Héroïnes des scènes d’Afrique et des diasporas, de Jeanne Lachèze et Pénélope Dechaufour

L'émergence d'un réseau d'étudiants et de chercheurs

Print Friendly, PDF & Email

Pour sa traditionnelle université d’été en Avignon, le laboratoire Scènes Francophones et Ecritures de l’Altérité (SeFeA) de la Sorbonne nouvelle (rattaché à l’IRET – Institut de Recherche en Etudes Théâtrales, et dirigé par Sylvie Chalaye).a organisé le 12 juillet 2016, en partenariat avec le Théâtre d’Outre-mer en Avignon (TOMA) à la Chapelle du Verbe incarné et Africultures, une projection-débat autour du documentaire de Jeanne Lachèze et Pénélope Dechaufour, Héroïnes des scènes d’Afrique et des diasporas. Ce film rend compte des rencontres scientifiques internationales que le laboratoire SefeA a été invité à organiser en mai 2014 à Abidjan à l’occasion du MASA (Marché des Arts et Spectacles Africains), avec le soutien de l’Institut français et de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie). Les actes de ces rencontres sont publiés dans le numéro 103-104 de la revue Africultures intitulé Théâtres d’Afrique au féminin paru en juillet 2016.

Jeanne Lachèze et Pénélope Dechaufour avaient déjà réalisé un film ensemble en 2011, Io à Lubumbashi, dans le cadre de la création de la pièce de théâtre Io tragédie de Kossi Efoui, à l’institut français de Lubumbashi en République Démocratique du Congo.

Pénélope Dechaufour et Romain Vauclair ont par ailleurs également rendu compte du colloque international Corps et voix d’Afrique francophone et ses diasporas : Poétiques contemporaines et oralité qui s’est tenu à Budapest en 2012 et qui a été présenté à Avignon en 2014 (cf. [article n°11743].

Un conte d’Afrique à Budapest (documentaire) from Romain Vauc on Vimeo.

Le but de ce colloque était de parvenir à réunir chercheurs et artistes autour des écritures afro-caribéennes d’hier et d’aujourd’hui dans le but d’actualiser les questions liées à l’oralité et au conte. Le but de celui d’Abidjan, Théâtre d’Afrique et des diasporas au féminin, était d’analyser les grandes héroïnes tragiques du répertoire africain contemporain et d’aller à la découverte d’écritures d’Afrique et des diasporas qui bousculent les conventions théâtrales. Le colloque, dans un second temps, interrogeait les enjeux socio-économiques liés à l’engagement artistique des femmes en Afrique et analysait la créativité des femmes de théâtre, leurs imaginaires et leurs pratiques esthétiques.
Femmes, écritures bousculantes, collaborations internationales : on sent bien que le travail du laboratoire SeFeA est novateur, peut déranger. Car c’est de haute lutte que les femmes ont conquis la place qui est la leur aujourd’hui dans le paysage théâtral africain. Donner toute sa place à leur créativité est un enjeu de taille, que relève le volume de la revue Africultures dédié à ce colloque mais aussi ce film qui donne des visages et des voix aux écritures et aux regards.
Il n’est pas neutre de constater que ce sont essentiellement des Africains que l’on voit à la fois parmi les intervenants et dans le public : c’est le résultat d’une appropriation de la recherche par les chercheurs et les universités, à commencer par l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, avec laquelle le SeFeA entretient un partenariat de longue date. Mais ce constat est aussi celui du désintérêt aussi bien à Abidjan (en plein MASA) qu’en Avignon des professionnels occidentaux pour la recherche africaine et pour ces sujets…
Ces regards de femmes sont pourtant passionnants, notamment dans leur pertinence pour le monde contemporain. Des chercheurs s’y intéressent, trop isolés : ils se lisent mais ne se rencontrent pas. Voici donc à Abidjan un espace de réflexion commune autour des héroïnes des pièces étudiées (toutes rebelles mais se partageant entre celles qui portent des valeurs communes et celles qui sont plutôt hérétiques) et autour des femmes de théâtre noires et francophones, deux parties bien différenciées dans le film.
Si le film donne corps aux chercheurs, ce sont aussi des comédiennes que l’on peut voir à l’écran. Cette mémoire visuelle est importante, pour aujourd’hui comme pour les temps futurs. Si un colloque ne rassemble que quelques personnes, un film lui donne l’amplitude nécessaire.
Sa forme de reportage permet de revenir sur les moments clefs du colloque. Le numéro de la revue Africultures est là pour la mémoire des contributions et le film n’en capte que des bribes mais des extraits d’entretiens aussi bien que des moments artistiques rendent compte des idées-forces et restituent l’intensité des échanges et de l’émotion d’un rendez-vous où se structure un peu plus un réseau d’étudiants et de chercheurs africains à même d’accompagner la créativité théâtrale du Continent et de ses diasporas.

Voir le film en version intégrale :

Site créé en partenariat entre Africultures et le SeFeA, afritheatre.com est un projet encyclopédique qui cherche à documenter de façon précise et exhaustive les dramaturgies africaines contemporaines.///Article N° : 13695

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Les images de l'article





Laisser un commentaire