Événements

Les Récréatrales
3e Résidences Panafricaines d’Ecriture, de Création et de Formation Théâtrales – 12 semaines, 4 Compagnies, 10 pays, 4 textes, 4 créations, 4 ateliers de formation, une centaine d’artistes !

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Les Récréatrales 2004

La Compagnie Falinga et le Théâtr’Evasion (Burkina F.) en partenariat avec le Sokan Théâtre (Côte d’Ivoire) présentent les 3èmes Festival et Résidences panafricaines d’écriture, de création et de formation théâtrales.

Introduction

L’Afrique en général, et l’Afrique francophone au sud du Sahara en particulier, foisonne désormais de manifestations culturelles et artistiques embrassant tous les domaines : cinéma, théâtre, danse, musique, photographie, etc. Ces dernières décennies, dans le domaine des arts de la scène, les festivals se sont multipliés : FITMO, FITD, Racines, Réalités, MASA, RETIC… sont devenus des rendez-vous incontournables. Ces festivals et rencontres professionnels témoignent de l’enthousiasme toujours grandissant des artistes, des créateurs et des promoteurs culturels africains. Ils révèlent leur talent et la volonté urgente d’une Afrique qui questionne, s’exprime et tente de participer coûte que coûte à l’expression plurielle contemporaine. Cette dynamique est fort heureusement soutenue par plusieurs partenaires sans lesquels l’ambition des artistes africains peinerait à se concrétiser, tant les politiques intérieures des Etats, malgré certaines options volontaristes, se heurtent à des priorité de santé, d’éducation, de restructuration économique. Cependant, en amont de ces festivals, tournées, rencontres multiformes, des problèmes persistent : Qui aujourd’hui en Afrique peut s’affirmer comme dramaturge, trouver des occasions de travailler son écriture et voir son oeuvre portée à la scène ? – Quels comédiens africains, pourtant de plus en plus nombreux sur les planches, ont bénéficié d’une formation de qualité ? – Quelle compagnie bénéficie de subventions à la création, lui permettant d’amener un texte à la scène sans précipitation, en se donnant le temps de mener les recherches qui s’offrent à elle et de recourir à des techniciens qualifiés capables d’accompagner cette démarche ?
Si donc, en aval, un foisonnement artistique est perceptible, les créations africaines dénotent souvent des faiblesses dues au manque de moyens dont les projets pâtissent en amont, tant aux plans de l’écriture dramatique que de la formation des comédiens et du travail dramaturgique. C’est pour répondre à ces insuffisances qu’est née, il y a trois ans à Ouagadougou, l’aventure des premières Résidences d’écriture, de création et de formation théâtrales panafricaines : les Récréatrales. Etienne Minoungo

Les Récréatrales: une « Villa Medicis » en Afrique

Pour la troisième année consécutive, les Récréatrales renouvellent leur pari fou. En permettant à des auteurs, des comédiens et des metteurs en scène, venus d’Afrique et d’Europe, non seulement de se rencontrer mais aussi de se perfectionner et de mener de bout en bout un projet de création, ces résidences s’affirment comme un exceptionnel laboratoire d’échanges, de formation et de création théâtrales : une véritable « Villa Médicis » en Afrique. Durant trois mois, du 1er août au 31 octobre 2004, quatre équipes de création originaires de neuf pays (Burkina Faso, Togo, Côte d’Ivoire, Bénin, Niger, Congo Brazzaville, Suisse, Belgique, France) sont réunies à Ouagadougou dans le cadre des Récréatrales 2004. Soit, au total, plus de cinquante artistes. Les Récréatrales se déroulent en trois phases : le mois d’août est consacré en grande partie aux ateliers de formation : écriture dramatique pour les auteurs, expression corporelle et jeu de l’acteur pour les comédiens et les metteurs en scène (voir p.12). A partir de début septembre, commence la phase de création proprement dite. Chaque équipe, composée de sept personnes (auteur, metteur en scène, comédiens et scénographe) se retrouve dans un lieu de répétition, à son entière disposition, pour créer son spectacle (voir p.8 à 11). Enfin, à partir du 22 octobre, les Récréatrales 2004 s’achèveront par un festival qui présentera les quatre pièces créées dans le cadre des résidences ainsi que deux spectacles des éditions précédentes.

