Cinéma/TV

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La magie des cinémas noirs

« Je viens d’un pays où le merveilleux n’est pas un élément savant » René Depestre Nous avions déjà été partenaires pour le dossier Acteurs noirs il y a un an. Cette année encore, en collaboration avec l’excellent Festival Racines noires (lui-même partenaire du festival du cinéma africain de Milan et du festival Black Movie à Genève), nous publions un dossier sur le thème du festival, reprenant certains articles parus dans son catalogue, y ajoutant les nôtres. Nous sommes ainsi heureux d’étendre les limites géographiques et éditoriales de ce travail essentiel, car la geste musicale au cinéma nous apparaît emblématique d’une tension…

D'Ariel Zeitoun, produit par Luc Besson

Au Fespaco, un court métrage tourné à Londres donnait le ton : Roof jumping (Femi Kolade, Nigeria) où un Noir, Henry, s’échappe régulièrement pour sauter de toit en toit et initiera finalement sa femme blanche, à la barbe des policiers qui le traitent de singe… Besson utilise dans Yamakasi cet aspect sensationnel pour faire avec une bande de fous des toits qui apprennent pour l’occasion à être acteurs un film grand public très physique. Sur les sept, trois sont d’origine africaine : le Sénégalais Malik Diouf, le Zaïrois Guylain N’Guba Boyeke, le Centrafricain Charles Perrière. Les autres sont d’origine vietnamienne,…

De King Vidor (1929)

Beauté de la musique :

Premier film sonore de King Vidor et premier vrai chef-d’œuvre du cinéma parlant, Hallelujah est un drame musical de type comédie-folklore, forme d’ode à l’Amérique profonde, entièrement interprétée par des Noirs (All Black Cast).

Entretien de Fanny Leys avec Moussa Kemoko Diakité

Dans Naïtou, pour déjouer la censure guinéenne, le drame est exprimé par le chant, la danse et la pantomime, sans dialogues parlés.

De Nabil Ayouch

Décidément, le Maroc change : on imagine mal il y a quelques années ce pays laisser un réalisateur dénoncer ainsi la misère des enfants de la rue. Mais la dénonce-t-il vraiment ? Une scène du début annonce la couleur : une reporter de la télévision demande à un jeune pourquoi il a quitté son foyer. Il répond qu’il a fui car sa mère s’apprêtait à vendre ses yeux à un étranger. La réalisatrice demande alors au cameraman de resserrer sur lui puis lance : « c’est bon : coupe ». Ce zoom n’est pas neutre : Ayouch se détache de la sociologie…

De Zakia et Ahmed Bouchaaïa

Travesti en femme un soir de bal costumé, un Français est pris pour un travesti arabe et arrêté pour être reconduit à la frontière. Il y rencontre une belle algérienne et un râleur également arabe. Le trio s’échappe et leur cavale sera riche en rebondissements. Jouant à fond la carte de l’humour et de la tendresse, le film est chaleureux mais rate malheureusement sa cible : les bonnes intentions d’appel à la tolérance se noient dans la pédagogie et la folklorisation. Répétitions et lourdeurs de mise en scène finissent par ennuyer, si bien que ce qui était une idée généreuse…

De Heidi Draper et Michael Raeburn

Nous connaissions Michael Raeburn comme réalisateur de Jit, une comédie musicale zimbabwéenne tonique et bien enlevée de 1991. Il revient ici en vidéo numérique avec sa compagne, Heidi Draper, pour une méditation sur la mémoire familiale. Un film intimiste essentiellement composé de voix-off et de natures mortes où ce couple se remémore à travers lieux, objets et réunion de famille ce que fut le drame de leurs enfances. Le drame parce qu’elles furent dures et durement vécues. Au protestantisme puritain et rigoureux de la Nouvelle Angleterre des parents d’Heidi Draper répond en un terrible écho l’Afrique coloniale de l’apartheid rhodésien…

Il n’est pas courant que la vie d’un homme soit associée à l’Histoire de son pays, voire d’un continent. Philippe Mory est ainsi un homme rare. En 1954 il participe en tant que jeune comédien au premier court métrage qui marque le début de la cinématographie officielle d’Afrique noire : Afrique sur Seine de Paulin Soumanou Vieyra. Puis, repéré par Michel Drach, il est le premier Africain à tenir un rôle principal dans un film français, On n’enterre pas le dimanche (prix Louis Delluc). En 1961, Mory écrit le scénario de La Cage qui sera réalisé par Robert Darenne, avec…

Entretien d'Imunga Ivanga avec Charles Mensah

Directeur général du Centre national de la Cinématographie

Le réalisateur Charles Mensah est aussi depuis plusieurs années le directeur général du Centre National du Cinéma gabonais, un cinéma en pleine restructuration.

