Événements

Esclaves au Paradis
Exposition photo de Céline Anaya Gautier, accompagnée de nombreuses rencontres et colloque à Paris et en Province

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En République Dominicaine, la case de l’oncle Tom n’a jamais disparu. A proximité des plages pour tourisme de luxe, cachés derrière un rideau impénétrable de canne à sucre, des baraquements en bois insalubres, sans eau, ni électricité, abritent des familles entières venues d’Haïti.
Une fois passé le portail d’entrée des bateys, on n’échappe plus à cet enfer : les hommes s’éreintent dans les plantations de canne à sucre, les femmes tentent d’assurer la survie de leurs familles, les enfants nés de parents Haïtiens sont condamnés à devenir esclaves à leur tour… Chaque année, ils sont plus de 20 000 haïtiens à traverser la frontière de la République Dominicaine pour travailler pendant une saison de zafra, la récolte du sucre.
Croyant fuir le chaos économique haïtien mais très vite privés de papiers et de droits, rétribués en nourriture sous forme de tickets de survie, les braceros se retrouvent piégés par un des réseaux d’esclavage les plus implacables et les plus « profitables » du globe. N’ayant aucun moyen de fuir, ils deviennent alors des saisonniers à vie.
La majorité de ces trafics d’humains s’effectue en dehors de tout cadre légal, sous le regard bienveillant des offices de migrations et de la police dominicaine.
Avec la bénédiction d’une certaine industrie sucrière…
Une vieille tradition locale…
Dès le XVIIIe siècle, les esclaves d’origine africaine assuraient l’exploitation de canne à sucre en République Dominicaine. Une situation révolue avec l’abolition de l’esclavage en 1794.
Puis, pendant l’occupation américaine des années 20, l’industrie sucrière connaît un nouvel essor et fait appel à des travailleurs volontaires d’origine haïtienne.
Mais leurs conditions de travail non respectées entraînent une révolte. Elle sera violemment réprimée par les forces armées dominicaines (plus de 20 000 morts).
À la suite de ce massacre, et grâce à la médiation des Etats Unis, des accords bilatéraux sont fixés entre les gouvernements dominicain et haïtien. Ils prévoient la fourniture de main d’oeuvre moyennant une compensation financière pour l’état Haïtien…
Les compagnies sucrières dominicaines versent ainsi 30 euros au gouvernement haïtien pour chaque homme, plus une somme allouée aux rabatteurs.
Aujourd’hui, des milliers de travailleurs Haïtiens, leurrés par les discours des buscones promettant un emploi bien rémunéré, sont soumis à des conditions de vie inhumaines dans les plantations sucrières, terrifiés par le sort réservé à ceux qui ont eu, un jour, l’idée de s’échapper. Certaines familles sont ainsi prisonnières depuis 4 générations…
La situation dans le pays reste totalement ignorée.
Les associations humanitaires internationales ne sont pas mobilisées car il ne s’agit pas d’une zone de conflit et la République Dominicaine est en pleine expansion économique notamment grâce au tourisme. L’image de paradis touristique masque les réalités vécues par ces populations.

