On la surnomme la « voix d’or » de la musique sénégalaise. Coumba Gawlo, dont le dernier opus en date se nomme Madjin, s’affiche comme une femme forte et engagée.
Coumba Gawlo : Je suis sénégalaise, issue d’une famille griotte, d’un père auteur-compositeur, d’une mère chanteuse. J’ai commencé à chanter dès l’âge de sept ans. J’ai gagné un concours de chant la « Voix d’or » à quatorze ans. J’ai sorti mon premier disque quatre ans plus tard, alors que j’étais toujours au lycée. Aujourd’hui j’en suis à mon vingtième album.
Pouvez-vous nous dire un mot sur votre héritage griot ?
Ma mère est issue d’une famille de griots, de chanteurs religieux. Mon père également vient d’une famille griotte. Son père fut un grand joueur de ngoni, le xalam comme on l’appelle au Sénégal. J’accompagnais mes parents en répétition dès l’âge de sept ans. Je pense que ça me vient du berceau en quelque sorte, et puis en entendant le bruit des tam-tams que j’ai pris goût à la chose. J’ai été, depuis toute petite, encadrée par mon père, qui m’emmenait en répétition, dans les écoles de musique pour apprendre à mieux maîtriser la chanson et l’art musical.
À l’origine vous êtes de la ville de Thiès.
Je suis née à Thiès mais mes grands-parents viennent du Fouta, au nord du pays, de Matam, de Dhara Djoloff, de là où viennent les Peuls, les gens du Sahel. C’est une riche histoire. J’ai grandi dans une famille traditionnelle africaine, avec une ambiance où tout se partage, tout se sait et se dit. On est très respectueux des valeurs. Ma plus grande richesse ce sont ces valeurs inculquées par mes parents, à tous les niveaux. J’ai beaucoup de chance d’avoir grandi dans une telle ambiance familiale.
Comment définiriez-vous votre style musical ?
Notre musique du pays c’est le mbalax. C’est une musique traditionnelle modernisée au fil des ans. À la base c’est un genre traditionnel, avec une forte présence des percussions, pour permettre au public de danser. Des chansons inspirées par la manière de chanter du Sahel, celle des grands griots. Mais au fil du temps cette musique a été modernisée par des artistes, comme moi et tant d’autres, pour essayer de l’exporter. Étant sénégalaise, africaine de souche, ancrée dans mes origines, je ne pouvais pas ne pas faire partie des personnes qui exportent cette musique. Je crois avoir réussi à la moderniser, de manière à la rendre plus « world », comme on dit, plus compréhensible par quelqu’un qui ne maîtrise pas le mode ternaire, puisque c’est souvent en ternaire
Votre premier succès est venu à quatorze ans avec le titre Soweto
C’était dans le cadre de la lutte contre l’Apartheid. On était en pleine période de l’Apartheid en 1986. L’État du Sénégal, par le biais du ministère de la culture, avait organisé ce concours de chant pour sensibiliser à la lutte contre l’Apartheid et soutenir Nelson Mandela. Parmi les thèmes des chansons il y avait « Soweto ». Mon père avait écrit pour moi cette chanson qui m’a permis d’être couronnée « voix d’or », d’où mon surnom, la « voix d’or » depuis lors.
Quelle a été votre expérience de chanteuse avec Baaba Maal ?
Mon père a toujours été dans la dynamique de me faire connaître la musique, les rouages du métier, pour me renforcer. Alors que j’étais encore enfant il m’a amenée chez Baaba Maal, pour qui il avait beaucoup de respect. J’ai pu faire ses churs et acquérir ainsi plus de maturité. Ce fut une belle expérience pour moi. Baaba est un artiste très généreux. Il m’a appris beaucoup de choses qui ont renforcé mon expérience professionnelle.
Quels sont les artistes qui vous ont influencé ?
