haut. On peut également citer La marche des véritéS (une version existe également en kirundi : Inzara igara Ukuri) par Anne-Aël Pohu et Selim Jawad, publié en 2014 par l’ONG RCN justice et démocratie.

Aujourd’hui, l’essentiel de la production passe par les journaux publiés localement. Le journal Iwacu, journal indépendant, actif depuis 2009, fait appel à des auteurs de Bd depuis 2011 – 2012.Si les premières productions ont surtout été des dessins de presse (en particulier par Ajax Nzeyimana), on peut constater depuis environ deux ans la publication régulière de strips et planches de BD. De la part de Nzeyimana au départ, puis de Floribert Nisabwe et de Patrick Kaluta[9]. Ce dernier y a publié une série de strips durant toute l’année 2015, série intitulée Bruce et Nina[10]. Mais depuis quelques années, Iwacu ne publie plus de BD.

Le journal Jimbéré, soutenu par les Etats-Unis, est un magazine très attractif, en couleur, au contenu très innovant. Il publie également de la bande dessinée dans ses pages intérieures. Floribert Nisabwe et Ajax Nzeyimana y travaillent (Ajax est même l’un des membres fondateurs de l’association des éditeurs du magazine) et produisent les planches de la série La vie selon Hatali (dess. de Nzeyimana, scèn. de Floribert Nisabwe et Armel Uwikunze).

Cette apparition de la bande dessinée dans des organes de presse du pays a donné des idées à ces auteurs. C’est le cas du dynamique Patrick Kaluta qui a publié en 2015 deux histoires numériques sur le site Diapo-BD : Les racines de la paix et Tijo 1, La porte de l’infini, deux ans après avoir publié Les chiens sorciers aux éditions Kivu safari. Il y a d’autres initiatives comme celle de Slim Petrelli qui, en 2016, traite des amours impossibles entre une européenne et un SDF Burundais dans La triste aventure d’un SDF (publié à compte d’auteurs).Enfin, Joseph Désiré Nduwimana a dessiné un album financé par l’hôtel club du lac Tanganyika (pour lequel – on l’a vu – il publiait déjà des planches de BD dans le magazine bimestriel) et dont le manager (Alfredo Frojo) est le scénariste : Les sottises de club. En 2018, deux albums sont successivement édités par l’association Cartoons in action team-ICIRORE : Le lac aux oiseaux, album naturaliste, et Les enfants de l’ombre (sur la situation difficile que vivent les albinos), œuvres de trois jeunes auteurs : Slim Petrelli, Gentil Muganga et Jigas Zadig. En parallèle, certains dessinateurs précédemment cités (Alif, Ajax) se sont engagés dans un collectif de blogueurs très dynamiques intitulé Yaga[11] et sur le site duquel ils commentent par écrit ou en dessins l’actualité du pays.

Le constat reste cependant amer. En dehors d’individualités, on ne peut parler d’un véritable milieu d’auteurs de bandes dessinées au Burundi. Du moins pas au sens où l’entend habituellement. Les quelques auteurs font ce qu’ils peuvent mais leur production est essentiellement didactique et l’impact quasi nul. Ce constat négatif n’est en rien dû au hasard. Bien sûr, on peut évoquer les obstacles traditionnels à la diffusion du livre que sont le faible pouvoir d’achat et le fort taux d’analphabétisme dans ce petit pays (27 830 Km2) de 8 millions d’habitants. Il est également important de signaler qu’en dehors des troubles générés par la décision de son président de faire un 3ème mandat, ce pays se relève à peine d’une guerre civile de plusieurs années qui a déstructuré en grande partie la société Burundaise et son économie. À ceci vient se greffer des problèmes plus particulièrement liés au circuit du livre au Burundi. En effet, le tissu éditorial est particulièrement fragile, le pays ne comptant quasiment aucun éditeur[12]. On peut citer le B.E.R (Bureau d’éducation rurale), traditionnellement chargée de la gestion et de la conception de l’éducation scolaire, qui a sa propre imprimerie ainsi que la direction générale des publications de presse Burundaise, structure dormante de nos jours. On peut y rajouter des imprimeries dominées par les missions chrétiennes. C’est le cas, en particulier, des presses Lavigerie (créées en 1948) qui éditent des brochures en Kirundi à des fins d’évangélisation. Le nombre de librairies est également quasi-inexistant, à l’exception des librairies évangéliques et Saint Paul, dont les objectifs sont essentiellement religieux[13]. Cette situation explique d’ailleurs pourquoi, selon les statistiques du S.N.E (Syndicat National de l’édition – France), le Burundi importe très peu de livres. Du côté des créateurs, l’absence de formations adaptées à l’illustration et à la bande dessinée à l’école des beaux-arts de Gitega (2ème ville du pays) est un frein supplémentaire au développement de métier lié à ces activités. Alors qu’il existe un réel besoin né de la présence des ONG et autres projets de développement, la plupart des illustrateurs du pays se sont formés sur le tas. Enfin, la démocratisation récente de la presse (le nombre de quotidiens est encore faible), avec son corollaire habituel que sont le dessin de presse et la caricature, n’avait pas encore permis de faire surgir un vivier de dessinateurs susceptibles de faire connaître leur univers graphique. Ce manque n’existe d’ailleurs pas uniquement dans le domaine de la production mais également sur le plan de la conservation puisque la Bibliothèque Nationale et le dépôt légal n’existent quasiment que sur le papier et n’ont pas encore d’existence réelle[14].

