Événements

Carnet de notes pour une orestie africaine
film de Pier Paolo Pasolini (1970, documentaire, Italie, 1h15) proposé par l’association Cinétic Cinéma le jeudi 18 octobre 2012, 18h00, à l’Auditorium de la Maison des Etudiants (Université de Bordeaux 3). Entrée gratuite

Français

En 1959, Vittorio Gassman demande à Pasolini une traduction de l’Orestie d’Eschyle, pour une mise en scène avec Luciano Lucignani et le Teatro Popolare Italiano au Théâtre Grec de Syracuse. Œuvre d’un poète, la traduction est de ces « belles infidèles » qui s’imprègnent avec bonheur de l’univers esthétique et théorique de leur traducteur. Quelques années plus tard, Pasolini approfondit cette « réappropriation » du texte d’Eschyle : entre 1968 et 1970 il tourne en Afrique et à Rome un film hors norme, un Carnet de notes pour une Orestie africaine, présenté comme une suite de notes filmées sur un film à faire. Œuvre hybride, polyphonique, qui tient du collage et fait de l’inachevé la structure même du film, le Carnet de notes est un splendide objet non identifié, une expérimentation formelle qui paya cher sa modernité et entra an panthéon des films maudits, refusés par la distribution cinématographique et par la télévision.

1970, Italie, 72 min, N&B, 1.37, mono, VISA : 46 655

Réalisation/Direction Pier PAOLO PASOLINI
Scénario/Screenplay Pier Paolo Pasolini, d’après Eschyle
Photographie/Cinematography Pier Paolo Pasolini, Giorgio Pelloni, Mario Bagnato, Emore Galeassi
Son/Sound F. Savina, G. Pelloni
Montage/Editing Cleofe CONVERSI, Pier PAOLO PASOLINI
Musique/Music Gato BARBIERI
Production Gian Vittorio BALDI pour Idi Cinematografica (Rome)
Interprétation Groupe d’étudiants africains de Rome à La Sapienza

Fragments d’une oeuvre à jamais suspendue, Carnet de notes pour une Orestie africaine raconte à la fois un film en train de se faire et un film qui ne s’est jamais fait. Photographié dans un noir et blanc somptueux, ce document visuel unique aux allures d’essai illustre la recherche intellectuelle et formelle d’un grand cinéaste. Visionnaire, Pier Paolo Pasolini (Salò ou les 120 journées de Sodome) associe mythes anciens et sociétés postcoloniales africaines, faisant résonner la réalité des années 70 avec l’Histoire antique.

De la même manière que pour Notes pour un film sur l’Inde ou Repérages en Palestine pour « L’Évangile selon saint Matthieu », Pasolini cherche dans une forme de cinéma direct les bases d’un projet de fiction, ici l’adaptation contemporaine et africaine de L’Orestie d’Eschyle. Sous forme de plans qu’il commente presque toujours, Pasolini confronte ses idées, interroge les visages et les paysages, pense à haute voix, et nous entraîne clandestinement de la description réaliste à l’évocation poétique, regardant la tragédie naître d’un plan de travail.

LE REGARD UNIQUE DU RÉALISATEUR DE SALÒ SUR L’AFRIQUE DES ANNÉES 70

Ce documentaire est un véritable découverte pour le public cinéphile et pour tous ceux qui s’intéressent au cinéma italien, qui ici rencontre la culture africaine.
Des thèmes comme le mythe, la politique, l’esthétique, plusieurs fois analysés par Pasolini, sont accompagnés par la musique de Gato Barbieri et par une jazz session tenue par Yvonne Murray et Archie Savage.


« Pour connaître Pasolini, il faut revoir l’intégrale de ses essais documentés, qu’il a lui-même appelés ses Appunti ou Carnets de notes. »
Hervé JOUBERT-LAURENCIN (Université de Rennes 2)


AU CINÉMA EN COPIE NEUVE & EN ÉDITION dvd COLLECTOR
LE 22 AVRIL 2009
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