Réinventer le théâtre

Les Récréatrales, c’est aussi et surtout une volonté commune de réinventer le théâtre à travers une démarche de création originale que tous les participants acceptent d’expérimenter. Sa méthodologie ? Déconstruire le processus de création ordinaire, qui pose le texte dramatique écrit comme un préalable à la mise en scène, pour tenter d’inventer un nouveau théâtre : un « théâtre en construction ». Cette démarche, initiée en 2000 par deux compagnies théâtrales burkinabè, Falinga et Théâtr’Evasion, a une histoire. Pour créer un spectacle commun intitulé « La République danse », l’auteur, Etienne Minoungou et le metteur en scène, Ildevert Méda décident de partir d’un canevas d’histoire et de pousser progressivement les comédiens à accoucher d’un texte qui corresponde au mieux à leur personnage. Cette expérience, tout en soulevant un flot de questions artistiques, s’avère extrêmement stimulante. Donner la priorité chronologique au travail de la scène sur celui du texte, en mettant à nu le comédien, dans la précarité et la plus grande insécurité, ouvre les pistes de nouvelles façons de créer. Guidée par l’auteur et le directeur d’acteur, l’improvisation devient le centre d’une explosion créatrice où se mêlent les intuitions des comédiens, du dramaturge et du metteur en scène. L’histoire et les personnages se construisent dans cette inspiration conjointe. Cette démarche s’inscrit aussi dans ce qui fait la spécificité du continent africain : la prégnance de la tradition orale. « Il s’agit de voir dans quelle mesure nous pouvons faire un nouveau théâtre, en partant d’un travail sur la parole, élément fondateur de nos cultures », résume Etienne Minoungou. A chaque édition, les enjeux dramaturgiques de cette démarche ne cessent d’être débattus. En proposant cette aventure commune difficile et passionnante, au potentiel créatif indéniable, les Récréatrales jouent pleinement leur rôle de laboratoire interculturel de recherche théâtrale.

2004 : l’année de tous les défis

2004 s’annonce pour les Récréatrales une année essentielle, charnière. Plus que jamais, par les enjeux qu’elles impliquent, ces résidences apparaissent d’une pertinence et d’une nécessité certaines dans le paysage théâtral en Afrique. Rappelons qu’elles se fixent cinq objectifs : – favoriser l’émergence d’une nouvelle dramaturgie contemporaine africaine, – proposer une démarche dynamique d’approche de création en donnant le temps et les moyens à des créateurs d’aller jusqu’au bout d’un chantier de création – permettre l’accès à des formations internationales et à des accompagne- ments pédagogiques adaptés. – mettre en oeuvre des alternatives aux problèmes d’édition et de diffusion des textes dramatiques en Afrique, – redynamiser le répertoire théâtral africain sur la scène internationale. Confirmer une dimension internationale Depuis qu’elles existent, les Récréatrales ne cessent d’évoluer. C’est bien tout l’intérêt de ces résidences de création. En affirmant leur rôle de laboratoire de formation, de recherche et de création, elles revendiquent une perfectibilité et des réajustements nécessaires. Mais d’ores et déjà, on peut saluer la présence dans de grands festivals internationaux de plusieurs pièces créées aux éditions précédentes. « L’Oeil du cyclone » de Luis Marquez a été applaudi au Fitheb (Bénin), au Fitd (Burkina Faso) et au festival de Limoges. « Madame, je vous aime » d’Etienne Minoungou au Théâtre international de langue française (Tilf) à Paris puis au Festival international de théâtre africain (Fita) en Belgique. Sans oublier « Du Gombo pour deux légumes » d’Alfred Dogbé, programmé à la dernière édition de Ouaga Hip Hop et au prochain Fita. Ou encore « Le Réveil des zombies », de Modibo Coulibaly Tchigata que le public de Yaoundé découvrira lors des prochaines Rencontres Théâtrales Internationales du Cameroun (Rétic). L’édition 2004 se place plus que jamais sous le signe de la diversité culturelle francophone. Tout d’abord, avec un projet audacieux, ambitieux, qui réunit des artistes venus de huit pays : l’adaptation de « Richard III » de Shakespeare. Mais aussi en invitant pour la première fois une compagnie d’Afrique centrale : pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit des « Bruits de la rue » du Congo Brazzaville,fondée par deux frères iconoclastes, Dieudonné et Criss Niangouna, dont le talent s’arrache déjà en Afrique comme en Europe. Ainsi, les Récréatrales accentuent leur dimension interculturelle et internationale tant dans le domaine de la création que de la diffusion.