Miriam Makeba m’a beaucoup influencé. J’ai été très émue quand je l’ai rencontrée, après avoir repris sa chanson « Pata Pata » en 1998. Quand je l’ai vue en Afrique du Sud pour la première fois j’en ai eu les larmes aux yeux. De là est née une grande complicité une grande amitié. C’est comme une grand-mère pour moi. Elle m’a adoptée et appris beaucoup de chansons du folklore sud-africain. Les grandes artistes noires-américaines comme Aretha Franklin, Randy Crawford m’ont beaucoup inspiré de part la force de leur voix, leur technique vocale. J’ai été aussi, très jeune, inspirée par Whitney Houston, qui, à l’époque, représentait tout un symbole pour la musique noire américaine et pour l’Afrique. J’ai aussi été très influencée par les chanteuses traditionnelles griottes qui se distinguent par une certaine prestance et de la puissance vocale.
Il y a des aspects engagés dans certaines de vos chansons, notamment sur le statut la femme africaine. Ce sujet vous tient particulièrement à cur.
Au fond de moi-même je crois fermement et fortement en la femme sénégalaise, en particulier, et, en la femme africaine, de manière générale. Je trouve qu’en Afrique les femmes sont tellement courageuses et fortes. Elles arrivent à abattre tellement de choses avec beaucoup de dignité et très peu de moyens. Je pense que ces femmes dignes, travailleuses, méritent d’être encouragées et soutenues. Pour cela, il faut développer l’entrepreneuriat féminin. La femme doit travailler. Pour que la femme travaille il faut que cela commence dès le bas âge par une bonne éducation. Il faut qu’on amène les filles à l’école. Elles doivent avoir quelque chose dans la tête, défendre leurs idéaux, leurs arguments, leurs convictions. Savoir dire non quand elles en ont envie au lieu de dire oui tout le temps. On leur ôte cette envie de liberté parce que, dès le plus jeune âge, on les a éduquées comme ça, en les mariant de force, en en faisant, de fait, des ignorantes. L’Afrique n’a plus besoin de ça. L’Afrique a besoin de femmes leaders, majeures, qui décident, qui prennent des initiatives. Les femmes sont volontaires. Dans toutes les entreprises du monde, quand on regarde, les missions que les femmes abattent sont énormes. Je crois en ça. En tant que jeune femme africaine, issue de famille modeste, partie de rien quand je vois là où j’en suis arrivé, je me dis que c’est certes le destin mais c’est aussi parce qu’il y a eu de l’abnégation, de la volonté. Je suis sûre qu’il y a des millions de femmes comme ça. Il suffit juste qu’on leur dise : »Allez y vous pouvez y arriver ! », qu’on les encourage et surtout qu’elles prennent leur destin en main. C’est pour ça que ces thèmes reviennent souvent dans ma musique, pour encourager les femmes. Je leur dis de ne pas baisser les bras, de refuser de tenir désormais les pancartes des hommes. Faire leur destin et se battre pour elles.
Comment faites-vous pour encourager sur le terrain ces femmes ?
Pour moi la musique est le meilleur vecteur de communication. C’est la raison pour laquelle, à travers mes chansons, je fais ce que je peux pour véhiculer des messages. Je vais aussi sur le terrain. Il m’arrive de faire des visites, de rencontrer des personnes extraordinaires : des petits enfants, des femmes dans les villages reculés du Sénégal, dans la région du Fouta : Matam, Podor, Namarel, Namardé et jusqu’à Ndioum. J’ai dit non à nos mamas qui gardent les filles à la maison. Je leur ai dit que c’est à elles d’amener les filles à l’école, pour que demain elles puissent se défendre. Tout simplement, que ces femmes puissent faire partie des personnes qui décident dans notre pays et non des personnes qui subissent.
