Événements

Cinéma du Réel 2008
30e édition

Français

PRÉSENTATION

Something is happening here…
chantait Dylan en 1965. De cette intuition que la ballade laissait en suspens, il semblerait que les cinéastes du monde entier partagent quelques « pourquoi ? » et plus encore de « comment ? »…
Se sont-ils donné le mot pour partir, si nombreux, sur d’improbables routes, à la rencontre de ces voyageurs qui sont le douloureux « sens contraire » de nos tourismes ?

S’il se passe quelque chose, c’est bien en tout cas ce très global déplacement, cette dilution des lieux et des places sous les coups de l’économie, cet effritement des cultures et des langages, ces ruptures d’avec l’Histoire. Du Mexique à la Moldavie, de la France au Sénégal, de l’Inde à la Russie, ils partent. Et le cinéma documentaire veut raconter ces espoirs et ces déchirements, ces mémoires et ces gestes devenus fragiles, trouver les traces, entendre les mots, rendre visibles les mécanismes et les devenirs. Si les films se posent et cessent de marcher, c’est pour mieux nouer le passé à aujourd’hui, pour savoir ce qui vient de loin et lui donner un présent. Au contraire des programmes-conférences et des dossiers-leçons, au contraire du sampling généralisé des voix, des visages et des lieux où tout « réel » se perd, noyé dans les musiques au mètre de la très télévisuelle horreur du vide, les documentaristes provisoirement assemblés dans cette édition choisissent l’instabilité, l’incertitude, la recherche, ou même la perte et le silence. Cinéma du déplacement, anti-travelogue, qui donne au spectateur, avec générosité, l’expérience du temps, et le laisse avec la liberté de chercher seul la fin des histoires interrompues.

Histoires interrompues ou dissimulées : certains des plus passionnants cinéastes d’Asie du Sud est ne cessent d’en faire la matière de leurs récits et de leurs recherches. Le grand Lav Diaz, curieusement ignoré des Français, alors que les cinéphiles allemands, italiens, néerlandais et suisses (pour ne parler que de l’Europe) ont pu l’approcher et le suivre, déploie avec douceur et colère, patience et violence, les romans et les poèmes d’un peuple, le sien, celui des Philippines. Qu’on ne l’enferme pas dans l’exotisme de son lointain pays : ce dont il parle, avec son sens unique du cadre et de la durée, de l’inscription documentaire dans la fiction, du document et de l’entretien, c’est du divin désir de vivre, et du chagrin de l’Histoire. Ce chagrin qu’évoque le sous-titre d’un des films de son compatriote Raya Martin, étonnant jeune talent, chercheur obstiné d’une Histoire sans traces. L’enfant terrible (au sens où ses films sont interdits dans son pays) du cinéma de Malaisie Amir Muhammad comme l’Indonésien Garin Nugroho, dont le cinéma n’oublie jamais le raffinement énergique du théâtre javanais, s’attachent à rendre à leurs spectateurs, par les moyens de la culture qu’ils partagent avec eux, faite de poésie épique et de karaoké, de caricature, de clips, d’enquête et de chansons, l’Histoire et les histoires dont de bien peu démocratiques régimes les privent.

Quand Dylan chantait la ballade de « l’homme mince », Shirley Clarke filmait, dans l’Amérique des années 60, des Noirs et des « marginaux ». Elle influençait sans doute le jeune Jim McBride, prêt à inventer un cinéma qui ressemblerait à ses découvertes et à son désir de réinventer la vie. Quand la révolte contre la guerre (au Vietnam) et les discriminations se fit plus aigue, les caméras 16 mm se mirent en mouvement, pour documenter, informer, faire circuler, raconter partout, et aussi pour moquer, dénoncer et ébranler un régime trop certain de sa stabilité, trop sûr de n’avoir pas à « bouger ». Elles étaient là aussi pour interroger le mouvement, exposer ses doutes, dire le retour ou la persistance des drames et des rébellions. Il était tentant de redonner au public français les films qui avaient, pour beaucoup, disparu de la distribution, ou qui n’en avaient jamais obtenu.
On ne saurait enfin parler de ce qui « se passe » sans voir ou revoir les films que des détenus réalisent, grâce à des ateliers animés par des cinéastes, dans certaines prisons de France : écho discret mais indispensable de ce que le cinéma et le cinéma documentaire peuvent pour combattre les clichés touristiques, silence et noir de l’absence d’images.