Dans l’environnement du Sommet de la Francophonie
Autre défi pour cette édition : jouer pleinement son rôle dans le contexte particulier de l’année 2004, celle de la Francophonie au Burkina Faso. Fin novembre, Ouagadougou accueillera le 10ème Sommet des Chefs d’Etats et de gouvernements francophones, sur le thème du « développement durable ». Avant de passer à un rythme biennal, les Récréatrales tiennent à être présentes dans l’environnement de ce Sommet. Non seulement pour rappeler à tous, et notamment aux dirigeants africains, que la culture doit être considérée comme un agent de développement mais aussi pour affirmer que la création théâtrale a un rôle indéniable à jouer dans la rencontre tolérante des cultures et de l’appartenance citoyenne.

De Shakespeare à l’univers du foot
Espace ouvert, interdisciplinaire, qui se veut au coeur des problématiques dramaturgiques contemporaines, les Récréatrales relèvent aussi le pari de la diversité artistique et thématique. Comme en témoignent les quatre projets qui vont voir le jour dans le cadre de ces résidences. Aussi différentes soient-elles, chaque création affirme une approche renouvelée tant thématique qu’esthétique. Avec l’adaptation de « Richard III » par le dramaturge nigérien Alfred Dogbé (voir p.8), ce sont tous les échos contemporains de cette tragédie politique qui sont appelés à résonner. Notamment, en Afrique, les questions du pouvoir, de la violence politique, du destin individuel face à la communauté et des intrigues familiales… La compagnie congolaise des « Bruits de la rue » (voir p.9) opte, quant à elle, pour l’expérimentation tous azimuts. Peintures corporelles, création multimédia, musique live, implication du public, « Banc de touche », fable « mystique et footballistique » s’annonce un spectacle hors norme, jubilatoire et décalé. L’équipe du Togo (voir p.10), qui réunit l’un des pères du théâtre togolais, Béno Sanvee de la compagnie Zitic, et le jeune auteur, récemment publié aux éditions Lansman, Rodrigue Norman, cristallise tout autant les attentes. D’autant qu’elle choisit d’aborder un thème encore peu traité au théâtre : le rêve d’exil en Occident de millions de jeunes Africains et la difficulté d’être de ceux qui partent puis reviennent. Sans oublier la jeune compagnie burkinabè « Eclats de Sosaf » (voir p. 11) qui présente elle aussi un projet ambitieux et novateur. « L’Aube des renaissances », de Gaétan Somé, emprunte « les contours d’un drame liturgique » pour interroger le passage de la vie à la mort. Soutenir la production d’oeuvres tout à la fois novatrices et accessibles, à même de rencontrer des publics différents, en Afrique comme en Europe, tel est donc le troisième défi des Récréatrales 2004. Qui semble répondre à une réelle aspiration de par et d’autre des continents. Comme en témoigne l’afflux croissant de candidatures pour chaque nouvelle édition. Cette année, le comité artistique, a d’ailleurs eu la tâche particulièrement difficile, tant l’intérêt et le professionnalisme de plusieurs projets s’avéraient indiscutables. C’est finalement l’audace et le souci d’inventivité des trois créations retenues qui ont fait la différence. Rappelons que « Richard III » n’a pas fait l’objet d’une sélection. Projet pilote, un brin provocateur en cette année de la francophonie au Burkina Faso, il émane de la rencontre lors de l’édition 2003 d’Etienne Minoungou et Ildevert Méda, complices de toujours, avec Alfred Dogbé, participant à la résidence, et Barbara Liebster, venue animer l’atelier de mise en scène. Tous les quatre forment alors le rêve de la création de « Richard III ». Projet exceptionnel pour une année exceptionnelle : en réunissant les meilleurs comédiens des deux précédentes éditions des Récréatrales, venus de huit pays (Togo, Bénin, Niger, Côte d’Ivoire, Burkina, Belgique, France et Suisse), cette création leur permet de se retrouver et de poursuivre, dans le cadre de ces résidences, leur perfectionnement et leurs recherches personnelles.