Pouvez-vous évoquer votre action auprès du Haut commissariat aux réfugiés aux Nations-Unies en 2002
J’ai eu l’honneur d’avoir été choisie par le HCR comme marraine aux réfugiés. Dans le cadre de cette mission j’ai eu à visiter des camps de réfugiés à Thiès et à Kwinella en Gambie. C’était des moments très forts pour moi : discuter, échanger avec ces gens. J’étais très touchée de voir ces familles du jour au lendemain disloquées par des conflits auxquels elles n’y sont pour rien. Ces familles ont subi, ont été obligées de se déplacer. C’est là où se trouve le drame en Afrique. Nos dirigeants ne maîtrisent pas assez souvent les conséquences de certains actes. Des familles déplacées, ça contribue à la pauvreté, au recul du développement. J’ai été très émue par ce que j’ai vu là-bas.
Vous avez également été ambassadeur de bonne volonté au programme des Nations Unies.
Dans le cadre de ma fonction d’ambassadeur de bonne volonté, pour la lutte contre la pauvreté, j’ai mené beaucoup de missions. Cela m’a amené à visiter des camps de déplacés, des personnes qui, en quelque sorte, ont perdu l’espoir. J’essaie de leur en redonner si j’en ai la capacité. Je m’en honore vraiment. Leur redonner espoir, ça veut dire que la vie n’est pas finie. On peut toujours se reconstruire à n’importe quel moment de la vie. Il suffit d’y croire, de se battre, de le vouloir.
J’ai toujours une grande chance d’être écoutée par ces personnes, d’être accueillie avec une grande chaleur humaine. Il y a trois ans, je suis allée à Bouaké, dans le nord de la Côte d’Ivoire, en pleine période de crise. J’aurai pu faire ce concert à Abidjan mais je préférais le faire à Bouaké. À l’époque c’était une zone très délicate. Je pense que les filles et garçons de cette zone avaient besoin d’être écoutés, qu’on leur parle. Surtout les filles, avec tous les problèmes de viol qu’elles ont vécu, l’ampleur que prend le sida dans cette zone. Les jeunes et les parents avaient besoin qu’on leur parle pour qu’ils puissent enlever le voile, arrêter le tabou. Avec du tabou on n’arrive à convaincre personne. En se voilant la face ça devient plus douloureux. J’avais envie de véhiculer ces messages et de passer des moments fabuleux avec ces jeunes. Ça m’a touché énormément. Après ça, j’ai été au Burkina Faso visiter le camp Delwendé, où sont tristement parquées plus de cinq cents femmes de tous les âges. Elles sont accusées à tort de sorcellerie. Mon encadrement ne voulait pas que j’aille dans ce centre. Personnellement j’en avais très envie. De toutes les visites que j’ai effectuées, celle à Delwendé m’a le plus plu. J’y ai rencontré des femmes de soixante-dix à quatre-vingt-cinq ans. Je voyais dans le visage de toutes ces vieilles mamans ma grand-mère, que j’aime beaucoup. Le fait de les serrer dans mes bras et de recevoir la même chose de ces femmes m’a donné énormément d’émotions. C’étaient des moments fabuleux et tristes en même temps. Ça prouve que la femme a toujours été reléguée au second plan par les autorités, par les hommes, par les familles. Il faut que ça cesse !
Comment voyez-vous la façon dont le récent conflit ivoirien s’est terminé ?
Je ne me permettrai pas de juger les Ivoiriens ni la Côte d’Ivoire. Je ne suis pas de ce pays mais je me considère comme une citoyenne du monde et une citoyenne africaine. J’adore la Côte d’Ivoire. Je l’appelle L’Europe de l’Afrique parce qu’avec ses bâtiments gigantesques un peu partout, avec sa verdure, ses lagunes c’est un pays qui a de la chance, qui a la « baraka ». N’importe quel pays aurait vécu ce qu’à vécu la Côte d’Ivoire ces dix ou quinze dernières années, je me demande s’il resterait debout ! Malgré tout, la Côte d’Ivoire arrive toujours à se remettre debout. J’adore vraiment ce pays et je trouve que les Ivoiriens ont une force, une envie de vivre extraordinaires. Pour ça, je les encourage, je les félicite. J’invite nos dirigeants à moins d’égoïsme et plus de responsabilité et de cur. Il faut avoir du cur pour diriger un pays.
