Événements

Soirée cinéma – conte et musique
Avec le conteur Boubacar Ndiaye et le musicien Fady Zakar suivie de la projection unique du film Bab’aziz, le prince qui contemplait son âme.

Français

La parole du conteur et les mélodies du musicien nous mènent à nos propres images. Les images d’un film nous conduisent à nos récits intimes.

BAB’ AZIZ Le prince qui contemplait son âme de Nacer KHEMIR

Nacer KHEMIR, Tunisie/Iran/France, 2005, 1h36mn, VOSTF, avec Parviz Shahinkhou, Maryam Hamid, Nessim Kahloul, Muhammad Grayaa… Scénario de Nacer Khemir et Tonino Guerra. « Il y a des pays pleins d’eau, pour le bien être des corps, et il y a des pays pleins de sable, pour le bien être des âmes » (proverbe Touareg).

D’abord, il faut vous dire que ce Nacer Khemir est un conteur magique, qui a conté les Mille et une nuits pendant des mois au Théâtre Chaillot à l’invitation de Vitez ; il faut vous dire qu’il a écrit beaucoup de textes, peint, calligraphié, et que ses œuvres ont été exposées souvent. Il faut vous dire encore qu’il a réalisé plusieurs longs-métrages, dont Les Baliseurs du désert, qui ressortent en ce moment à Paris… autant dire que Bab’Aziz est marqué par tous ces talents : il a la beauté des histoires des Mille et une nuits et la musique, les chants et les danses semblent sortis des mêmes contes. « Mon film est construit en spirale comme les danses des derviches tourneurs, il est fait pour aider le spectateur à oublier son propre ego, pour mieux s’ouvrir à la réalité du monde » dit, en résumé, Nacer Khemir.

Petits personnages mouvants dans une immensité de sable, deux silhouettes cheminent : Ishtar, une petite fille, et son grand père, Bab’Aziz, un derviche aveugle. Elle le guide, mais c’est lui qui sait où ils vont, car pour trouver cet endroit secret, « il faut écouter le silence infini du désert avec son cœur ». Leur voyage à travers l’immensité brûlante les amène, tel un jeu de pistes, à la croisée d’autres destins : Osmane qui cherche un palais en plein désert, Zaïd dont le chant a séduit une femme à la beauté irréelle qu’il a perdue depuis… Bab’Aziz raconte, chemin faisant, à la gamine impatiente, l’histoire de ce prince qui a abandonné son royaume pour devenir derviche… et le désert finira par révéler son secret.
Nacer Khemir dit que le fondamentalisme et le terrorisme sont le miroir déformant de l’Islam. Il montre une culture musulmane tolérante et hospitalière, pleine d’amour et de sagesse. « Je ne vois pas plus urgent comme thème que celui-là : redonner un visage à des centaines de millions de musulmans qui sont souvent, pour ne pas dire toujours, les premières victimes du terrorisme et du fondamentalisme. C’est un devoir aujourd’hui de montrer autre chose de l’Islam, sinon chacun va étouffer à cause de son ignorance de l’autre… »

Tourné dans le désert central iranien, près d’Annarak et en Tunisie, à Tataouine, il était impossible à l’équipe de tourner après dix heures du matin, tant le sable était chaud et la lumière vive… Le tournage reprenait au moment du coucher du soleil, quand les scorpions sont rentrés chez eux.
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