Événements

Enfer du Cuivre / Casseurs de Granit (L’)
Nyaba Leon Ouedraogo

Français

Nyaba Léon Ouedraogo aurait pu finir coureur de 400 m. Mais cet athlète burkinabé s’est finalement tourné vers la photographie. Depuis 2008, il sillonne le continent africain à la recherche de sujets cruciaux
auxquels il tient : des sujets ayant une portée politique, économique, sociologique et écologique.

Dans les deux séries que nous présentons pour sa première exposition à La Galerie Particulière, L’enfer du cuivre et Casseurs de granit, Leon Nyaba Ouedraogo se fait le témoin des conditions de vie des ces travailleurs victimes d’une mondialisation dévorante et impitoyable. Il rend compte de la dureté des manipulations répétées, de la déshumanisation d’un système économique injuste, de l’exploitation d’hommes qui passent leurs vies chaque jour dans des conditions de travail dramatiques.

« Le but est de témoigner du présent. Dans mes images, je recherche une attitude non pas neutre, mais naturelle, afin d’éviter que les protagonistes cherchent à contrôler leur image, qu’ils « posent » devant l’objectif. Je les ai photographiés dans leurs lieux de travail, avec une liberté qui m’est propre. J’ai ainsi voulu donner une vision synthétique du phénomène ».

L’Enfer du Cuivre :
Le Ghana est devenu ces dernières années l’une des principales destinations des déchets électroniques en provenance de l’Europe et des États-Unis. À Accra, la capitale, un véritable marché s’est développé autour du trafic des « e-déchets », un business illégal mais toléré parce qu’il représente une véritable manne financière. Des grossistes ghanéens rachètent ce matériel qui est ensuite acheminé vers la décharge d’Accra, pour y être brûlé par des enfants. Le cuivre récupéré sera revendu aux Nigérians ou aux Indiens qui le transforment, notamment, en bijoux bon marché destinés à l’Europe. Selon l’ONU, jusqu’à cinquante millions de tonnes de déchets électriques et électroniques sont produites chaque année. Les conséquences environnementales et sanitaires en sont dramatiques.
La décharge d’Agbogbloshie Market s’étend sur près de 10 kilomètres. Dès l’aube, et jusqu’au coucher du soleil, des dizaines de Ghanéens âgés de 10 à 25 ans s’épuisent, sept jours sur sept, à démonter les vieux ordinateurs et à brûler les composants en plastique ou en caoutchouc pour récupérer le précieux copper, ce cuivre qui sera ensuite revendu. Le travail se fait à la main ou avec des outils de fortune dénichés au milieu des immondices, sans masques, ni gants. Selon un rapport de Greenpeace datant de 2008, les enfants d’Agbogbloshie Market sont exposés à des substances et à des matériaux particulièrement dangereux extrêmement nocifs pour leur santé : le plomb endommage les systèmes nerveux, sanguin et reproductif, le mercure est nocif pour le cerveau, le PVC, une fois brûlé, dégage des substances chimiques cancérigènes pouvant aussi entraîner des problèmes respiratoires, cardio-vasculaires et dermatologiques. Ces substances libérées lors des incinérations contaminent également le canal à proximité et le terrain sur lequel se situe la décharge et où viennent paître vaches et moutons, au milieu des carcasses d’ordinateurs.

Casseurs de Granit :
L’exploitation du site granitique de Pissy, dans le secteur de Ouagadougou, au Burkina Fasso, date de la période coloniale : il servait à l’origine à fournir les matériaux nécessaires à l’élaboration de la ligne de chemin de fer. Toujours en activité et en extension, il empiète chaque année un peu plus sur les terres agricoles qui se vident peu à peu des femmes et hommes qui les exploitaient, contraints de venir augmenter
le nombre des travailleurs qui extraient la pierre.

Les conditions de travail, de logement et d’hygiène, la fumée provoquée par le caoutchouc de pneus de voitures brûlés sans discontinuer, la chaleur de ce feu nécessaire à l’extraction de la pierre ainsi facilitée,
tout ceci est source de graves maladies et représentent un danger sanitaire et environnemental lourd.
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