Il ne peut y avoir de miracles, l’existence d’une réelle production de BD dans un pays est, sauf exception, le résultat d’un contexte favorable au développement du livre et aux arts graphiques en général. Tout cela n’existe pas encore au Burundi.

Le Burundi, illustration de tendances africaines

Cependant, loin d’avoir une production d’albums de bandes dessinées fondée sur un réseau d’éditeurs indépendants, le bilan burundais illustre deux phénomènes que l’on retrouve particulièrement en Afrique :

Tout d’abord, l’attraction de la bande dessinée comme vecteur de communication didactique sur le continent. Même si ce type de production – dite de sensibilisation ou de commande – est rarement une réussite artistique, elle permet au moins à ces auteurs de vivre de leur travail et de se montrer. C’est malheureusement d’autant plus vrai dans des pays troublés et pauvres comme le Burundi où il y a beaucoup de sujets à aborder. On peut aussi y voir la grande porosité qui existe en Afrique entre auteurs de BD et dessinateurs de presse. En effet, en Afrique, le statut d’auteur de BD est rare, il se partage avec bien d’autres activités qui vont de la caricature à la peinture en passant par la publicité, la réalisation de portraits ou d’illustrations de couvertures ou de livres pour enfants. Le Burundi n’est qu’un exemple de plus de cette situation. Selon l’angle de vues, on peut parler à ce sujet de nécessités ou de débrouille, on peut aussi parler d’un foisonnement de talents. Mais dans tous les cas, c’est admirable !

Christophe Cassiau-Haurie

[1] A la date du 31 octobre 2013, 1 euro valait 2100 francs burundais.
[2] Un CD est sorti en même temps que l’album.
[3] La BD était inspiré du livre de Christel Martin, La haine n’aura pas le dernier mot.
[4] Nduwimana a également illustré en 2000, Bonheurs francophones, un recueil de nouvelles édité par le Service de Coopération de l’Ambassade de France.
[5] https://croquetonhistoire.com/
[6] Ces deux artistes ont choisi de prendre un nom d’emprunt du fait des sujets qu’ils abordent à l’occasion de ce concours.
[7] Organisation Internationale de la Francophonie
[8]https://www.devp.org/sites/www.devp.org/files/documents/materials/devpaix_bande_dessinee_burundi.pdf
[9] Son site est sur http://patrickkalutakalpone.e-monsite.com/
[10] Il est possible de voir un petit clip de présentation de cette série par l’auteur sur https://www.youtube.com/watch?v=sIWVnYa-arU
[11] Cf. https://www.yaga-burundi.com/
[12] Lors d’un séminaire tenu en avril 2011 à Rujumbura et organisé par l’association Sembura ferment littéraire, un projet de création d’une maison d’édition (Soma Editions) était avancé par Luc Germain. Ce projet n’a pas encore abouti à ce jour.
[13] La librairie Saint Paul, bien moins fournie que celle de Kinshasa, propose cependant sur ses rayons quelques ouvrages universitaires et romans.
[14] C’est la raison pour laquelle, il est très difficile de savoir si d’éventuels albums ont été publiés en dehors de ceux référencés.

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