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Rencontres photographiques d’Arles 2015

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"Hybridation, contamination, confrontation, friction, la photographie se réinvente par contact, au croisement des disciplines et des tendances. Elle est en elle-même un lieu de rencontres aux dialogues transdisciplinaires qui rappellent sa vigueur. Aujourd’hui encore, elle continue de nous surprendre par sa capacité à mobiliser des enjeux artistiques mais aussi sociaux, culturels, historiques Et les biens nommées Rencontres de la photographie agissent comme une caisse de résonance, se faisant l’écho et le promoteur des pratiques artistiques tant historiques que contemporaines." Sam Stourdzé, Directeur des Rencontres d’Arles



Les traces africaines de l’édition 2015 :  

 

Le photographe Omar Victor Diop est le seul photographe africain présenté cette année. Son travail Diaspora a été mis en lumière par la commissaire d'exposition française Claire Jacquet dans la section "Emergences" du festival.

Connu pour ses portraits d’artistes et d’activistes, avec Diaspora, Omar Victor Diop est l’auteur d’une impressionnante série de douze autoportraits où il incarne des personnages historiques. S’installe un jeu de dualité. Ainsi, un Jean-Baptiste Belly, Sénégalais né en 1746 à Gorée, vendu comme esclave dans les Antilles françaises, devenu membre de la convention en pleine Révolution, se dédouble en star du football. Un passe-passe étonnant, une manière originale de sortir de l’oubli ces personnalités au parcours remarquable qui ont vécu au temps des colonies et des traites négrières.  

 

Les photographes italiens Alex Majoli et Paolo Pellegrin présentent un regard sur le Congo-Brazzaville dans la sélection "Les plateformes du visible".

Alain Mabanckou, préfacier de l'ouvrage Congo, présente ainsi le travail de Majoli et Pellegrin: « Le photographe est, dans une certaine mesure, le peintre de la lumière. Il arrive cependant qu’il jongle sans cesse avec l’ombre afin d’insuffler à celle-ci une vie réelle et de nous donner à voir la face cachée de la réalité. C’est ce qui se joue en grande partie dans cette exposition dont le personnage principal est le Congo, mon pays d’origine, que je revisite grâce à Alex Majoli et Paolo Pellegrin. Ils ont évité avec succès les écueils que l’on rencontre le plus souvent lorsqu’un oeil occidental se pose sur l’Afrique et privilégie le reportage anthropologique ou le récit de voyage exotique. Alex Majoli et Paolo Pellegrin confirment que la vraie photographie est, au fond, celle qui redonne une existence autonome ou un sens particulier à ce qui nous paraît lointain, voire sans intérêt. La vraie photographie sait composer avec la pudeur sans pour autant s’adonner à l’autocensure. C’est ce juste milieu que l’on ressent dans ce travail. Le résultat ne trompe pas : l’émotion est présente, et elle est souvent poignante ».

 

La programmation des Rencontres d’Arles donne également à voir des collections privées sous l’étiquette "Etranges collectionneurs". Souvenirs du Sphinx y est présenté par la commissaire Luce Lebart : « Longtemps resté à l’ombre des pyramides, le succès iconographique du Sphinx est encouragé par le dessin et la gravure : il prend toute son ampleur avec la photographie. La collection de Wouter Deruytter décline les occurrences imagées de cette sculpture solitaire et monolithique. C’est ainsi que le Sphinx se déploie sous des ciels d’albumine, de collodion ou de gélatine. Témoin de la naissance de l’archéologie et de l’essor du tourisme, le Sphinx assiste, immobile, au défilé des voyageurs. Les photographies monumentales de Wouter offrent du Sphinx une vision inédite. Explorant les abords et l’intérieur du géant à corps de lion, le photographe nous invite au cœur de la plus énigmatique des sculptures. Ce travail et cette collection nous disent combien la conscience patrimoniale se déplace d’objets en objets. Après avoir accompagné et documenté l’admiration pour le Sphinx, c’est au tour de la photographie elle-même d’être conservée et offerte à la contemplation. ».

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