Approfondir les trois axes majeurs des précédentes éditions
Enfin en allongeant d’un mois la durée de la résidence par rapport à l’édition 2003, les Récréatrales 2004 se donnent aussi les moyens d’approfondir et d’améliorer les quatre axes majeurs qu’elles développent. Désormais, les volets pédagogiques et de recherche dramaturgique ne se déroulent que le premier mois. Durant cette phase, les participants suivent non seulement des ateliers mais ils se confrontent aussi à la démarche de création propre aux Récréatrales. Chaque jour, les auteurs, venus avec un texte en chantier, le mettent à l’épreuve de la scène et des comédiens. Phase intense d’enrichissement, d’expérimentation, de jaillissement, mais aussi de déstabilisation et de débat. Puis, après une semaine transitoire, s’ouvre début septembre la période proprement dite de création. Un espace de répétition et un budget pour la scénographie sont alors octroyés à chaque équipe. Innovation : la mise en place d’un atelier de scénographie et d’une assistance technique qui accompagne les créations tout au long de leurs processus. Chaque semaine, une équipe sera invitée à présenter son travail en cours aux autres participants et à recueillir leurs impressions. Moments intenses d’échange et de réflexion sur la pratique théâtrale, ces « rotations » constituent une spécificité fondamentale des Récréatrales. Cette année, ces réunions s’enrichissent de rencontres (voir p.14), animées par des personnalités européennes et africaines du monde du théâtre. Car l’échange et l’aventure collective humaine et artistique demeurent le coeur même des Récréatrales. Pour toutes ces raisons, 2004 s’annonce donc une étape des Récréatrales particulièrement riche, pleine de défis, et qui nous rapproche, sans aucun doute, de l’outil artistique, culturel et politique unique dont nous rêvons.

Les créations

« Richard III » de Shakespeare
Auteur de l’adaptation de la pièce : Alfred Dogbé (Niger) Metteur en scène : Barbara Liebster (Suisse), assistée de Ildevert Méda (Burkina Faso) Comédiens : Etienne Minoungou, Alain Héma et Anatole Koama (Burkina Faso) ; Carole Lokossou (Bénin) ; Ado Saleh Mahamat et Adama Akili (Niger) ; Simon Aka et Josiane Yapo (Côte d’Ivoire) ; Roger Atikpo (Togo) ; Stéphane Witschi (Suisse) ; Irène Seye (France) Musique: Tim Winsé (Burkina Faso) Scénographie : Papa Kouyaté (Burkina Faso) ; création lumière : Emmanuel Deck (Belgique) ; costumes : Gabi Rham (Suisse) L’auteur : Ecrivain et dramaturge, Alfred Dogbé est directeur de la compagnie Arène Théâtre et du Centre libre d’étude et de formation (Clef) à Niamey. Né à Niamey en 1962, de parents d’origine togolaise, il a été enseignant puis journaliste. Dans les années 90, il publie ses premiers textes de fiction dans l’hebdomadaire indépendant qu’il a cofondé : l’Arène. En 1997, son recueil de nouvelles « Bon Voyage, Don Quichotte » est publié aux éditions Lansman. Il a créé sa dernière pièce « Du Gombo pour deux légumes » lors des Récréatrales 2003. Le metteur en scène : Née en 1958 à Bruno (Tchécoslovaquie) et résidant en Suisse, Barbara Liebster a mis en scène plus d’une une vingtaine de pièces, dont « Zorn », notamment au Schauspielhaus de Zürich. Avec sa Cie Liebster + Ensemble, elle crée des pièces expérimentales. Enseignant parallèlement au conservatoire de Zürich, elle travaille à l’Université des Beaux-Arts sur les installations de performances. Elle réalise aussi de nombreuses pièces radiophoniques pour des radios suisses allemandes et allemandes. Ce qu’ils disent de leur création : « Ecrire une adaptation de « Richard III » est un vrai pari. Ce qui nous intéresse, c’est de montrer à quel point ce texte est actuel, tout en conservant la structure, le rythme et la saveur du texte original. Nous sommes donc dans un jeu subtil, entre fidélité et trahisons. Certaines sont délibérées afin de permettre une compréhension directe de la pièce. Comment le mensonge politique crée-t-il l’événement et façonne-t-il l’opinion ? Voilà la question centrale de la pièce. Et cette question est d’une actualité brûlante, particulièrement en Afrique. Tout comme à l’époque de Richard III, nos sociétés traversent des périodes de transition, troubles, difficiles, qui marquent le passage de l’autocratie à l’émergence de la société civile. »

