Événements

Bruce Davidson
« Time of Change » et « 100e rue », deux travaux emblématiques du photographe américain, témoignages incontournables sur la communauté noire dans les années 1960 aux Etats-Unis.

Français

Time of Change
Lutte pour l’égalité des droits civiques, 1961-1965
Pendant 5 ans, Bruce Davidson a photographié la lutte pour l’émancipation des Noirs américains dans le sud des Etats Unis, à Chicago et à New York. Parmi ses images devenues emblématiques, l’une des premières mobilisations de Malcom X à Harlem, les combats menés par Martin Luther King, notamment la marche de Selma au printemps 1965 – un parcours de 80 km entre Selma et Montgomery – l’un des événements marquants de la lutte pour les droits civiques. Ces images furent rassemblées en 2002 dans l’ouvrage « Time of Change » (St Ann’s Press, 2002). En mai 1961, le New York Times envoie Bruce Davidson couvrir la Freedom March, un voyage en autobus d’étudiants anti-ségrégation de l’Alabama au Mississippi. Bruce Davidson s’intègre alors au mouvement et le photographie de l’intérieur, devenant le témoin principal de la lutte des Freedom Riders, participant aux marches, aux convois, photographiant les arrestations, les « Blancs goguenards », la violence des confrontations avec les forces de l’ordre.
En 1962, il reçoit une bourse de la Fondation Guggenheim pour photographier le « mouvement pour les droits civiques ». Il se rend notamment dans le sud et partage la vie d’un camp de travailleurs saisonniers, cueilleurs de coton, pris dans la tourmente des violences ségrégationnistes et du désir d’émancipation. Davidson témoignera pareillement de leurs combats sociaux et de leur intimité. Dans le New York Times du 24 janvier 2003, Sarah Boxer écrivit : « Le témoignage offert par Bruce Davidson de ces cinq années cruciales pour le sud des Etats Unis – quasiment toujours concentré sur les moments de vulnérabilité silencieuse – transmet de manière profondément intuitive les sensations d’un observateur intérieur de cette foule déchaînée. »

100e rue
Spanish Harlem, New York, 1966-1968
En 1965, le Harlem espagnol était considéré comme le quartier le plus déshérité et le plus malfamé de New York. Bruce Davidson s’est peu à peu immiscé dans ce monde invisible qui l’attirait profondément. « Je devais me pousser parfois pour aller dans ce quartier parce que j’avais peur de violer la barrière douloureuse de leur pauvreté. Mais une fois que j’y étais et que j’entrais en contact avec quelqu’un, que je me sentais intégré, je ne voulais plus m’en aller. » Muni d’une chambre avec soufflet, d’un flash électronique, Bruce Davidson a su s’intégrer à la communauté et devenir le témoin privilégié de sa vie sociale et politique, tirant tour à tour, souvent « à la demande », le portraits de familles, de couples, de ceux qui souhaitaient être immortalisés par le « picture man ». Dans la rue, dans les bars, sur les toits, dans les intérieurs sombres, trois années durant, il a inlassablement photographié les habitants de ce quartier, notamment grâce à une bourse du National Endowment for the Arts, attribuée pour la première fois à un projet photographique. « Je regardais les gens dans les yeux. Ils étaient calmes, tranquilles, retirés en eux-mêmes. » Ce travail fut publié en 1969 dans le magazine suisse DU, puis par Harvard University Press en 1970 (East 100th Street, dont une édition augmentée est publiée en 2003). La même année, une exposition au MoMA de New York, où « les habitants de la 100e rue sont venus se voir », couronna l’excellence de ce travail.
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