Événements

Cannibale, de Didier Daeninckx (Récit, Verdier 1998), par La Compagnie Porte Plume
dans le cadre de la thématique « Colonialisme: quelques aspects négatifs »

Français

Paris 1931, l’Exposition coloniale.
Quelques jours avant l’inauguration officielle de l’Exposition, empoisonnés ou victimes d’une nourriture non adaptée, tous les crocodiles du marigot meurent d’un coup. Une solution est négociée par les organisateurs afin de remédier à la catastrophe. Le cirque Hoffner de Francfort, en Allemagne, qui souhaite renouveler l’intérêt du public veut bien prêter ses crocodiles en échange d’une trentaine de Kanak… Les « cannibales » seront expédiés… Gocéné, un vieux Kanak entreprend de nous raconter l’incroyable récit de sa jeunesse.
Commence alors un retour dans le passé.
Un voyage dans la mémoire individuelle et collective.

Un homme reste-t-il un homme lorsque d’autres le considèrent comme un anthropophage sauvage ? Comment garder sa dignité en se retrouvant parqué dans un zoo entre les fauves et les caïmans ? Quels mécanismes peuvent conduire une civilisation dite avancée à dénier toute dignité à un autre peuple ? Vivification de la mémoire que la modernité s’acharne à nier. Réinscription de la mémoire collective.
L’exposition coloniale de 1931
Sons et lumières, fastes, grandes eaux : le 6 mai 1931 s’ouvre au bois de Vincennes un zoo et l’Exposition coloniale la plus grande du genre.
En 1931, la Fédération française des anciens coloniaux obtient du gouverneur local Joseph Guyon, de recruter une centaine de Kanak pour une exhibition parisienne, parallèle à l’Exposition.
Ainsi, 111 Kanak, 91 hommes et 14 femmes et enfants originaires de Canala, Ouvéa, Lifou et Maré auxquels on a promis une visite agréable de la capitale en échange de quelques démonstrations de la culture calédonienne s’embarquent le 15 janvier pour la France.
Deux mois plus tard ils arrivent à Paris, où ils sont parqués comme attraction au milieu des crocodiles et exhibés comme « cannibales authentiques ».
Certains ont mission de creuser d’énormes troncs d’arbres pour construire des pirogues, d’autres nagent dans une mare en poussant des cris de bêtes, les femmes doivent danser le pilou pilou à heure fixe, seins nus…
Cette mascarade suscite peu de protestations, hormis le Manifeste des Surréalistes : « Ne visitez pas l’Exposition coloniale », signé André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, René Char, Benjamin Peret.
Les hommes exposés, « ces fauves bestiaux » s’appellent Elisée, Jean, Maurice, Auguste, Germain, Marius. L’un était instituteur l’autre employé à la douane, un autre chauffeur de camion.

Il peut être commode de ranger le mépris colonial au musée des
temps obscurs…
« Quittant son pays un p’tit négro d’Afrique centrale
Vient jusqu’à Paris voir l’Exposition coloniale
C’était Nénuphar, un joyeux lascar
Pour être élégant c’est aux pieds qu’il mettait ses gants
Nénuphar, t’as du r’tard, mais t’es un p’tit rigolard
T’es nu comme un ver, tu as le nez en l’air
Et les ch’veux en paille de fer… »
Marche officielle de l’Exposition
chantée par Alibert
1931
Nous et les Autres. Les Autres et Nous…
1931… 2005
Où en sommes nous ?
Qui sommes nous ?
Nous les « civilisés »…


A l’issue du spectacle des rencontres sont organisées:
Mardi 23 janvier avec Pascal Blanchard (historien)
Mercredi 24 janvier avec Didier Daeninckx (écrivain)
Jeudi 25 janvier avec Gilles Manceron (historien)
Vendredi 26 janvier avec Joël Dauphiné (historien)
Samedi 27 janvier avec Catherine Choquet (F.I.D.H)
Lundi 29 janvier avec Yoyo Gonthier (photographe)
Partager :