Connivences à la conquête du monde

Print Friendly, PDF & Email

La boutique Sape & Co, communément appelée Connivences, inspire artistes et marques de vêtements. Rencontre avec le créateur congolais, Le Bachelor.

La Société des ambianceurs et des personnes élégantes (Sape), mouvement né au Congo- Brazzaville dans les années 1960, s’est ensuite répandu à Kinshasa, puis… à Paris. Jocelyn Armel Bindinckou, dit Le Bachelor, a ouvert sa boutique en 2005, dans l’ancien restaurant tenu par sa mère située au 12, rue de Panama, au coeur du quartier, alors populaire, de Château Rouge (18e). Et depuis, le succès ne le quitte pas : Connivences a été référencée dans le prestigieux magazine Monsieur, parmi les 100 boutiques les plus chics de Paris, mais a aussi été citée par Louis Vuitton dans sa liste des meilleures boutiques du monde. Mais avant le magasin vient l’homme. Retenu par Alexandra Senes parmi les 100 personnalités de Paris, dans son ouvrage Le Paris du tout Paris, Le Bachelor est sollicité en 2010 pour participer à une publicité de la marque Nike. Pour ses 80 ans, c’est au tour de la marque Lacoste de faire appel à lui. Puis Radio Nova, la compagnie aérienne congolaise Ecair, etc. Et de nombreuses personnalités font leur shopping chez Connivences : l’homme de télévision Antoine de Caunes, le caricaturiste Hervé Bodi, le journaliste Ariel Wizman, l’écrivain Alain Mabanckou… Le Bachelor se souvient pourtant de ses débuts, où ses « clients
congolais venaient à l’ouverture du magasin pour éviter les heures de grande affluence et ne pas être vus. Ils mettaient leurs achats dans des sacs de grandes marques parce qu’ils n’assumaient pas d’acheter une marque congolaise. Aujourd’hui, nous sommes dans la phase ascendante, avec comme clientèle également une intelligentsia africaine fière de porter ma marque. » Une clientèle diversifiée : « Tous les discours pour décoloniser les mentalités ont permis ce changement. La Sape, c’est aussi exprimer par le corps notre appartenance à une société. C’est le nouveau visage de la France varié et cosmopolite. » Et, pour le créateur avant-gardiste, Connivences doit pouvoir également habiller toutes les bourses avec des vêtements aux coupes parfaites. « J’estime qu’on doit bien s’habiller tous les jours, sans avoir à changer de Berluti tous les jours« . Diplômé d’un BAC + 5 en commerce, Le Bachelor ne sait « même pas dessiner un oeuf« , comme il se plaît à dire. « Je lis tous les livres sur la mode, ça me permet de pallier mon manque de culture, car je ne suis pas de ce milieu-là. » Il choisit lui-même les tissus, les doublures, les boutons, puis il sous-traite en Italie ou en Roumanie. « Je supervise et je dessine avec des couturiers. On essaye les prototypes sur moi jusqu’à ce que je sois satisfait« , précise l’homme d’affaire. Le Congolais ne suit aucune mode. « Il faut que ton style puisse rencontrer ton moi profond. Il faut s’approprier son élégance. Pour ma part, je porte des couleurs vives depuis la fac. » Dans sa boutique, les vestes, costumes, pantalons, chaussures, cravates, chemises et autres accessoires arborent en effet des couleurs flamboyantes. Le Bachelor souhaite aujourd’hui lever des fonds. Il prépare un blog de conseils et de looks pour inspirer la relève d’entrepreneurs et de créateurs. Affaire à suivre.

Défilé de mode
Lors du festival Africa Break, organisé par
la radio Africa 1, Jocelyn Armel Bindinckou
fait son défi lé de mode. Samedi 21 mai.
À partir de 20h. La Bellevilloise, 19-21
rue Boyer, Paris 20e.///Article N° : 13602

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire