Fiche Groupe
Musique
Bobongo des Ekonda
République du Congo
Genre : Groupe de musique

Français

Les Ekonda occupent la cuvette centrale du Congo où ils se sont fixés il y a un siècle et demi environ. Ils comptent parmi des pygmées Batwa qui vivent en symbiose avec leurs « maîtres » Bahutu. Les Batwa s’occupent de la chasse, de la pêche et de la cueillette, tandis que les Bahutu sont principalement agriculteurs et artisans.
Le bobongo est le dernier rite de passage d’un patriarche ou d’un notable défunt (levée de deuil). Ce rituel a ceci de remarquable qu’il réunit les principales formes vocales et chorégraphiques ekonda dans un spectacle représenté par des chanteurs et des danseurs spécialement entraînés pour cela.
Le bobongo fut créé à la fin du XIXe siècle par un certain Itétélé, fin connaisseur de la culture ekonda. On raconte qu’Itétélé, rétif aux travaux des champs, préférait rester à la maison, garder les enfants et les distraire par des fables, des proverbes, des jeux et des chansons. Il décida donc de construire un spectacle à partir des diverses formes de la tradition ekonda (invocations aux génies, proverbes, berceuses, chants historiques, danses iyaya…) auxquelles il ajouta des éléments de sa propre invention. Il constitua un groupe de chanteurs, de musiciens et de danseurs et son spectacle eut tant de succès qu’il fut rapidement invité dans les autres villages. À sa mort en 1910, ses disciples fondèrent leurs propres groupes qui essaimèrent à leur tour dans toute la région.
Aujourd’hui, un village sur trois possède son ensemble de bobongo. Ces groupes ne sont jamais mixtes ; il y a donc des bobongo d’hommes et des bobongo de femmes aussi bien chez les Batwa que chez les Bahutu. Cette distinction entre Bahutu et Batwa résulte du fait que ces derniers apportent à la musique et à la danse une vitalité, un humour et une créativité individuelle sans pareille.
Le spectacle se compose de deux grandes parties : le bobongo proprement dit qui met l’accent sur la déclamation et le chant, et l’iyaya qui est une succession de chorégraphies d’ensemble très précises dans lesquelles se détachent ici et là des danseurs solistes d’une grande virtuosité et – dans le cas des Batwa – d’une extraordinaire truculence. Le clou du spectacle est l’acrobatie finale ibuleyo : quelques danseurs s’installent dans une nacelle au sommet d’un échafaudage et sont précipités en bas pour être brusquement retenus dans leur chute à un mètre du sol.
Le chant, d’une grande variété, offre un bel exemple de l’art plurivocal d’Afrique centrale, avec ses échanges entre solistes soutenus par un chœur bien fourni. L’accompagnement du râcleur, du tambour à fente et des hochets, à la fois dynamique et relativement discret, permet d’apprécier la très grande beauté des voix.