« Banc de touche »
Compagnie Les Bruits de la rue (Congo) Auteur : Dieudonné Niangouna Metteur en scène : Emmanuel Letourneux Comédiens : Stella Loko ; Sylvie Pomos Dyclo ; Audifax Moumpossa ; Célestin Mokono-Nkela ; Ludovic Louppé. Scénographe : Emmanuel Letourneux Musique : Moussa Coulibaly (Burkina Faso) L’auteur : Né en 1976 à Brazzaville, Dieudonné Niangouna est venu au théâtre dans les années 90. En 1997, avec son frère Criss, il fonde la Cie « Les Bruits de la rue » au sein de laquelle il signe ses premières mises en scène à partir de ses textes : « Carré Blanc » et « Intérieur-Extérieur ». Aujourd’hui, ses textes sont montés en Afrique comme en France (notamment par Jean Paul Delore, Sophie Lecarpentier, Rolland Fichet). Cet auteur, metteur en scène et comédien est également directeur artistique du festival Mantsina sur scène à Brazzaville depuis 2003. Le metteur en scène : Après avoir enseigné l’esthétique théâtrale et la dramaturgie à l’Université Paris X, Emmanuel Letourneux s’oriente vers la création, l’action et les échanges artistiques in situ, de Kinshasa à Glasgow, Alès ou Lille. Créateur de dispositifs interactifs, de spectacles de rue et scénariste, il développe depuis 1997 une suite de créations avec des artistes africains (Arrêt Kardiak (1998), The Beatification of Area Boy (2001), Le lièvre et l’Avion (2002). En parallèle, il lance en France un projet de création politique participative les médias immédiats, dont l’Affiche Vivante est la plus récente expression. Ce qu’ils disent de leur création : « Au départ, Dieudonné Niangouna avait le projet fou d’une pièce pour six interprètes, mais des milliers de personnages : un sport d’équipe où chacun, comme un sportif de haut niveau, n’a d’autre choix que de repousser ses limites habituelles pour se démultiplier et atteindre son but. « Banc de Touche » est une histoire de Football : celle d’un monde où sport-spectacle et sexe dansent un sabbat inattendu sous les applaudissements et la violence fanatique d’une foule confondue, parce qu’elle est en confusion. (…) Quel théâtre troussons-nous ici ? Un théâtre que nous aimerions vraiment nouveau, mais aussi enraciné. Un mélange au goût nouveau, sous l’inspiration de maîtres samplés, dans une harmonie qui fait mal. Alors en vrac : Artaud, tenant la main de Brecht, interpelle Guy Debord au domicile de Sony Labou Tansi, pour souffler dans nos bronches et frapper nos tibias en caisse de résonance dans ce foutu vingt et unième siècle qui nous oblige frères. » Emmanuel Letourneux, journal de bord de la création consultable sur le site : www.euxetelles.org

« Chronique des années du partir »
Compagnie 3C (Togo) Auteur : Norman Rodrigue Metteur en scène : Beno Sanvee Comédiens : Bérénice Agbégninou ; Eric Mitchikpe ; Eklu-Natey Ablodevi ; Abalo Hounbedji Scénographe :Edo Lawson L’auteur : Né en 1980 à Atakpamé (Togo), Rodrigue Norman fonde en 1997 la Cie théâtrale La Colombe (3C), à Lomé, pour laquelle il écrit et met en scène. En 2001, il obtient le prix de la meilleure mise en scène au Festhef (festival international de théâtre à Assahoun au Togo) avec sa création « Qu’on s’aime ou qu’on se haïsse ». Cet auteur-dramaturge-comédien participe à plusieurs résidences d’écriture en Afrique et en Europe. Sa dernière pièce « Trans’ahéliennes » a paru cette année aux éditions belges Lansman (coll. Ecritures vagabondes). Rodrigue Norman étudie actuellement la mise en scène à l’Institut des Arts du spectacle (Insas) à Bruxelles. Le metteur en scène : Né en 1951 à Lomé, Beno Sanvee, alias Allouwassio, entre en 1975 dans la troupe théâtrale nationale du Togo. Comédien, metteur en scène mais aussi conteur et mime, il co-fonde en 1988 la Cie Zitic dont le spectacle de conte « Vérité au creux du mensonge », créé deux ans plus tard, connaît un vaste succès international. Figure phare du théâtre au Togo, Sanvee anime aussi de nombreux ateliers de formation. Il est actuellement Chef de division des Arts de la scène au Ministère de la Culture du Togo. Ce qu’ils disent de leur création: « C’est l’histoire psalmodiée des gens qui hier étaient partis sous prétexte que le pays allait mal. Aujourd’hui, ils sont trois (ou des milliers), trois à revenir. Non pas parce que le pays va mieux ; ça on ne le sait pas vraiment. A peine débarqués de l’avion ou du bateau, devant l’aéroport ou sur le quai du port, ils ne savent pas où aller. Personne ne les attend. Pourtant ils sont dans leur pays. Devant l’aéroport ou sur le quai du port donc, ils posent leur valise, s’assoient dessus et tournent le dos à leur propre angoisse. Ils n’osent pas parler ni du douloureux présent ni de l’incertain avenir. Même du passé, ils font un tri : ils parlent des années où ils étaient partis. Ils en parlent comme pour se justifier, comme si quelqu’un leur demandait des comptes », Rodrigue Norman.

