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DAVID GOLDBLATT – « TJ », 1948 – 2010
Exposition du photographe sud-africain, Lauréat du Prix HCB 2009

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« TJ », 1948-2010

L’acronyme « TJ » (« Transvaal, Johannesburg »), provient de l’ancien système d’enregistrement des véhicules sud-africains avant l’informatisation. Ces lettres qui désignent la ville et la province dans lesquelles les véhicules étaient enregistrés induisent un sentiment d’appartenance selon David Goldblatt. C’est une manière « intime » pour lui de désigner la ville de Johannesburg, où il vit depuis de nombreuses années et sur laquelle il ne cesse de travailler. L’époque de TJ est aujourd’hui révolue mais bien des aspects de Johannesburg n’ont pas changé.

Johannesburg est une ville fragmentée avec une histoire complexe et douloureuse. La ville naît en 1886 grâce à la découverte des mines d’or. Dès le début, les blancs qui dirigent les services publics et les compagnies minières mettent en place la ségrégation raciale
réduisant les populations noires à l’état de simple main d’oeuvre. En 1948, l’Apartheid est proclamé, les personnes de couleur sont consignées dans des quartiers dont les noms ne laissent aucun doute sur l’intention de cette mesure, à savoir éloigner ces populations du
centre-ville et donc de toute possibilité d’intégration. Pour David Goldblatt, l’un des pires effets de l’Apartheid c’est qu’il a empêché d’appréhender le mode de vie de l’autre. En 1994, Nelson Mandela est élu premier président noir d’Afrique du Sud et célèbre la fin de
l’Apartheid dans son discours d’investiture. La chute de l’Apartheid a entraîné un retour des populations noires et pauvres dans le centre de Johannesburg. Ce sont donc aujourd’hui les populations blanches qui se déplacent vers les banlieues, se protégeant à outrance pour éviter la criminalité, omniprésente dans la ville.

La carrière de David Goldblatt est rythmée par l’histoire tourmentée de son pays natal, l’Afrique du Sud. Il a toujours photographié la ville de Johannesburg, suivant son histoire et son évolution, attentif aux lieux et aux populations. Pendant l’apartheid David Goldblatt photographie « des deux côtés » : les Afrikaners d’abord, puis l’univers des Noirs sudafricains dans les années 1970. En 2009, il reçoit le Prix HCB. Cette bourse lui a permis de poursuivre son travail sur cette ville aux mille visages, en perpétuel changement. Cette exposition s’attache à traverser la carrière du photographe, depuis ses photos de
« l’époque TJ » à ses travaux les plus récents qui explorent les liens entre la criminalité et l’urbanisme.

Le premier étage de l’exposition présente des images de « l’époque de TJ », témoignages en noir et blanc réalisés entre 1948 et 1990. Cette sélection d’une soixantaine de tirages donne à voir des fragments de vie prélevés pendant ces années où les lois se multipliaient pour mettre les personnes de couleur à l’écart, réduisant leurs maisons, leurs commerces à l’état de ruines. David Goldblatt a sans cesse renouvelé son approche dans un même pays, ce qui est exceptionnel ; utilisant tour à tour différents formats (24×36, 6×6, et la chambre grand format, couleur et noir et blanc). Les tirages sélectionnés sont tous des tirages
argentiques d’époque réalisés par David Goldblatt.

Le deuxième étage rassemble les travaux plus récents de David Goldblatt, réalisés après la chute de l’Apartheid. Dans cette série, Goldblatt s’intéresse aux « ex-offenders », les invitant à retourner sur la scène des crimes qui les ont conduits devant la justice et en les
photographiant au même endroit. Sur les murs de la Fondation HCB, sont présentés vingt portraits en noir et blanc d’hommes et de femmes, chacun racontant leur histoire faite de petits délits, de meurtres, de prison et d’espoir. Espoir de s’en sortir et de pouvoir connaître un avenir meilleur. Je ne crois pas que beaucoup d’entre eux soient fondamentalement mauvais, déclare Goldblatt. Ils en sont venus à faire ce qu’ils ont fait pour diverses raisons. Un contexte familial difficile, un système d’éducation défaillant, la drogue semblent être des facteurs récurrents qui ont influés sur leur comportement criminel.

Parallèlement, la galerie Marian Goodman présentera du 15 janvier au 19 février 2011 une sélection de photographies noir et blanc provenant de la série « TJ » dont une sélection de tirages au platine.
Infos : [email protected]

Exceptionnellement, une rencontre avec David Goldblatt animée par Quentin Bajac aura lieu le 12 janvier, à 19h30 au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. www.mahj.org
Inscription indispensable par mail : [email protected]

Le catalogue, publié en français par Contrasto regroupe 270 photos de 1948 à 2010, qui donnent une vision d’ensemble de la prolifique carrière de David Goldblatt. 316 pages. Prix de lancement : 39 €.

Le Prix HCB, soutien à la photographie contemporaine

David Goldblatt reçoit en 2009 le prix HCB pour son projet « TJ », travail en cours sur la ville de Johannesburg. Sa candidature était présentée par Janette Danel-Helleu.
Ce prix a été décerné par un jury international composé de sept personnalités du monde des arts : Martine Franck (Photographe, Présidente du jury), Antoinette Seillière (Vice-Présidente de la Fondation Croix Saint-Simon, Représentante du Groupe Wendel), Nissan Perez (Conservateur en chef du département de photographie au Israël Museum, Jerusalem), Oliva Maria Rubio (Directrice des expositions à La Fabrica, Madrid), Agnès Sire (Directrice de la Fondation Henri Cartier-Bresson), Sam Stourdzé (Directeur du Musée de l’Elysée, Lausanne), et Thomas Weski (Professeur à l’Académie des arts visuels, Leipzig et commissaire d’exposition).

Le Prix HCB, l’exposition et le livre sont rendus possible grâce au soutien du Groupe Wendel.
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