Fiche Film
Cinéma/TV
MOYEN Métrage | 2008
Drapeau rouge sur continent noir
Pays concerné : République du Congo
Durée : 52 minutes
Genre : société
Type : documentaire

Français

Auteurs Serge Michel et Fabrice Monod
Réalisation Fabrice Monod
Production France 5/a7 média année 2008


Crédits vertigineux, promesses d’investissements, chantiers pharaoniques… Pour garantir son accès aux matières premières, la Chine n’hésite pas à courtiser les dirigeants des pays africains. A travers l’exemple du Congo, ancien pilier de la Françafrique, ce documentaire analyse la conquête du continent noir par l’empire du Milieu.

En 2006, la Chine organise le premier sommet sur la coopération sino-africaine. Quarantehuit chefs d’Etat sur les cinquante- trois que compte le continent noir acceptent l’invitation. Loin du regard occidental, le gouvernement de Pékin propose à l’ensemble des dirigeants présents des investissements massifs contre des matières premières. Pour vaincre les résistances éventuelles, les Chinois brandissent les principes de non-ingérence et multiplient les marques de respect à l’égard de leurs hôtes. L’alliance est scellée et le sommet s’achève apparemment sur une réussite. La Chine a ainsi promis d’investir 20 milliards de dollars en trois ans et de faire passer le commerce bilatéral de 50 à 100 milliards de dollars avant 2010 ! Implantation ou exploitation ? Depuis quelques années, la présence chinoise s’intensifie partout en Afrique.
Comme, par exemple, en République démocratique du Congo, détruite par les guerres civiles de 1992 et 1997. Dans ce pays situé dans le bassin du fleuve Congo, qui abrite la deuxième forêt au monde après l’Amazonie, et riche en bois, en pétrole et en minerai, tout est à reconstruire.
Les compagnies pétrolières occidentales y sont bien implantées et donc pas faciles à déloger. Alors, les entreprises chinoises, encouragées par les tournées africaines de leur Premier ministre, occupent le terrain là où elles le peuvent. Elles répondent et gagnent des centaines d’appels d’offres. Routes, barrages ou immeubles, réseaux d’eau… A Brazzaville ou ailleurs, les constructions et les infrastructures portent la signature chinoise. Au grand dam des ouvriers congolais, qui supportent difficilement le mépris des Asiatiques : « Ils paient mal les ouvriers. La somme journalière, c’est 2 000 francs CFA (3 euros), il n’y a rien qui reste. Avec les Belges ou les Anglais, j’avais un contrat indéterminé, alors j’avais toutes les garanties du monde, disons.
Pour moi, les Chinois sont bizarres, mais on est contraints de bosser avec eux… et puis on nous injurie parfois, on est humiliés, on nous considère vraiment comme des singes… » Les beaux discours des hommes politiques se heurtent ici comme partout aux réalités de la vie.
Mais il n’y a pas que les grandes entreprises d’Etat qui s’installent en Afrique.
Arr ivée au Congo en 2000 comme nombre de ses compatriotes, Jessica Yé a commencé par ouvrir un petit commerce.
Depuis, elle a fait venir 80 membres de sa famille, avec lesquels elle a diversifié ses activités et bâti un véritable empire : restaurants, magasins, usines, exploitation forestière… Pour faire progresser les affaires, Jessica et son mari, Philippe, ancien correspondant de l’agence Chine nouvelle, se sont appuyés sur leurs proches. Ils se sont également servis des relations nouées avec les personnalités économiques et politiques du pays. Si Jessica et les siens semblent bien intégrés au Congo et respectent les lois locales, tel n’est pas le cas de tout le monde.
Une omniprésence gênante et discutable Des ONG se battent au quotidien pour la préservation de la nature. Membre de WCS (Wildlife Conservation Society), Hilde Van Leeuwe croit que « les sociétés chinoises sont pires que les américaines ou européennes. Dans notre culture, la notion de pollution de l’environnement est beaucoup plus intégrée. Même sans règles, les sociétés françaises, etc. font un effort pour limiter l’impact sur l’environnement, ce n’est pas quelque chose qu’on voit avec les Chinois ». Cela va plus loin. Les pêcheurs congolais dénoncent la pêche intensive pratiquée par les chalutiers asiatiques : « Il faut quand même laisser le temps au poisson de se reproduire. Les Chinois, ils sont venus simplement pour tout détruire et repartir chez eux. Ils sont venus nous appauvrir. » Marcel Mounea, un jeune chef d’entreprise, n’est pas loin de partager les craintes de ses concitoyens, même s’il entretient des échanges commerciaux avec Pékin : « L’Afrique se dirige vers celui qui lui tend la main – et actuellement c’est la politique de la Chine – mais reste à savoir si cette main est noble ou pas. Je ne connais pas leurs intentions, mais je me dis qu’il faut qu’on fasse très attention. On a fait des erreurs au départ avec les Occidentaux, on ne veut pas les refaire avec la Chine. »
Beatriz Loiseau
(Source : FranceÔ.fr)
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