C’est ainsi que se propose le 30e festival Cinéma du réel : comme une invite aux spectateurs à composer leurs itinéraires dans un paysage où la découverte et la mémoire ne sont jamais dissociés.
En hommage à celles et ceux qui ont créé la manifestation et l’ont fait durer.

Something is happening here but you don’t know what it is. Do you, Mr Jones?
Marie-Pierre Duhamel-Muller
Directrice artistique


ORGANISATION
Directrice artistique : Marie-Pierre Duhamel-Muller
Secrétaire générale : Elisabetta Pomiato
Cinéma du réel, Bibliothèque publique d’information
25 rue du Renard, 75197 Paris cedex 04
Tél : +33 (0)1 44 78 45 16

SERVICE PRESSE
Vanessa Jerrom
Vanessa Fröchen, Claire Vorger
Tél : +33 1 42 97 42 47
[email protected]

English

Cinéma du Réel is 30 years old
Since 1978, the Cinéma du Réel international documentary film festival has been an outstanding international meeting point, where the public and professionals discover the films of experienced authors as well as new talents, the history of documentary cinema as well as contemporary works. The festival programs some hundred films for its various sections, screened at the Centre Pompidou, the Centre Wallonie-Bruxelles, the MK2 Beaubourg film theatre, the Paris City Hall and several other theatres in the Ile-de- France area.

International Competition and French Competition
Some 50 French and international premieres, as well as encounters and discussions with the filmmakers.

Retrospectives and Special Programmes

Americana 67-72: Something’s Happening Here…
A selection of films where commitment and the driving forces of socio-political movements (against the Vietnam war, for Black empowerment or… for a different way of life) are translated into cinematographic vitality, narrative inventiveness, reinventions of documentary and fiction. The programme includes tributes to Shirley Clarke and Jim McBride.

In South-East Asia
From Kuala Lumpur to Manila, from Bangkok to Jakarta, documentary films lend images and sounds to long-buried stories, as witnessed by the works of filmmakers such as Garin Nugroho, Amir Muhammad, Raya Martin. The programme includes a tribute to Lav Diaz, the great Filipino poet of cinema, whose powerful films blend documentary and fiction into a lyrical experience.

The Theatre of Reality
In line with the first « theatre » event in 2005 with Frederick Wiseman, cinema and theatre come to meet around a shared « reality ». This time it will be Vivianne Perelmuter and François Christophe ideas about travelling.

Images / Prison: visions from inside
In several European countries, film-especially the documentary-has become a focus for workshops on filmmaking, projections and writing, organised within penal institutions. Here we attempt to understand what they mobilise within their makers and the spectators who watch them on the « outside ».

Figures of tourism : for a history of the « view »
It is well known that one part of the world makes a spectacle of the other part, and this does not date from the advent of digitalisation or miniaturisation of « picture-taking ». From the beginnings of cinema to the present day, what is being played out is a history of the « never seen » and the « already seen ». Modern tourism, with its desire for « authenticity » and « discovery, is the central theme of many films bearing the impossible dreams of the « first times ». Filmmakers take possession of tourist images, re-examine and re-compose them. The tourist as a character and tourist images as material for critical analysis guide a programme that mingles documentary and fiction, past and present, films and videos by plastic artists… to call into question the contemporary « view ».
In partnership with MNAM (Collections Cinéma et Nouveaux Medias), and in association with MK2 Beaubourg and ACRIF.

HD and focus – Sound and design
Filmmakers, cinematographers, critics and sound designers help us to understand how HD and 3D technologies impact filmic expression. The documentary is now subject to a set of practices in which an infinite number of possible techniques question its relationship to « reality ».
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