entretien d’Olivier Barlet avec Lionel Ngakane

Ouagadougou 1997
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Comment en êtes-vous venu à jouer un rôle moteur dans la Fédération panafricaine des cinéastes ?
J’habitais à Londres et avais fait un documentaire. Dans un symposium sur le Tiers monde à Vienne je découvris qu’il existait des réalisateurs africains ! J’ai compris que nous avions les mêmes problèmes et c’est ainsi que j’ai commencé à m’impliquer dans le cinéma africain et dans le démarrage de la Fepaci. Les pays francophones faisaient des films avec les fonds français alors que les anglophones ne disposant pas de fonds restaient à la traîne.
Et cela est maintenant différent ?
Des initiatives viennent équilibrer les choses au Zimbabwe, au Mozambique qui avait fait de nombreux documentaires, et maintenant en Afrique du Sud qui travaille en coproduction avec ces deux pays. En Afrique du Sud, le ministre de la Culture nouvellement créé dispose d’un petit budget pour le cinéma : formation, aide à l’écriture et au développement. Mais il a surtout créé une fondation dont nous espérons qu’elle sera l’outil d’émergence d’un cinéma post-apartheid. Des initiatives se mettent en place. Les télévisions publique (SABC) et privées (M-Net), tout comme Ster Kernikor et New Metro, la fondation Ford et le ministère des Affaires étrangères hollandais financent par exemple une formation de trois mois à l’écriture du scénario ouvert à des écrivains d’Afrique australe et de l’Est jusqu’à l’Ethiopie. Nous sommes optimistes…
Quelles sont vos perspectives actuelles ?
Je suis revenu en Afrique du Sud il y a deux ans et demi. J’ai d’abord cherché à comprendre ce qui se passait pour voir quel rôle je pouvais jouer. Maintenant, j’ai deux scénarios de prêts : je voudrais faire deux films, puis me retirer.
Les thèmes abordés par les Noirs portent sur les problèmes de leur propre communauté, ce qui ne correspond pas forcément à l’attente occidentale…
Nous faisons des histoires qui nous concernent et je crois qu’il est important que nous commencions à nous intéresser à nous ! ? Nous commençons à tourner des films sur les problèmes urbains : pauvreté, violence, etc.
Les salles sont rares dans les quartiers noirs.
Oui, et c’est un grand problème. La fondation et des compagnies privées dirigées par des Noirs vont en construire dans les townships. Actuellement, seuls les bourgeois noirs peuvent aller au cinéma en centre ville… Le Film Ressource Unit distribue efficacement des VHS, notamment de films africains. Des cinémas mobiles sont en train d’être mis en place. Mais pour moi, le plus important est la formation des réalisateurs : une école nationale de cinéma ouverte aux autres pays anglophones.
Le public est formé au film américain.
Comme dans les autres pays africains ! Les Américains font du dumping avec leurs films dans toute l’Afrique ! Quand j’ai grandi, j’ai vu de très bons films ; puis les cinémas ont été fermés. Il s’agit de retrouver la dynamique.
Quel avenir voyez-vous pour les ateliers audiovisuels qui se sont développés en marge de l’apartheid ?
Ce n’est pas l’avenir : les réalisateurs doivent être formés professionnellement. Les workshops ne durent pas assez longtemps et font surtout de la vidéo.

///Article N° : 251

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