Cinéma/TV

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De Spike Lee

Bamboozled ! Un mot plein de « b » qui signifie « embobiné ». Ça se prononce comme ça s’écrit : ben-mbouzeul ! Référence à Malcolm X qui apparaît au milieu du film (ou serait-ce Denzel Washington ?) : un appel au séparatisme, ne pas se laisser embobiner par l’homme blanc… Quinze films en quinze ans, il a bien fallu que Spike Lee se salisse les mains. C’est ce que fait le très bourgeois, très propre, très accent oxfordien Pierre Delacroix dans Bamboozled. Son patron blanc, Dunwitty, refuse ses programmes dont les personnages ne sont pas assez « noirs ». Delacroix écrit donc le script le plus raciste possible, espérant un…

Douze films sur le racisme au quotidien

Alors que 63 % des Français se déclarent racistes ouvertement, cette initiative est généreuse et utile : cette série de films de l’ordre de six minutes est un événement. L’idée était d’enfer : une appel à scénarios de films courts auprès des 16-26 ans, ensuite confiés à des cinéastes confirmés (le racisme étant un sujet délicat). 500 scénarios, 60 sélectionnés et proposés aux cinéastes, une fois éliminés ceux qui étaient trop manichéens et inaboutis. Et chacun de remplir son panier, avec des résultats inégaux bien sûr, comme dans tout ouvrage collectif, mais d’une grande qualité générale. Cela commence par une…

De Philippe Faucon

Samia étouffe comme ses sœurs sous le poids des interdits de sa famille algérienne. Le grand frère se fait le relais caricatural des peurs des parents pour transformer en prison l’appartement de la périphérie de Marseille : « C’est pas l’Amérique ici, à la maison tu es au bled ! » A sa violence verbale et physique répond celle du racisme quotidien signalé par les violences policières. Samia comprend vite du haut de ses quinze ans qu’elle doit ne laisser personne décider de sa vie. Chronique quasi documentaire adaptée du récit de Soraya Nini « Ils disent que je suis une beurette » (Fixot),…

S’ils restent encore marginaux, les réalisateurs et acteurs afro-brésiliens continuent de marquer le cinéma brésilien et témoignent d’un monde à part. Derniers rebondissements.

Entretien de Cristina Duarte Simoes avec Carlos Diegues

Octobre 1996

Carlos Diegues est l’un des metteurs en scène les plus importants du cinéma brésilien. Il a réalisé trois films* sur l’esclavage au Brésil : un ensemble cinématographique cohérent et riche, où le personnage de l’esclave est la figure centrale.

Entretien de Sylvie Chalaye avec Ruth de Souza

Rio de Janeiro, février 1999

Quel est votre itinéraire dans le cinéma brésilien ? Depuis toute petite, j’ai toujours été passionnée par le cinéma. Je me souviens de la joie que j’ai eu lorsque j’ai vu pour la première fois un film avec Grande Otelo – O Moleque Tiao. Puis, j’ai vu le film Aves Sem Ninho de Raul Julian ; une jeune Noire y jouait un rôle très fort et dramatique. Plus tard, après avoir fondé le Théatre Experimental du Noir, j’ai joué dans Somos Todos Irmaos, une production Atlantida, avec Grande Otelo et Aguinaldo Camargo qui était lui aussi un comédien du T.E.N. J’ai…

D'Imunga Ivanga

« Dôlè » s’adresse clairement à un public jeune, qui vibre au Sud comme au Nord à cette chronique sans misérabilisme de cette bande des quatre des matitis, les quartiers pauvres de Libreville, qui font les 400 coups pour réaliser leurs rêves ou régler leurs problèmes. Leurs rêves ? Devenir rapeur professionnel, capitaine au long cours, boxeur etc. Leur problème ? L’argent ! Tous rêvent de devenir millionnaires grâce au Dôlè, le jeu où l’on gratte et l’on gagne si on a trois perroquets alignés. Mais Mougler doit aussi trouver de quoi acheter les médicaments nécessaires à la survie de sa mère…

Quel était ton désir pour ce film ? Mon désir était de parler de l’adolescence dans un contexte urbain, mais aussi dans le cadre de Libreville qui concentre un certain nombre de passions et de désirs. C’est à travers elle qu’on suit l’évolution du pays. Bien sûr, cette jeunesse n’est pas représentative de toute la population, mais d’une bonne partie qui vit dans des quartiers déshérités. J’ai cherché à saisir leur destin au quotidien. C’est pour cela que ce film est une chronique plutôt qu’une histoire construite autour d’une bande. Ce lien avec l’actualité te semblait important pour le premier long…

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Dôlè (l'argent), d'Imunga Ivanga




De Pascal Légitimus

Il y a deux caricatures de nègres qui reviennent régulièrement à l’écran. La première est paternaliste, la seconde exagérée. L’une est fabriquée à base d’a priori dépassés, la seconde à base de compassion déplacée. L’une est en général d’origine blanche, l’autre noire. Mais il y a pire… C’est la caricature du nègre par lui-même, sous couvert de bons sentiments. Elle tend à transformer l’imagerie populaire en construisant de nouveaux stéréotypes dits à tendance positive. C’est ce que Légitimus a réussi à faire : basculer les présupposés français sur les Antillais. Un véritable exercice de style, qui se termine malheureusement en épisode…

