Événements

Bulu Fulassi : les parlophones
Dans le cadre du Festival des Arts de La Parole

Français

Contes & Musiques d’aujourd’hui

« Les premiers contes que j’ai écoutés datent des veillées nocturnesde mon enfance. Souvent racontées par les adultes, ces histoires pourtant si belles faisaient étrangement peur aux enfants. On ne pouvait les dire qu’à la tombée de la nuit ! Pourtant, d’autres histoires étaient quant à elles racontées clandestinement le jour, quand le village était désert et silencieux, à l’heure où les grandes personnes étaient toutes sorties pour les travaux des champs, à l’heure où les esprits gardiens du village venaient avec nous chanter, nous chuchotant d’étranges mélodies. C’est alors qu’entre enfants, on imitait la façon de faire de nos aînés. Ceux qui à ces moments-là s’imposaient, se distinguaient, pouvaient espérer la nuit venue qu’ils seront comme ici écoutés par les grands et les petits, lorsqu’ils oseront prendre la parole. Et si l’auditoire gardait le silence, cela voulait dire qu’il nous encourageait, que l’on commençait à savoir conter. On apprenait ainsi, sans le savoir, à dire les choses. La même histoire racontée, pouvait être d’une innocente puérilité ou au contraire, vous infl iger la plus troublante des angoisses. Tout dépendait de l’interprète et de son message. Mais ce qui par dessus tout a fait mon attachement au conte, c’est la profondeur que pouvaient prendre les choses dites, grâce à la force de la musique, à la puissance du chant qui rythme le récit et qui est, ici même, l’âme du conte.
J’ai choisi le français comme deuxième langue de mes histoires, à cause de la richesse généreuse et de la précision de cette langue. Cette langue française qui sait, elle aussi, sonner autrement, lorsqu’on s’amuse à déguiser ses accents, et qu’on lui propose d’autres règles de ponctuation. Elle prend alors une saveur inédite, nous offrant, pour un presque rien, une allure, juste une allure de poésie. La nature s’exprime à travers des choses simples. Mes histoires s’en inspirent, et parlent simplement aux grands et aux petits, sans toutefois leur dire les mêmes choses; chacun y trouve son « conte », selon sa propre expérience de vie. »
André Ze Jam Afane
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