Fiche Film
Cinéma/TV
COURT Métrage | 2007
Café des pêcheurs (Le)
Pays concerné : France
Support : 35 mm
Durée : 23 minutes
Genre : drame
Type : fiction

Français

L’hiver, au nord du Maroc, les pêcheurs passent leur temps à contempler leurs barques depuis le Café des pêcheurs. Bravant la météo et le soldat qui garde le port, Monsour décide de sortir en mer pour nourrir sa famille. Son absence bouleversera la vie du café.


NOTE D’INTENTION
Au début des années 80, la ville d’Azilah était une sorte de paradis pour ses pêcheurs. A quelques centaines de mètres de chez moi, se trouvait une plage, où mes camarades et moi avions l’habitude de nous retrouver. Nous y passions tout notre temps libre, à jouer au football, à pêcher de petits crabes, à arracher les moules des rochers… puis nous allumions un feu, placions notre pêche dans une boîte en zinc que la mer avait rejetée, et mangions… A la fin de la journée,quand on tardait à rentrer, nos parents venaient directement nous chercher.

Les saisons se sont succédées et je ne voyais pas le temps passer.

Cette plage était dotée d’un port naturel ; à droite (le Moon) une ligne de rochers qui cachait l’horizon, en perpendiculaire (CHAKKA) une autre ligne coupée par deux énormes rochers que les Espagnols utilisaient comme un chemin de fer. Les pêcheurs pouvaient sortir en mer sans difficulté. Tous les habitants, à la fin de la journée, attendaient leur retour pour leur acheter le poisson. Tout le monde pouvait alors s’en offrir.

Il n’y avait pas de marché aux poissons. Tout se faisait sur place ou juste en face du port, à une cinquantaine de mètres, au café des pêcheurs, où l’on pouvait vendre, négocier ou offrir tout en fumant un joint ou une pipe de kif, et en buvant un thé. Le CAFE DES PECHEURS était aussi un lieu où les pêcheurs se retrouvaient pour raconter leur journée de pêche, leurs aventures, tout en gardant un œil sur leurs barques qui flottaient.

La vie à Azilah me semblait belle. Mais un jour, je vis débarquer d’énormes machines sur cette plage, et j’appris qu’une société Roumaine de travaux publics avait été désignée pour construire un port. Le maire en avait décidé ainsi, apparemment au profit des pêcheurs de cette ville qui n’avaient rien demandé.

J’ai alors vu les espaces où l’on pêchait et jouait au football, disparaître peu à peu sous du béton, jusqu’à ce que je ne reconnaisse plus cette plage.

Un jour de printemps, content et heureux d’avoir un ballon de football que mon frère m’avait ramené des Pays-Bas, je pris la direction de la plage, accompagné d’une dizaine de camarades, pour faire un match. A notre grande surprise, un soldat apparut pendant que nous jouions, il sortit un couteau de sa poche, s’empara du ballon et le creva sous nos yeux. Plus tard on apprit que c’était le gardien du port. Depuis ce jour là, je ne suis jamais retourné jouer là-bas.

Au bout de quelques années, les Roumains sont partis en laissant le port à moitié achevé. Depuis ce moment, l’entrée du port a été baptisée « le cimetière » par les habitants de la ville.

A cette époque j’habitais encore à Azilah. Un jour, au retour du collège, j’aperçus un attroupement vers l’entrée du port. Je m’approchai : une barque ne parvenait pas à regagner le port, empêché par d’énormes vagues. Je regardai la foule impassible qui assistait à cette lutte contre la mort. Et puis dans le silence, une vague avala la petite barque.

Plus tard, la mer a jeté, l’un après l’autre, le corps des trois pêcheurs, sur la plage. Depuis ce temps, je n’ai pas cessé de ressasser ces images et j’ai eu alors l’envie d’en faire un film.

Il y a un an, je suis retourné à Azilah pendant l’hiver. Je regardais ce port qui s’apparente plus à un décor inutile qu’à un port véritable. Et je me suis souvenu de mon père, l’été, quand vers midi, il venait nous chercher, mes sœurs et moi, pour aller nous baigner. Notre famille était alors heureuse. A 14h, mon père avait déjà pris sa douche et était prêt pour repartir à son travail. Aujourd’hui, il est devenu impossible de vivre un moment semblable. La plage est loin, nous devons utiliser un moyen de transport pour ne pas perdre notre journée à marcher jusqu’à la plage.

J’ai compris alors pourquoi j’éprouvais avec une infinie tristesse la défiguration de ce port : c’est comme si tout ce béton avait effacé mes souvenirs et mon enfance. Lorsque j’ai vu cette barque se faire avaler par la vague et cette belle plage rejetant des cadavres de pêcheurs, j’ai voulu faire quelque chose. Certes, j’aurais souhaité rendre cette plage, d’une baguette magique, comme elle l’avait toujours été. Mais comme c’est impossible, c’est un film qu’il me semble important de faire, un film qui pourra peut-être me libérer de la nostalgie de l’enfance, et saluer ces pêcheurs qui, depuis le Café des pêcheurs, passent les hivers à contempler leurs barques amarrées dans ce qui est devenu un parking, et attendent le printemps pour survivre.


Dans le rôle de
Mansour Hamid Boukili
Le premier soldat Mohamed Aderdour
Rasta Tarek Ben’Alam
Soussi Jamal Nouman
Pépé Laurent Grévill
Mahmoud Mahmoud El Faylali
Le deuxième soldat Redouane M’barek
La femme de Mansour Khouloud Betioui
Le fils de Mansour Laurent Grévill
La jeune fille Badria Hassani
L’homme à l’épée Abdelatif Chkouri
La vieille dame à la menthe Fatima Echairi

Genre : Fiction
Année : janvier 2007
Durée : 23 min
Nombre de bobines : 2
Métrage : 650 mètres
Valeur de la copie : 1 300 euros
Visa : 115 177
24 ou 25 images/s : 24 images/s
Format de projection : 35 mm
Format de tournage : S 16
Cadre : 1,85
Pellicules utilisées : Fuji ETERNA 250 D, ETERNA 500, F-64 D
Son : Dolby SR
Réalisation : Al Hadi Ulad Mohand
Scénario : Al Hadi Ulad Mohand
Chef opérateur image : Pascal Poucet
Chef opérateur son : Arnaud Julien
Montage : Benoît Alric
Mixage : Eric Tisserand
Production : La Vie est belle films associés / Zilis Films
Producteurs : Benjamin Celliez, Mohamed Ulad Mohand


année 2007
durée 23 min
genre conte dramatique
langue d’origine arabe
sous-titres français, anglais





Festivals :


> Rouen : Regards sur le cinéma du sud du 15 au 26 janvier 2008 | ROUEN, France
> Festival de Contis du 21 au 24 septembre 2007
> Locarno « Leopards de demain » du 1er au 11 août 2007 | LOCARNO, Suisse
> Château Chinon : L’Avis de château du 19 au 22 juillet 2007 | CHINON, France
> Tanger : Festival de court métrage méditérannéen du 25 au 30 juin 2007 | TANGER, Maroc
> Paris Pris de Courts du 2 au 9 juin 2007 | PARIS, France
> Festival du court-métrage d’Altkirch du 9 au 13 mai 2007

English

Fishermen Cafe
Winter in Northern Morocco. Fishermen spend their day contemplating their boats from the « Fishermen Café ».
In defiance of weather forecasts and the port guardian, Mansour decides to go fishing to feed his family. His absence causes turmoil in the café’s life.
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