Vous avez également organisé un concert au profit d’Haïti : « Africa for Haïti » au stade Léopold Sédar Senghor de Dakar. Quelles ont été les retombées de cette initiative ?
Ça s’est très bien passé. J’en profite pour remercier tous les artistes qui m’ont fait confiance et sont venus à ce programme d’envergure, de solidarité pour soutenir l’autre Afrique. Les Haïtiens sont nos frères. Un disque vient de sortir, disponible également en Europe. Nous allons récolter les fonds nécessaires et organiser une visite spéciale pour remettre les fonds récoltés à l’état sénégalais qui nous a soutenus. On va s’associer à l’État pour faire parvenir cet argent au peuple haïtien.
On ne parle plus d’Haïti dans les médias. Qu’en pensez-vous ?
Les Haïtiens sont très dignes et courageux. Ils continuent à faire leur deuil et à travailler. Si vous regardez ce qui s’est passé récemment, des élections en si peu de temps, dans un pays meurtri, ça prouve qu’ils ont envie de se relever et d’avancer. Ils ont envie de faire des choses et je ne peux que les encourager pour ça. C’est vrai que les médias ont aussi d’autres sujets à traiter. Je pense que ça ne sert à rien de pousser les gens à pleurer. Il faut sécher les larmes et avancer. Il y a des personnes comme moi ou d’autres qui continueront toujours à garder cette flamme pour Haïti et auront à cur de les soutenir et être là pour eux.
Il y a beaucoup de problèmes au Sénégal, comme dans d’autres pays d’Afrique tels que le délestage, l’emploi ou l’éducation. Est-ce que vous pensez que la politique en place est efficace ?
Le Sénégal est un pays fort. Les Sénégalais sont des personnes très fortes qui, quels que soient les événements, gardent toujours la tête haute et cherchent toujours à s’en sortir. On a la chance d’avoir la paix, que ce pays soit l’un des plus intègres et des plus calmes en ce moment. Grâce à dieu ça va continuer. Maintenant c’est vrai que c’est très difficile de travailler dans les conditions actuelles, avec les problèmes de délestage
J’invite nos dirigeants à trouver rapidement les solutions. Pour le cas de l’électricité, j’ai entendu dire que ça doit être résolu prochainement. Je l’espère bien car nous tous on en a besoin. On va prendre une bonne bouffée d’air le jour ou ça le fera. J’espère aussi que le problème de l’emploi va être résolu bientôt. Les jeunes en ont besoin pour se sentir concernés, pour avoir plus confiance en eux, pour se sentir importants pour leur pays.
Comment vous positionnez-vous par rapport à l’échéance électorale au Sénégal fixée en février 2012 ?
Je me positionne comme une citoyenne normale, concernée par son pays, par ce qui s’y passe. Naturellement j’irai voter comme tous les Sénégalais. Je ferais mon choix et le bon, c’est sûr. Il faut que le pays s’améliore, qu’il se développe davantage et on en a besoin.
Le président sortant est âgé et contesté, en particulier par la jeunesse sénégalaise. Pensez-vous qu’il faille un changement ?
Je ne vous dirais pas mon choix. Si je vous dis oui ou non ça veut dire que je vous dirais mon choix. Mon choix me concerne et le moment venu je le ferai.
C’est une année électorale en France aussi. La majorité va axer sa campagne sur l’immigration. Comment du Sénégal jugez-vous les politiques d’immigrations appliquées en Europe ?
