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Effets coloniaux, lieux de pouvoir et héritage coloniaux en Guinée
L’exposition présente des clichés de l’ouvrage de Julien Brygo: Paris-Conakry : cinquante ans après le « non! » de Sékou Touré à de Gaulle, (Karthala), ouvrage de regards croisés et de témoignages sur les cinquante ans d’indépendance de la Guinée.

Français

Il y a cinquante ans, la Guinée d’Ahmed Sékou Touré disait « Non! » à la proposition de Communauté française du général de Gaulle. Un an après l’indépendance du Ghana de Kwame N’Krumah (ex-Gold Coast), le refus de Sékou Touré de se voir administré par la France sous quelconque dénomination ouvrira avec fracas l’ère des indépendances dans l’empire colonial français.

Le « Non! » de Sékou Touré provoquera le départ immédiat des troupes et du «matériel» colonial et le début d’une longue période teintée d’indifférence blessée, côté français, et de stigmatisation anti-francais, côté guinéen. Le chantre du panafricanisme africain, au pouvoir jusqu’en 1984, terminera dès lors tous ses discours par « L’impérialisme… à bas ! » ; « Le colonialisme… à bas !; « Honneur… au peuple ! » ; « Gloire… au peuple ! » ; « Victoire… au peuple! » et ainsi de suite. Tous ceux qui étaient accusés de «pactiser avec l’ennemi» (la France) furent forcés à l’exil ou, comme ce fut le cas pour les opposants politiques, promis à la mort dans le tristement célèbre Camp Boiro.

Cinquante ans après l’indépendance de la Guinée, si beaucoup de constructions coloniales ont disparu, il reste cependant des traces de ce que les hommes actuellement au pouvoir en France tentèrent en 2005 d’inscrire dans la loi comme des «effets» indiscutablement «positifs» de la colonisation : routes, constructions, ouvrages divers, ponts et autres infrastructures nécessaires à l’extraction des richesses de Guinée.
L’apprentissage de la langue française ne manque pas non plus d’être retenu au rang des effets bénéfiques de la présence impériale française. En Guinée, les «effets» de cette présence française, qui dura près d’un siècle, ne peuvent toutefois être considérés sans rappeler la mission civilisatrice – et économique – qui animait la France lors de ses conquêtes coloniales : une présence marquée par la domination, la certitude absolue d’une supériorité de civilisation, l’extraction forcée des matières premières qui assurèrent à la France un développement économique rapide et à la Guinée un asservissement de longue durée.

Cette série de photographies propose de revisiter quelques-uns des lieux de la présence impériale en Guinée. Dans beaucoup d’entre eux, le fantôme d’un départ furtif, effectué du jour au lendemain, plane encore, cinquante ans après le « Non! » guinéen. Les images de cette série sont accompagnées de textes écrits par différents intervenants, des inconnus de la diaspora, des chercheurs français ou des personnalités guinéennes sollicitées pour réaliser l’ouvrage Paris-Conakry. Ces légendes sont parfois des textes historiques inédits, comme les extraits de l’interview de Camara Laye ou du discours de Conakry – que le Général de Gaulle n’a pas intégré à l’ouvrage Discours et Messages, réunissant ses plus importants discours. Ces textes sont publiés ici avec l’aimable autorisation de la famille de Camara Laye et de la Fondation Charles de Gaulle.
Le travail exposé est issu de l’ouvrage Paris-Conakry, cinquante ans après le « Non ! » de Sékou Touré à de Gaulle, de Laure Bigourd et de Julien Brygo, Karthala, publié en 2008.

Julien Brygo
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