Bones

De Ernest Dickerson

On reste sur sa faim
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Prenez une star de la Blaxploitation, ou plutôt LA star, Pam Grier, dont la popularité mythique devrait remplir les salles, confiez la réalisation à Ernest Dickerson qui se trouve être un des chefs opérateurs les plus talentueux d’Hollywood (il a signé la photo des cinq premiers films de Spike Lee); ajoutez Snoop Doggy Dogg dans le rôle principal, ce qui ne va sans doute pas permettre une nomination aux oscars mais devrait assurer une bande originale hautement vendable, assaisonnez d’une histoire de jeunes blacks qui cherchent à s’en sortir par le travail et la persévérance, ajoutez une pincée d’effets spéciaux options grosse frayeur, et vous avez le tout dernier kit du film hollywoodien du week-end d’Halloween qui devrait réjouir les amateurs de frissons âgés de 7 à 77 ans. Mais à la moindre erreur de dosage il ne reste plus que la formule indigeste du film d’horreur prévisible qui ne fait pas bien peur.
Pour résumer, quelques bacheliers désoeuvrés décident de s’en mettre plein les poches en ouvrant une boîte de nuit black et branchée au coeur du quartier décrépit que leurs parents ont quitté. Faisant fit des multiples mises en garde concernant leur achat immobilier, ils s’attellent à la remise en état de la maison abandonnée. C’est la grosse peur puis la bonne blague chaque fois que l’esprit de Jimmy Bones, l’ancien propriétaire des lieux, manifeste sa présence. On voudrait rire avec eux, et plus le film avance, plus on aimerait simplement pouvoir partager leur peur. Le film se perd dans une série d’actes de vengeance perpétrés par Bones, ou par le chien (dog-g en anglais…) en lequel il se réincarne la nuit. Grâce à quelques flashbacks, on apprend que Bones était en fait un druglord assassinés par ses partenaires (et amis) parce qu’il refusait de participer à la vente de crack dans son quartier. Cette drogue allait en effet ravager la communauté. Quelques décénnies plus tard, alors que son squelette croupit au grenier, son âme est en quête de justice. Malheureusement, la généreuse philosophie de ce caïd au grand coeur a ses failles, et c’est sans scrupule qu’il attaque et déchiquette un certain nombre de figurants sur son passage, laissant derrière lui d’épaisses flaques d’un sang dont on accomoderait bien ses spaghettis, donnant à ce film d’horreur un aspect parfaitement unique.
Bones est un pur produit marketing dont on repère vite le maillon faible. C’est comme si ces acteurs de la blaxploitation cherchaient à initier les petits nouveaux à l’art de la série B, sans grand succès, Snoop Dogg étant sensé assurer le lien entre les générations.
Pour tous les fans de Pam Grier, ajoutons que le film a le mérite de donner à une actrice de 52 ans le rôle d’une femme de 30 ans – l’âge de Snoop Doggy Dogg – et elle s’en acquitte de manière parfaitement convaincante, puisqu’il lui suffit dans les flashbacks de revêtir une perruque afro et des pâtes d’F pour rajeunir de 20 ans. Ou peut-être n’a-t-elle tout simplement pas besoin de rajeunir.

Bones (2001). Réalisé par Ernest Dickerson. Avec Snoop Doggy Dogg (Jimmy Bones), Pam Grier (Pearl), Michael T. Weiss (Lupowitz), Clifton Powell (Jeremiah Peet), Khalil Kain (Patrick). Directeur de la photographie: Ernest Dickerson. Une production New Line Cinema.///Article N° : 2310

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