« L’Aube des renaissances »
Compagnie Eclats de Sosaf (Burkina Faso) Auteur : Gaétan Felix Somé Metteur en scène : Abdoulaye Ouédraogo Comédiens : Léonie Kombelemsigri ; Mahamadou Tindano ; Siaka Yra ; Vincent Bazie Scénographe : Mohamadi Gouem L’auteur : Gaétan Somé est né en 1969 au Burkina Faso. Il est déjà l’auteur de sept pièces de théâtre. La dernière, « Le Tribut de la gloire », a remporté cette année le Grand prix national des Arts et des Lettres, dans la catégorie théâtrale. En 2002, Gaétan Somé crée la troupe de théâtre de l’ONG Solidarité Sans Frontières (Sosaf), pour laquelle il écrit et met en scène plusieurs pièces de théâtre d’intervention sociale. Plus récemment, cet ancien enseignant s’est engagé dans le théâtre d’auteur. Le metteur en scène : Comédien, metteur en scène, conteur et musicien, Abdoulaye Ouédraogo est né en 1974 à Ouagadougou. Après s’être formé à l’Ecole de Théâtre de l’Unédo (Union des Ensembles dramatiques de Ouagadougou), il crée en 2002 la Cie de l’Avenir, spécialisée dans le conte théâtralisé. Il met en scène une dizaine de spectacles et assiste à plusieurs reprises Ildevert Méda (Cie Théâtr’Evasion) dans ses mises en scène. Ce qu’ils disent de leur création : « Notre spectacle se réalise, à partir d’un canevas de texte, dans un processus de création collective. La mise en scène emprunte les contours d’un drame liturgique. Elle donne à voir un univers mythique et mystérieux partagé entre espaces sépulcraux et lieux communs. Ce dualisme réaliste se lit aussi dans le choix des costumes qui souligne les lieux mondains, sacrés et insolites. Le jeu d’acteur est fortement marqué par une chorégraphie d’ensemble dans laquelle le corps et l’esprit du comédien, la magie de la parole, de la musique, de la danse et du chant vont à la recherche d’un monde originel mystique et invisible. Il tente d’exprimer au plus juste le dualisme qui ne fait qu’un tout : visible et invisible, trivial et docte, vulgaire et ésotérique, ludique et didactique, matière et essence… Nous nous inspirons aussi de certains rituels des sociétés traditionnelles ésotériques africaines, notamment des rites d’exorcisme du vaudou. »

Les ateliers de formation

– Ecriture dramatique, sous la direction de Koffi Kwahulé (5 heures quotidiennes, du 1er au 25 août) Ecrivain et dramaturge de renommée internationale, Koffi Kwahulé, d’origine ivoirienne, réside à Paris depuis plus de vingt ans. Ses pièces, entre autres « Bintou » et « Jaz », ont été traduites dans plusieurs langues et montées dans le monde entier. Koffi Kwahulé a proposé un atelier d’écriture sur le thème du secret. Y participaient les auteurs en résidence ainsi que trois jeunes dramaturges burkinabè : Sophie Kam, Aristide Tarnagda et Lazare Minoungou. Certains de leurs textes vont faire l’objet d’une mise en espace qui sera présentée dans le cadre du festival.

– Expression corporelle, sous la direction de Seydou Boro (1h. 30 mn quotidiennes, du 1er au 22 août) Danseur, chorégraphe et réalisateur burkinabè, cofondateur de la Cie Salia Nï Seydou en 1998, Seydou Boro s’affirme comme l’un des chefs de file de la danse contemporaine africaine. Parallèlement à une brillante carrière internationale, il anime des stages de formation en Europe et en Afrique. Enchaînements chorégraphiques mêlant gestuelles africaines et occidentales, exercices de création collective, Seydou Boro sensibilise les acteurs à l’art du mouvement. Il s’attache particulièrement à la précision et à l’occupation de l’espace.

