Fiche Film
Théâtre Cinéma/TV
LONG Métrage | 2006
Dernier caravansérail (Le)
Pays concerné : France
Durée : 268 minutes
Genre : société
Type : fiction

Français

Un film du Théâtre du Soleil, réalisé par Ariane Mnouchkine

Créée en 2003 par le Théâtre du Soleil, le Dernier Caravansérail est une pièce fleuve sur l’exil composée d’une série d’histoires, de miettes de destins, de parcelles de vies d’hommes et de femmes qui ont fui leur pays. Elle est née du récit de ces voyageurs afghans, kurdes ou iraniens qu’Ariane Mnouchkine a rencontrés lors de leurs escales européennes, indonésiennes, néo-zélandaises (Sangatte, Douvres, Lombock) ou dans leurs prisons australiennes (Villawood).
Après deux ans de représentations au Théâtre du Soleil et dans le monde, Ariane Mnouchkine a souhaité prolonger et approfondir ce travail de témoignage, en en faisant un film. Elle a transformé son théâtre en un véritable studio de cinéma et a entièrement recréé la pièce pour la caméra pour mieux en restituer l’incroyable puissance poétique et émotionnelle.

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C’est un spectacle de théâtre, créé en 2003 par le Théâtre du Soleil.
Le Dernier Caravansérail (Odyssées) voudrait être maintenant un film, un vrai film. De cinéma.
Il ne s’agit donc pas de réaliser une simple captation, mais de se mettre en état de vivre une nouvelle aventure artistique et, grâce au cinéma, d’approfondir encore d’avantage le matériau originel qui est quasi inépuisable. De donner aussi au théâtre les possibilités de renforcer la puissance de son témoignage et d’en conjurer l’éphémère.
Et surtout, de tenir la promesse faite à ceux dont nous racontons les histoires : leur rendre la parole.
Laisser une trace de ceux qui n’en laissent pas, dont on n’écoute ni les cris ni les murmures. Ceux qu’on a fait taire, toujours… Le spectacle se divise en deux parties, la première Le Fleuve Cruel raconte les départs, les exodes. La seconde, Origines et Destins, révèle le pourquoi de ces départs, de ces exodes.
Certains fugitifs cheminent le long de routes qui sillonnent une Asie que l’on pourrait qualifier de médiane, et traversent à grand peine, une multitude de frontières naturelles parfois : fleuves, montagnes, lacs, mers ; moins naturelles souvent : grandes cicatrices politiques taillées par l’Occident à coups d’épée aveugle, et grands coups de canons dans de très anciens empires. Les plus audacieux, les plus chanceux, arrivent enfin en la prospère Europe. Vivants.
D’autres ont choisi de viser un autre bout du monde. Ils traverseront l’Inde, le Sud-Est asiatique, arriveront en Indonésie pour, de là, franchir la mer de Timor, et tenter d’aborder les rives si jalousement gardées de l’Australie.
Chaque tableau entre avec son propre décor, ses personnages, son indépendance, par le truchement de plateaux mobiles poussés à bout de bras par les acteurs. Chaque chariot qui s’avance est comme un fragment du monde et la succession de leurs apparitions finit par peupler la scène devenue planisphère. « L e monde est une scène » nous a dit et commandé le Barde ! La discipline du mouvement de ces tréteaux montés sur roues, l’exigence du cadre étroit qu’ils induisent et la multiplicité des plans qu’ils permettent, la narration libérée de son exigence chronologique, la multitude des langues utilisées et les possibilités infinies de personnages aux destins qui se croisent, sont autant d’outils que le théâtre a empruntés, a dérobés au cinéma (à tous les cinémas, fiction ou documentaire), outils qu’il a fourbi de toute sa puissance poétique et qu’il se doit maintenant de rendre au cinéma.
Ariane Mnouchkine, réalisatrice
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