Caribana ou la dernière lettre de l’Amiral

De la Compagnie Ti Moun Fou

Mise en scène d'Emmanuel Plassard
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Une identité déchirée
Le talent incendiaire de Mimi Barthélémy a asséché les trombes d’eau qui s’abattaient sur Dinan en cette chaleureuse soirée du festival  » Paroles d’hiver  » dans la petite salle des Granitiers à Hinglé.
Un piano pour toute embarcation avec la musique afro-cubaine du célèbre Alfredo Rodriguez, une voile blanche de galion conquistador suspendue dans le fond du théâtre avec sa croix rouge sang, le souffle narratif de Mimi Barthélémy et son jeu qui soulèverait des montagnes… Il n’en fallut pas plus pour emporter toute la salle des Granitiers sous le soleil de la Caraïbe.
Et la cartographie du voyage dans lequel nous entraînait la conteuse, elle était toute entière sur cette toile suspendue.
Une toile où s’alignaient en filigrane des corps humains comme ceux des bateaux négriers, mais il s’agissait là de nègres blancs, de fantômes, tous décapités, tandis que la croix centrale rouge sang semblait faite en un patchwork de vêtements : chemises, chaussettes, bustiers…
Une toile suspendue comme le palimpseste de la mémoire, comme cette lettre déchirée dont Ti Moun Fou veut recoller les morceaux en reconstituant l’histoire de son île et de ses ancêtres. Et Mimi Barthélémy raconte comment Ti moun Fou est devenue Caribana, comment la fillette somnambule a appris la sérénité en allant à la rencontre de son histoire en déterrant le coffre qui enfermait la lettre déchirée de son identité. Un voyage au coeur de la mémoire tiré des récits du peintre et écrivain colombien Jonier Marin et de l’auteur martiniquais Patrick Chamoiseau, dont on revient bouleversé.

Avec Mimi Barthélémy
Alfredo Rodriguez au piano///Article N° : 1301

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