– Jeu de l’acteur, sous la direction d’Isabelle Pousseur (6 heures quotidiennes, du 1er au 15 août) Metteur en scène, directrice du Théâtre Océan Nord et professeur à l’Insas à Bruxelles, Isabelle Pousseur a animé un atelier autour du texte de Shakespeare « Le Songe d’une nuit d’été ». Les participants se sont d’abord familiarisés avec l’univers et la langue de Shakespeare avant d’aborder l’interprétation d’un acte.

– Jeu de l’acteur, sous la direction de Jean Drèze (6 heures quotidiennes, du 15 au 30 août) Professeur au Conservatoire de Liège (Belgique) et responsable d’un programme de formation en art dramatique mis en place par l’Unesco, Jean Drèze anime des ateliers pédagogiques dans le monde entier. Tout en rappelant les bases théoriques du jeu d’acteur, il a choisi de travailler avec les comédiens des Récréatrales sur un poème de Jacques Prévert : « Déjeuner du matin ».

– Scénographie, sous la direction de Papa Kouyaté (du 1er septembre au 15 octobre) Après s’être formé en France, Papa Kouyaté, scénographe burkinabè, dirige un centre culturel à Bobo Dioulasso. Il travaille pour le théâtre et le cinéma. Il dirigera huit stagiaires dans la réalisation des scénographies des créations.

Les Participants

> L’organisation des Récréatrales

Direction : Etienne Minoungou (Cie Falinga, BF)
Assistante : Ecaterina Vidick (Belgique)
Direction artistique : Ildevert Meda (Cie Théatr’Evasion, BF)
Assistants : Alain Hema (Cie Théatr’Eclair, BF) ; Issa Sinaré (Cie Marbayassa, BF).
Le comité pédagogique : Etienne Minoungou ; Jacques Jouet (écrivain, France) ; Pascal Nzonzi (comédien, Congo-France) ; Jacques Deck (opérateur culturel institutionnel, Belgique)
Administration générale : Erick Nazaire Zongo (BF)
Administrateur associé : Ablasse Ouedraogo (Sokan Théâtre, Côte d’Ivoire). Secrétariat général : Flore Mbongo (Congo- BF)
Chargée de communication : Ayoko Mensah (France – Togo)
Chargé de communication avec la presse nationale : Morin Yamogbé (BF)
Logistique : Bako Zacharie (BF)
Stagiaires : Fabrice Imbert (Belgique) ; Nolwenn Descouesnongles (Belgique) L’équipe technique
Régisseur général : Emmanuel Deck (Théâtre de la Place, Belgique)
Régisseurs lumière : Emmanuel Deck ; Thierry Bambara (CCF) ; Emile Galbani (ECG) ; Norbert Tiendrebeogo (ATB).
Scénographie générale : Papa Kouyaté (BF).
Assistants : Daho Sada (BF) ; Issa Tiendrebéogo (BF).
Costumière : Gaby Rham (Suisse).
Assistant : Adams Kima (BF).

Le festival des Récréatrales

Du 22 au 31 octobre à Ouagadougou
Plus qu’un réel festival, ce point d’orgue des Récréatrales se veut un temps fort de rencontre et d’échange avec le public. Au terme des trois mois de résidence, les artistes sont invités à présenter le fruit de leur travail, qu’il soit abouti ou encore en chantier (pour certaines équipes, le travail de création se poursuivra après les Récréatrales). Spectacles, rencontres avec les artistes, concerts, ce festival mise sur l’échange et la convivialité. Durant dix jours, les Récréatrales investissent trois carrefours essentiels du théâtre à Ouagadougou : l’Espace culturel Gambidi (ECG), l’Atelier Théâtre Burkinabè (ATB), et le Centre culturel francais Georges Méliès (CCF), fidèles partenaires des résidences depuis la première édition. Chacune des créations (« Richard III », « Banc de Touche », « Chroniques des années du partir », « A qui mort s’en suit mieux vit ! ») sera présentée sur les trois scènes partenaires afin de toucher le plus large public. Parallèlement, celui-ci est convié à rencontrer les artistes dans un véritable esprit d’échange. Questionnements de part et d’autre, réflexions, témoignages sur les expériences de création, ces débats reflètent non seulement la volonté d’animer un débat public sur le théâtre mais aussi d’affirmer la spécificité des Récréatrales : un espace d’expérimentation pour lequel le processus de création est tout aussi important que l’oeuvre achevée.
Le festival se déroulera à l’Espace culturel Gambidi, QG des Récréatrales, au Centre culturel français George Méliès et à l’Atelier Théâtre Burkinabè (ATB).
Le 4 septembre, Amadou Bourou et la Cie Feeren reçoivent les résidents pour une matinée d’échanges.