La politique de restructuration du cinéma gabonais entreprise depuis le début des années 90 par le Centre National du Cinéma gabonais (CENACI) sous la houlette de Charles Mensah commence à porter ses fruits. On constate une relance de l’activité cinématographique et audiovisuelle, qui met en exergue des films explorant une thématique riche et variée : du religieux au biographique en passant par le fantastique, l’historique, le sociologique… Si le point positif est la régularité dans la production des films, il reste quelques faiblesses au niveau des ressources humaines et du financement. La question du financement pose d’abord celle de l’autofinancement.…

D'Imunga Ivanga

Pour une poignée de "Dôlè"

L’action de Dôlè se situe à Libreville, à travers le destin de cinq garçons d’une quinzaine d’années (Mougler, Baby Lee, Joker, Akson et Bézingo) que la providence a bien voulu réunir dans la vie des « matitis » (on dit aussi « mapanes »), ces quartiers de survie qu’on appelle ailleurs « bidonvilles » ou « favelas ». Ici pas de dénonciation, pas d’antagonisme attendu entre riches et pauvres : le film montre ces jeunes dans leur milieu, vivant leurs rêves, leurs désirs mais également leurs frustrations dans un espace fermé qui n’est pas sans rappeler l’univers kafkaïen. Témoins des menus larcins et des plans boiteux de la…

Un certain engouement pour la vidéo est né ces dernières années au Gabon. Le Centre National du Cinéma, avec son feuilleton populaire L’Auberge du salut, qui a connu un succès continental, et son téléfilm Orèga en 1999, en est devenu l’un des principaux animateurs. La vidéo a également permis à des indépendants de s’illustrer. Parmi eux, André Ottong qui a réussi l’exploit de réaliser deux longs métrages Sy et La Cithare sans aucune aide des pouvoirs publics ; il achève actuellement une série télévisée, La chambre des filles. Il faut également signaler le feuilleton Shanice de Patrick Bouémé. On est…

Entretien d'Imunga Ivanga avec Didier Dingalt Ping

Photographe de formation Didier Dingalt Ping a créé en 1986 à Libreville une des premières sociétés audiovisuelles privées, Star Vision, avec pour activité principale la photo et la vidéo. En 1992, il s’installe à Paris et créé avec deux amis, Claude Rosalie et Eric Roulé, SICA, une maison de production de clips vidéos, reportages et films documentaires. Depuis peu, il s’est réinstallé à Libreville.

Entretien d'Olivier Barlet avec Mohamed Camara

Cannes, mai 1997

Manga et Sorry s’aiment et bravent l’interdit homosexuel. Leurs familles arrivent à leur imposer une séparation. Manga tente une relation avec une femme blanche, mais finit par rejoindre Sorry qui s’est marié et a un enfant. Avec Dakan (la destinée, 1997, cf critique dans Africultures 18), le Guinéen Mohamed Camara a réalisé le premier film africain prenant ouvertement l’homosexualité comme thème.

Entretien de Taina Tervonen avec Barbara, travestie ivoirienne

Dans le documentaire »Woubi chéri » de Laurent Bocahut et de Philip Brooks, la travestie ivoirienne Barbara nous initie au vocabulaire des »woubis » (« celui qui fait la femme ») et des »yossis » (« celui qui reste un garçon ») qui ne ressemble que de loin aux concepts (occidentaux ?) d’homosexuel, de bisexuel et de travesti. L’homosexualité reste un sujet tabou, et rares sont ceux qui, comme Barbara, s’affichent au grand jour.

L’homosexualité en Afrique ? »Ça n’existe pas », a-t-on répondu à Laurent Bocahut et à Philip Brooks quand ils se sont mis à penser à un documentaire sur le sujet. Et pourtant, deux ans plus tard, »Woubi chéri » est diffusé sur la chaîne franco-allemande Arte, mettant en scène une foule de »woubis » et de »yossis » ivoiriens, sous la direction délurante de Barbara, une travestie qui revendique haut et fort des droits à ses »copines ». D’ailleurs, si l’homosexualité n’existe pas en Afrique, pourquoi serait-elle si réprimandée par la législation ? Inscrite dans le code pénal dans plusieurs pays africains, elle est passible d’amendes ou de peines d’emprisonnement ou de…

De Laurent Chevallier

Le Circus Baobab, c’est de l’énergie en barre et une belle histoire : celle d’un réalisateur qui rêve de filmer la tournée d’un cirque en Afrique et qui finit par y arriver. Dusse-t-il pour cela le faire exister ! Une belle histoire, d’autant plus que le film n’a pas d’histoire : reportage au quotidien, sans scénario pré-établi, il saisit des instantanés et dépend de la décision (délicate vu le prix de la pellicule) de déclencher la caméra au bon moment. Il y trouve sa spontanéité et sa véracité, mais subit aussi l’ambiguïté de l’exercice. Non seulement Laurent Chevallier a monté…

D'Abdel Kechiche

Le Tunisien Abdel Kechiche, dont c’est le premier long métrage, vient du théâtre où il a signé de nombreuses mises en scène. Est-ce pourquoi il construit son film sur une série de coups de théâtre ? C’est d’abord la fausse identité de Jalel, immigré clandestin tunisien qui se fait passer pour réfugié politique algérien pour demander le droit d’asile. C’est ensuite un mariage avorté à la dernière minute qui semblait pourtant bien parti. C’est enfin sa rencontre avec une fille perdue dans l’hôpital psychiatrique où l’a mené la dureté de la vie. A chaque fois, un monde nouveau s’ouvre à…

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