Événements

Kwata Saloon – Ajarb Bernard Ategwa
À l’occasion de la première exposition personnelle en France d’Ajarb Bernard Ategwa, les 130m2 de la galerie parisienne AFIKARIS se transforment en salon de beauté. Kwata Saloon, présentée du 28 août au 28 septembre 2021, rend hommage aux salons de coiffure éphémères qui apparaissent chaque année au Cameroun entre novembre et décembre, et dont Ajarb Bernard Ategwa s’est inspiré pour ce nouvel ensemble.

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2 août 2021 (Paris, France) – Après avoir entrainé les visiteurs au cœur des mines de la République Démocratique du Congo avec le peintre camerounais Jean David Nkot (Human@Condition, 29 mai-7 juillet 2021) et initié une réflexion sur la représentation du pouvoir en confrontant les regards de John Madu et Ousmane Niang (Figures of Power, 10 juillet-24 août 2021), la galerie AFIKARIS s’intéresse à une pratique sociale et culturelle qui traverse les générations : les salons de coiffure. Kwata Saloon présente un nouveau corpus d’œuvres d’Ajarb Bernard Ategwa (né en 1988, Kumba, Cameroun), se concentrant sur la coiffure en tant que source de liens sociaux. Du 28 août au 28 septembre 2021, la galerie se transforme ainsi en salon immersif. Les larges toiles aux couleurs acides tout comme les plus petits portraits qui ornent les murs – en référence aux affiches traditionnellement disposées dans les salons ainsi qu’aux selfies partagés sur les réseaux sociaux – présentent des scènes d’intimité, de convivialité et de liens culturels.

Cette nouvelle série témoigne d’une l’évolution thématique dans l’art d’Ajarb Bernard Ategwa, qui nourrit constamment son iconographie de scènes de la vie quotidienne à Douala, au Cameroun. Alors que sa dernière série s’intéressait aux marchés locaux, où les femmes qui y vendent fruits et légumes sont vêtues d’habits simples et sobres, Kwata Saloon les présente finalement dans leurs plus beaux vêtements, arborant des coiffures impeccables. Au-delà des individus, il s’intéresse ici au lieu en lui-même : le salon de beauté, fondant les personnages au décor. Ajarb Bernard Ategwa met en exergue l’allure et la beauté de ceux qu’il peint et leur confère une présence irradiante.

Si l’exposition se penche sur les pratiques traditionnelles accompagnant la période festive de fin d’année, Kwata Saloon se concentre spécifiquement sur les salons éphémères qui ouvrent entre novembre et décembre au Cameroun à une clientèle saisonnière, avant de fermer au début de l’année suivante. Alors qu’il attire le regard sur ces femmes en train de prendre soin d’elles, Ajarb Bernard Ategwa représente également les hommes impliqués dans ce processus. Il souligne ainsi ces liens forts entre les individus, exacerbés par la coiffure. En posant son chevalet dans les salons de coiffure, l’artiste témoigne d’une période temporaire, durant laquelle le bien-être et le partage sont au centre de la vie sociale.

Les couleurs vives qui jaillissent sous les pinceaux d’Ajarb Bernard Ategwa rendent hommage à l’esthétique pop et font écho à la chaleur et l’agitation de Douala, où l’artiste vit. Il se concentre sur un phénomène social distinct, l’ancrant dans le contexte socio-économique et politique camerounais à travers une identité visuelle qui lui est propre. Dans A family something (2021), il porte l’attention sur l’envergure familiale du processus, au sens propre comme au sens large, en présentant les différentes générations, les genres et les couches de la société impliqués. Dans ce moment intime de convivialité, deux frères tressent les cheveux de leur sœur tandis que leur cadette observe la scène. Inscrivant cette coutume dans l’époque contemporaine, les couleurs vives dévoilent un urbanisme reconnaissable tout comme les indices d’une société de consommation à la fois locale et mondiale.

Douala 24 December (2021) donne un aperçu d’un salon de coiffure à Douala à la veille de
Noël. Le spectateur est directement plongé dans l’intimité du salon. À peine perceptible de
loin, une fine ligne blanche s’échappe des doigts habiles de la tisseuse pour s’enfiler
délicatement dans une mèche de cheveux. La finesse du fil – qui portera la structure complexe
et lourde de la coiffe – attire l’attention du spectateur sur la technicité de l’action. Le corps
orné d’une multitude de touches de couleurs et les figures voluptueuses contrastent avec les
surfaces planes qui composent le contexte environnant. Témoignant du souci du détail et
du talent de composition de l’artiste, la toile capture finalement l’agitation d’un moment de
célébration, un fragment distinct de la vie familiale teinté d’anticipation et de tendresse.

« Je donne à mes couleurs une signification très personnelle voire symbolique. Le bleu évoque la mer
et fait référence aux villes du littoral comme Douala, Kribi et Limbe. Le jaune évoque le soleil et fait référence au nord du Cameroun. D’autre part, lorsque j’utilise le rouge et le marron, je parle des conflits qui sévissent depuis cinq ans dans l’ouest du pays. Baignés dans ces couleurs, mes personnages incarnent la réalité de l’environnement dans lequel ils évoluent. Pour autant, en les représentant de cette manière, je cherche à les libérer des difficultés de leur quotidien en me concentrant plutôt sur les instants de joie et de solidarité. » – Ajarb Bernard Ategwa

En écho à ces salons éphémères, l’espace d’exposition est réinventé comme un salon de coiffure où bouteilles de shampoing colorées, peignes en plastique et magazines cohabitent avec les toiles vibrantes d’Ajarb Bernard Ategwa. Partie intégrante de l’exposition Kwata Saloon, une programmation parallèle impliquant tissage capillaire et manucure sera dévoilée en amont de l’exposition.
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