PROGRAMME du festival

Les rencontres

Tandis qu’en août se sont déroulées des « causeries » animées par Sylvie Chalaye (professeur à l’Université de Rennes, spécialiste des nouvelles dramaturgies africaines et critique de théâtre) et Eleonora Giordani (journaliste italienne, membre de l’Institut international du théâtre). En septembre, les résidents rencontrent des personnalités burkinabè du théâtre : le 4, Amadou Bourou, directeur de la compagnie Feeren ; le 11, Jean-Pierre Guingané, directeur du Théâtre de la Fraternité, de l’Espace culturel Gambidi et du FITMO (festival international de marionnettes) et le 18 septembre, Prosper Compaoré, directeur de l’Atelier Théâtre Burkinabè et du FITD (festival international de théâtre pour le développement).


Partenaires

Toute l’équipe des Récréatrales remercie chaleureusement ses partenaires pour leur soutien renouvelé, leur confiance et leur engagement. Sans eux, cette aventure artistique et humaine novatrice n’aurait pu voir le jour.

Les Récréatrales ont pu bénéficier de tarifs préférentiels auprès du voyagiste Point Afrique. Cliquez ici


Partenaires internationaux de l’édition 2004 :
– Association AFRICALIA (Belgique). – A.I.F. (Agence intergouvernementale de la francophonie). – Fondation Prince Claus (Pays Bas). – C.I.T.F. (Commission internationale du théâtre francophone). Conseil des Arts et des Lettres du Québec ; Conseil des Arts du Canada ; Commissariat général aux relations internationales (CGRI) – communauté française de Belgique ; DMDTS (Ministère de la Culture – France). – AFAA (Association française d’action artistique). – Fondation Pro Helvétia (Suisse). – Adami (France). – Bureau de la Coopération suisse au Niger.
Partenaires locaux : – Bureau de la Coopération suisse au Burkina Faso. – Ministère de la Culture du Burkina Faso. – Ambassade de France à Ouagadougou -Service de Coopération et d’Action culturelle (SCAC) – en attente. – PSIC (Ouagadougou) – en attente – Société Générale de Banque du Burkina (SGBB). – Vlisco (VAC Burkina). – Brafaso.
– Total – en attente. Partenaires artistiques : – Théâtre international de Langue française (TILF), Paris. – Espace Culturel Gambidi (ECG), Ouagadougou. – Atelier Théâtre Burkinabè (ATB), Ouagadougou. – Centre Culturel français Georges Méliès (CCF), Ouagadougou. – Imagine, Ouagadougou. – Le Sokan Théâtre, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Partenaires médias : – Radio France Internationale (RFI) (France). – Africultures (www.africultures.com) (France). – Télévision Nationale du Burkina Faso (TNB). – Canal 3; Ouaga FM ; Sidwaya (Burkina Faso).
Remerciements : Le Cartel (BF), Cie Eux et Elles (France) ; Lanko Tours (BF), Hôtel Zamdogo (BF).
16 La presse en parle

Contacts

En Europe

Etienne Minoungou
Directeur des Récréâtrales
41 rue de l’Est
1030 Bruxelles – Belgique
Mel : [email protected]

Ayoko Mensah
Chargée de communication
59, rue des Bruyères
92310 Sèvres – France
Mel : [email protected]
Tel : + 33 (O)6 63 21 08 60

Au Burkina Faso
Erick Nazaire Zongo – Cie Falinga
Administrateur
01bp 6739 ouagadougou01
Tel : (226) 76 61 48 49
Mel : [email protected]

Ildevert Meda
Directeur Cie Théatr’Evasion
Tel : (226)70 20 66 21
En Côte d’Ivoire
Ablasse OUEDRAOGO
Administrateur associé
Mel : [email protected]
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