Le Circus Baobab, c’est de l’énergie en barre et une belle histoire : celle d’un réalisateur qui rêve de filmer la tournée d’un cirque en Afrique et qui finit par y arriver. Dusse-t-il pour cela le faire exister ! Une belle histoire, d’autant plus que le film n’a pas d’histoire : reportage au quotidien, sans scénario pré-établi, il saisit des instantanés et dépend de la décision (délicate vu le prix de la pellicule) de déclencher la caméra au bon moment. Il y trouve sa spontanéité et sa véracité, mais subit aussi l’ambiguïté de l’exercice. Non seulement Laurent Chevallier a monté tout le projet (pas tout seul, bien sûr, mais avec du mérite : le spectacle est réussi, la tournée à travers la Guinée est un incroyable succès populaire, la troupe continue de tourner et de se former en Europe, des soutiens sont trouvés et une école de cirque acrobatique d’importance régionale se crée à Conakry), mais il réalise le film. Le projet cirque était en fait un projet de cinéma. Une sorte d’opposition se vit alors entre la construction du film, la voix-off du cinéaste, les anecdotes tournées en forme de suspense (passeront-ils les contrôles ? arriveront-ils à réparer les pannes ?) et la vie d’un groupe dont la caméra peine à capter l’intimité dans les réunions, la vie en communauté, la résolution des problèmes ou la préparation des soirées. Non qu’elle soit irrespectueuse mais parce que, par sa volonté d’expliquer, tout devient spectacle. Un écart qui crée une certaine distance (télévisuelle) mais ne gâchons pas le plaisir : la tournée des acrobates du Circus Baobab nous emmène et nous fait vibrer à l’aune de leur capacité de débrouille comme de leur succès et nous partageons l’enthousiasme et l’étonnement des foules qu’il déplace. Un film qui fait aimer l’Afrique et un beau message aux ministres de la Culture.
