Événements

Tania Bruguera
maintenant, ici, là-bas

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« La terrible, l’indicible, l’impensable banalité du mal »1 se produit et se répète chaque jour, ici ou là-bas, nous faisant parvenir ses échos devenus lointains et distants par le filtre aseptisé de l’image médiatique. Utopies dévoyées, autoritarismes politiques et/ou religieux, répression et violence sur les corps et les esprits se fondent dans le magma de l’actualité. Proposant une alternative à l’information dominante, des artistes posent la question de leur rôle, de la portée de leur engagement. Acteurs plus que témoins, ils/elles assurent une transmission et vont au-delà de la simple revendication textuelle et littérale.
Lida Abdul (Afghanistan) et Tania Bruguera (Cuba) engagent respectivement une réflexion sur la situation de leurs pays, investissent de front pratique performative, mise en jeu de leur corps et portée politique du propos. Entre l’expérience de l’exil et le retour régulier en Afghanistan ou à Cuba, elles abordent la question des origines, de l’identité culturelle, du déplacement et assument un rôle de passeur/acteur qui dépasse largement le contexte de leur pays. Performances ou installations, quel que soit le dispositif choisi, Lida Abdul et Tania Bruguera rompent la distance aux images : déstabilisés, troublés, nous basculons pendant quelques instants dans une expérience cathartique, aussi artificielle soit-elle. Pour la première fois réunies dans une exposition, les deux artistes soulignent l’importance d’interroger, plus que jamais, les images, de mettre en doute et subvertir les discours dominants et officiels.
Emily Jacir, Renaud Auguste-Dormeuil poursuivent, chacun à leur manière cette incitation à la vigilance, ce questionnement sur la notion d’engagement. Leur réflexion sur la figure du réfugié évoque, au-delà des frontières et des époques, le contrôle, la contrainte exercés sur les individus/corps, la séparation et le déracinement.
1 – Hannah Arendt, citée par Giorgio Agamben, Ce qui reste d’Auschwitz, Rivages poche / Petite Bibliothèque, Paris, 2003.
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