Événements

Éloge de la créolité, 15 ans après
3 tables rondes avec Jean Bernabé, Raphaël Confiant, et Ernest Pépin

Français

En 1989, Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant publiaient Éloge de la créolité. L’ouvrage, malgré sa concision, suscita un tel écho qu’il inaugura une nouvelle phase dans la conscience et la définition identitaires des Caraïbes francophones. Après la négritude, attachée au nom d’Aimé Césaire, et l’antillanité, liée à celui d’Édouard Glissant, dont elle revendiquait la double ascendance, la créolité défendue par les signataires dessinait un nouvel horizon ontologique et esthétique qu’il était possible de relier à nombre de discours culturels et politiques en vogue sur la scène internationale.

Quinze ans après, il semble légitime de réexaminer les thèses et les enjeux de l’Éloge, et ce à trois niveaux. Du point de vue du texte lui-même, de multiples commentaires lui ont été consacrés qu’il est judicieux de récapituler afin d’en étudier la validité. Du point de vue du contexte, la situation historique a grandement évolué, notamment sous le signe de la mondialisation, et il importe de considérer comment ces changements ont modifié le cadre de réception et la pertinence des analyses avancées par les auteurs. Du point de vue critique, le paysage théorique a vu se développer de nouveaux courants, tels que post-modernisme, post-colonialisme ou cultural studies, dont il convient de poser la convergence avec l’ouvrage.

Dans ce cadre, deux lectures de l’Éloge s’opposent : l’une privilégie l’ancrage géo-historique antillais pour revendiquer une appartenance à défendre notamment sur le plan politique, l’autre voit la créolité comme une identité ouverte expérimentée dans le laboratoire caribéen mais dont la souplesse pourrait inspirer un modèle de subjectivité dans le monde contemporain.

Le groupe de recherche POEXIL invite Jean Bernabé, Raphaël Confiant et Ernest Pépin à débattre de ces questions. Montréal dont le tissu multiculturel compte une des plus fortes populations provenant de bassins de langue et de culture créoles ne pouvait manquer d’être l’hôte d’une telle rencontre.

Alexis NOUSS
Directeur du groupe de recherche POEXIL
Université de Montréal
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