Exposition photo de Céline Anaya Gautier
Céline Anaya Gautier et Esteban Colomar Enguix ont pu s’introduire, avec de très grands risques, dans des camps de travail, des « bateys », grâce à deux prêtres, Christopher Hartley et Pedro Ruquoy, présents sur le terrain pour aider, défendre ces hommes et femmes réduits en esclavage.
Ce qu’ils proposent comme photos et archives sonores est sans détour. Un témoignage cru, mais plein d’humanité, sur ce qui a été longtemps du domaine de l’inconcevable et du fantasme.
C’est lors d’un premier reportage photo aux bateys Mamey pour une association humanitaire, de décembre 2004 à janvier 2005, que Céline Anaya Gautier rencontre le père Christopher Hartley du diocèse de New York.
Grâce à lui, elle entrevoit les conditions de vie des braceros, les coupeurs de canne. Elle programme alors un deuxième voyage, cette fois accompagnée d’un ingénieur du son.
L’idée : révéler une réalité par l’image et impliquer les populations des bateys par leurs chants.
Céline Anaya Gautier et Esteban Colomar séjournent ainsi dans les bateys de la région frontalière dominico-haïtienne et dans la région de San Pedro de Macoris, de mars à mai 2005.
Ils partagent la vie des coupeurs de cannes Haïtiens et des habitants des bateys.
Ne devant pas être repérés pour leur propre sécurité, ils accompagnent comme « missionnaires », les deux pères catholiques, Hartley et Ruquoy.
Leur reportage est un cri d’alerte. On y voit l’existence d’hommes, de femmes, d’enfants, résignés, terrifiés, réduits à l’état d’animaux de somme, considérés et destinés à finir leur vie comme tels, sans aucun recours depuis plusieurs générations et peut être encore pour longtemps.
Quelques semaines après ce reportage, le père Pedro Ruquoy est renvoyé en Belgique, après avoir partagé 30 ans de sa vie avec les coupeurs de canne. Il lui est reproché de trop médiatiser la situation des bateys. Certains industriels du sucre l’ont condamné à mort…
Cette exposition inédite se compose de 80 clichés dont certains ont déjà été publiés dans Match du monde, Courrier international…
Les ambiances sonores complètent ce travail : coupe de la canne, canne qui brûle, symboles de l’exploitation.
Par ces voix, diffusées durant l’exposition, les populations des bateys acquièrent une présence effective dans le projet.

Programme à venir :

En province
Rencontres avec Colette Lespinasse, directrice du GARR (Haïti) – En
partenariat avec les groupes locaux d’Amnesty International
– le 9 mai 2007 Chambéry avec VOAM Haïti Savoie
– le 10 mai 2007 à la FNAC Marseille avec le Collectif Haïti de Provence
– le 11 mai 2007 à Toulouse avec le Collectif Haïtien des
Associations Toulousaines
– le 12 mai à Canejan et Pessac avec Volontaires pour l’Avenir
– le 17 mai à 18h à la FNAC FORUM DES HALLES à Paris

A Paris
Exposition photo à l’Usine Springcourt – Du 15 mai au 15 juin 2007 – 5 passage Piver (11ème) – M° Goncourt
Céline Anaya Gautier et Esteban Colomar Enguix ont pu s’introduire dans des camps de travail, des « bateys », grâce à deux prêtres, Christopher Hartley et Pedro Ruquoy, présents sur le terrain pour aider, défendre ces hommes et femmes réduits en esclavage.
Ce qu’ils proposent comme photos et archives sonores est sans détour. Un témoignage cru, mais plein d’humanité, sur ce qui a été longtemps du domaine de l’inconcevable et du fantasme.

Colloque « Sang, sucre et sueur », à l’ENSCP – le 16 mai 2007, de 9h à 18h (entrée gratuite sur inscription [email protected] 06 63 46 89 47 – Johan Muller)
Ecole nationale supérieure de chimie de Paris – 11 rue Pierre et Marie Curie (5ème) – M°Cluny la Sorbonne RER Luxembourg
– Ces tables rondes réuniront une dizaine d’intervenants internationaux : juristes, géographes, sociologues, historiens mais aussi des personnes de terrain, des responsables d’associations des droits de l’homme, etc…

Cycle cinéma, au MK2 Parnasse – en présence des réalisateurs avant-premières européennes
– le 17 mai – 20h – « The sugar Babies » de Amy Serrano (version anglaise) – 90 min
– le 18 mai – 20h – « The price of sugar » de Bill Haney (version française) – 90 min, suivi de « Batey Zero » de Esteban Colomar et Gérard Maximin – 26 min (sous réserve)

En province
Rencontres avec Pedro Ruquoy – En partenariat avec les groupes locaux d’Amnesty International
– le 19 mai à Lille avec la Communauté Haïtienne de Lille
– le 21 mai à Lyon avec l’Association Jean Garreau
– le 23 mai à Nantes avec l’AFHAD et les Anneaux de la Mémoire
– les 24 et 25 mai à Rennes avec Haïti CouleurHaïti Chaleur
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