C’est complexe. On est dans un siècle où il faut s’ouvrir à l’immigration, à l’intégration. Il faut s’ouvrir à l’échange entre les peuples. C’est vrai qu’il ne faut pas faire n’importe comment cette immigration. Quelqu’un qui n’a pas de papiers ne peut pas venir traîner dans les rues de l’Occident. Sans papiers, pas de travail. C’est créer encore des problèmes pour les gens qu’on vient voir et pour soi-même. Je pense que c’est bien de s’ouvrir et que les pays d’Europe gagneraient beaucoup à s’ouvrir aux autres cultures. La France commence à faire des progrès dans ce domaine, même s’il y a encore beaucoup à faire. Je suis pour l’ouverture et l’enracinement.
Que dites-vous aux jeunes africains qui pensent qu’il y a plus de débouchés en Europe ?
Ils se trompent. J’ai envie de leur dire tous les jours à ces milliers de jeunes que je vois et qui me disent « Sista – pour parler branché – est-ce que tu peux me trouver un visa ou m’amener
«
Je réponds : « Je ne t’amène nulle part. Je ne te trouve pas un visa. Je ne suis pas propriétaire des ambassades. Je ne suis pas le patron des ambassadeurs. Je ne suis pas là pour immigrer ni pour militer pour l’immigration désespérante. Cette immigration qui fait que la personne vient traîner dans les rues de l’Occident. Si c’est du boulot que tu viens chercher en Europe, sache que si tu n’as pas les papiers nécessaires, tu ne peux pas le trouver. Si c’est du boulot que tu vas chercher en Europe, si tu l’as en Afrique reste travailler en Afrique. Tu dois faire partie des personnes qui se battent pour l’Afrique, des personnes qui relèvent l’Afrique. En Europe tu vas travailler dur, plus dur encore. Reste dans ton pays et travaille dur. Quel que soit là où tu seras, il suffit juste de travailler dur pour gagner ta vie. Gagner ta vie, ici ou ailleurs, c’est la même chose. Reste ici surtout quand tu n’as de papiers. »Ces jeunes se trompent. Ils sont à la recherche d’un Eldorado qui n’existe pas. Ils prennent les films pour des réalités, alors que les gens en Europe ont encore plus de problèmes que nous. Il faut être fier de ce qu’on a et ce qu’on est.
Parmi vos rencontres marquantes : le percussionniste Doudou N’Diaye Rose sur l’album Dieuredieuf de 2007
C’est un album fabuleux. Je remercie tous les fans de l’avoir adopté. Doudou N’Diaye Rose est un papa que j’adore. Je le porte dans mon cur. C’est un grand artiste, talentueux. C’est un baobab. L’Afrique, le Sénégal devraient lui rendre hommage.
De quoi parle votre dernier album : Madjin ?
Madjin rend hommage aux héros du Sénégal, à toutes ces personnes hommes et femmes qui ont versé leur sang sur notre sol. Ces hommes et femmes qui ont porté haut le drapeau sénégalais dans les assemblées, sur les champs de guerre, dans les campagnes politiques, les partis, pour qu’il y ait un excellent visage du Sénégal. Qu’il y ait une belle image de ce pays. Ces gens méritent un hommage. Il s’agit aussi de permettre aux jeunes générations de connaître leur Histoire. Avec Internet et ce qui se passe actuellement, les enfants ne connaissent plus l’Histoire de leur pays. Je pense qu’il faut retourner à la source pour se documenter. C’est à travers cet album que je raconte toutes ces histoires. J’y suis en duo avec Passi, mon ami, mon frère, qui a fait une partie extraordinaire sur la chanson-titre.
Enfin, quels sont vos projets ?
Je continue de travailler pour mon association dédiée à l’enfance. Cette association milite beaucoup dans les domaines de la scolarité, la santé et l’éducation des filles, la réhabilitation des centres. Je rêve de faire en Afrique des écoles. L’éducation c’est important. Je travaille en ce moment sur un disque international. J’ai plein de chantiers.
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