De Fabrice Génestal

Un western urbain pour orchestrer la vengeance des femmes… Tourné dans des cités de la banlieue parisienne, la Squale aligne les murs sans concessions : les murs de béton et les murs entre les jeunes, car le machisme et la violence dominent. De l’agression verbale à l’acte lui-même perpétré à la « tournante », le viol est permanent. Désirée, une jeune noire, se rebelle contre tout et contre tous : sa mère, l’école, les autres jeunes – ce qui ne l’empêchera pas de vouloir séduire le caïd local. Mais pour se venger de sa barbarie, elle attisera la haine des mâles entre…

De James Toback

Rich, un petit caïd new-yorkais, décide de laisser tomber ses activités illicites pour soutenir la musique rap d’un de ses amis. Autour d’eux, gravitent de jeunes Blancs fascinés par l’univers hip-hop et d’autres qui réalisent un documentaire. Un ami de Rich accepte un pot-de-vin pour perdre un match de basket, piégé par un inspecteur qui veut coincer Rich… La trame de Black and White est touffue, et passe comme un clip d’un sujet à l’autre, sorte de coktail étonnant assez bienvenu alliant improvisations et scènes plutôt thriller, mais son intérêt est dans l’étude qu’il fait de cette fascination. White boys…

De Mehdi Charef

Portrait de femme, mené de main de maître, ce film est une véritable analyse de la France moyenne – celle qui est résignée et médiocre par dépit. Marie-Line, incarnée à merveille par Muriel Robin, est un personnage entre deux eaux. Sa destinée lui échappe. Sa vie est sur un fil. Elle manque de péter un plomb à tout moment. Mais elle aime son travail, traque le bonheur à l’eau de rose et espère des lendemains meilleurs pour elle et les siens. Obsédée par le travail bien fait, elle est responsable d’une équipe de nettoyage, à qui elle mène la vie…

D'Eliane de Latour

L’anthropologue Eliane de Latour, dont c’est le premier long métrage après une série de documentaires, a longuement préparé son film sur le terrain, avec les jeunes de ces ghettos d’Abidjan qui prennent le nom de Bronx ou Barbès, et ça se voit : de la langue, le nushi des ghettos, aux comportements, tout colle et tend à donner à cette histoire purement fictionnelle de braquages, d’amitié trahie et de réconciliation un véritable intérêt sociologique. Pourtant, une gêne s’installe qui n’est pas dans le sujet mais dans son traitement cinéma, sans doute parce que le film théâtralise tant ces guerriers nommés…

De Moufida Tlatli

Les Silences du Palais avaient résonné très fort en chacun et trouvé plus de 200 000 spectateurs en France. Ce deuxième film, guidé par les doutes et les interrogations de sa propre fille devenue adolescente, développe cette réflexion autobiographique. Il est traversé de scènes magnifiques et émouvantes, comme celle de ces femmes lavant leur henné dans la mer et qui parlent de ces hommes qu’elles attendent onze mois de l’année. Eux sont à Tunis à tenir leur boutique, elles sont à Djerba à attendre ce mois de vacances, la saison des hommes… Mais leur venue ne sera que déception. « Les…

Entretien d'Olivier Barlet avec Moufida Tlatli

Cannes, mai 2000

La « Saison des hommes », c’est donc le retour des hommes de leur lieu de travail, Tunis, vers les femmes qui les attendent à Djerba. Très attendu, ce retour est bien mal vécu… On se rend compte que les choses ne se remettent pas en place aussi facilement, même avec cette ponctualité : ce retour ne remet pas de l’ordre mais du désordre. La vie est désordonnée avant, ça se calme un peu pendant les préparatifs, et puis on perçoit que les préparatifs sont plus importants que les retrouvailles, à cause de cette solidarité des femmes qui ne peuvent qu’être solidaires…

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La Saison des hommes © DR




Le Cinéma au Sénégal vit une période particulièrement trouble. Non seulement le petit et grand écran sont devenus la cible de groupes se réclamant de la purification des Mours, mais encore l’Etat semble regarder d’un oeil « compréhensible » une telle situation. Déjà, le ministre de la Communication et de la Culture, porte-parole du Gouvernement, vient d’envoyer une lettre circulaire aux autorités administratives locales pour que soient bannis tous spectacles ayant des allures d’atteintes aux Mours. Et la chaîne privée RTL a fait l’objet d’un cryptage systématique pour répondre, dit-on, à la volonté des Sénégalais de ne plus voir des images de…

De Jean Odoutan

Odoutan filme comme il est : gouailleur, engagé à 100 %, amuseur public et passionné de calembours, entier et finalement un peu brouillon. Il fait le pari de tourner vite et souvent, dans une grande économie de moyens, ce qui donne parfois l’impression qu’une autre prise n’aurait pas été de trop. Mais le résultat a le mérite d’être tonique ! Djib (diminutif de Djibril) est un jeune de 14 ans vivant en France avec sa grand-mère dans une cité de banlieue. Sa maxime, taguée au-dessus de son lit : « Un Noir ne doit jamais se laisser traiter de nègre par…

De Atef Hetata

Coproduit par Misr, la maison de production de Youssef Chahine, et Arte, voici un regard lucide et subtil sur le grand danger actuel de la société arabe et de toute société : la séduction exercée sur les jeunes par l’intégrisme. Nous sommes au Caire en 1990 et 91, en pleine guerre du Golfe. Un jeune de 15 ans, Mohamed, vit seul avec sa mère, Fatma. Son père a déserté pour se remarier avec une femme plus jeune, son frère aîné est allé combattre dans le Golfe. En présentant l’évolution du jeune Mohamed dans son intégration progressive de la violence intégriste,…

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