Fiche Film
Cinéma/TV
LONG Métrage | 1939
Brazza ou l’Épopée du Congo
Pays concerné : France
Durée : 98 minutes
Film en noir et blanc
Genre : politique
Type : fiction

Français

A PROPOS DU FILM « Simple page de l’histoire de notre empire dédiée à la France et à ceux qui l’aiment », et « Ceci n’est ni un roman, ni un film documentaire. C’est l’évocation épisodique des moments vécus, il y a plus de soixante ans, par de jeunes Français dont le courage peut servir d’exemple au monde ». Ainsi s’ouvre le générique de cette épopée qui retrace les voyages en Afrique de Pierre Savorgnan de Brazza, italien d’origine, mais français d’élection, grand explorateur et fondateur de Brazzaville. Les scènes européennes ont été tournées aux Studios Eclair et les scènes africaines au Gabon et au Congo.

Un film de Léon Poirier. France 1939, 98 mn, N&B.

Scénario et dialogues : Léon Poirier

Décors : Laurent et Druard

Image : Georges Million et Georges Goudard

Son : Maurice Menot et Arthur Faber

Montage : Jacques Grassi et Raymonde Nevers

Directeur de production : Henri le Brument

Musique : J.E. Szyfer et Claude Delvincourt

Production : Société de Production du Film Brazza.

INTERPRETES Odette Barencey (La Colombe), Jacqueline Baudoin (la promise), Robert Darène (Brazza), Thomy Bourdelle (Stanley), Jean Galland (Léopold II), Jean Daurand (Hamon), Pierre Vernet (Dr. Ballay), Jean Worms (Amiral de Montaignac), E. Langlois (Léon Gambetta), René Fleur (Georges Clémenceau), René Navarre (Jules Ferry)

Avec :
Robert Darène, Pierre Vernet, Jean Daurand, George Marny, Jean Worms, Jean Galland, René Navarre, René Fleur, E. Langlois, Boverio, Cahuzac, André Nox, Pierre Nay, Raymond Lucy, Mme Montalet, Odette Barancey, Jacqueline Baudouin

Versions :
VO et sous-titrage anglais et italien (film)


# Production : Brazza

# Distribution : Restauration Archives françaises du film

Robert DARENE (1914 -) Il débute ici sa carrière de comédien sous la direction de Léon Poirier, en incarnant un Savorgnan de Brazza, étonnant de vérité. Il sera plus tard un remarquable Charles de Foucault. Après la « drôle de guerre », il décide de monter sa maison de production en Amérique du Sud pour y faire des films français, dont Le Moulin des Andes. Il s’initiera ensuite à la réalisation de documentaires, avant d’entreprendre la réalisation de son premier film de fiction, en 1953, Le Chevalier de la Nuit.

Léon POIRIER (1884 – 1968) Né dans une famille où les arts furent toujours à l’honneur (la tante de Poirier était le peintre Berthe Morisot), Poirier fut d’abord un homme de théâtre avant de devenir réalisateur chez Gaumont, où il succède à Feuillade comme directeur artistique et où il réalise surtout des adaptations littéraires ou théâtrales (Ames d’Orient (1919), Le Penseur (1920), Ombre désirée, Jocelyn (1922), etc. Dans les années 20, il s’émancipa de la tutelle de Léon Gaumont pour devenir cinéaste. Avec La Croisière noire, l’expédition Citroën qui traversa l’Afrique en autochenilles, s’amorça la seconde carrière cinématographique de Poirier. Si son nom figure comme seul auteur du film La Croisière jaune – où Poirier a joué le seul rôle de monteur – c’est que Citroën, commanditaire du film, suite à un profond désaccord avec André Sauvage qui était le véritable auteur-réalisateur du film, refusa à ce dernier de signer son film. Poirier, qui n’y était pour rien, fit alors l’objet d’attaques des milieux intellectuels. Parmi les autres grands films de Poirier, on peut rappeler Amours exotiques, Verdun Visions d’Histoire, Caïn Aventures des mers exotiques, La Voix sans disque, Jeannou, La Route inconnue…

A PROPOS DE POIRIER Brazza, c’est avant tout l’opposition des colonisations françaises et britanniques à travers les personnages de Savorgnan de Brazza d’un côté, et de Stanley de l’autre. Contrairement aux idées reçues, Poirier portait un regard sévère sur la colonisation. Pour lui, la civilisation s’oppose à la spiritualité, et par là même à la possibilité de bonheur.

Dans son autobiographie 24 images seconde (Editions Mame, 1953), il écrit : « Il est indubitable que pour démolir votre bonheur, simples enfants de la nature, le diable s’est habillé en commerçant britannique. Vous mangez des bananes, du poisson, et des poules avec plaisir, mais voici qu’il crée en vous le besoin du beefsteak, demain il créera ceux de la casquette, du short kaki, des lunettes noires, puis ceux de la bicyclette, de l’auto, de la radio, de la télévision, et, comme tout le monde ne pourra acheter ces objets, jadis inutiles, devenus indispensables, il y aura des jalousies, des luttes de classe, des conflits sociaux : vous serez devenus un grand peuple, vous travaillerez jour et nuit pour conquérir la liberté, sans même savoir que vous l’avez laissée derrière vous. »

« En Occident, on ne connaît plus qu’une vie revue, corrigée, absorbée par la civilisation. Mais la civilisation n’est pas la vie, c’est un mode d’existence organisé par l’intelligence humaine, en collaboration avec les sept péchés capitaux, un théâtre construit par les hommes pour les y jouer des comédies ou des tragédies dont ils se distribuent les rôles. Il y a le roi, le savetier, le bourgeois, le maçon, le financier, le marchand, le diplomate, le politicien, il n’y a plus l’homme lui-même. »

« Seule, l’humanité primitive de la savane et de la forêt, l’humanité toute nue, a conservé presque intact le dépôt précieux et redoutable dont elle a été chargée au début des temps, et c’est logiquement dans l’homme naturel qu’on peut retrouver la vraie nature humaine avec ses passions contradictoires, sa laideur éprise de beauté, sa brutalité assoiffée de tendresse, son mensonge à la recherche de la vérité, son impureté rêvant de perfection, sa violence aspirant à la paix. Combien de temps cette humanité primitive le restera-t-elle ? L’Occident s’emploie de son mieux à lui apporter « plus de justice et plus de bonheur », selon l’expression optimiste du Colonel Dinaux, nous donnant sa baraka à Colom-Béchar, au départ de la Croisière noire; mais je crains bien que la poursuite de ce bel idéal n’ait transformé en Afrique bien des hommes magnifiques qu’on appelle sauvages en tristes figurants de la civilisation. »

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Brazza ou l’Épopée du Congo
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