Hope : L’espoir, coûte que coûte

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Rude et réel, Hope de Boris Lojkine dérange. Mais son titre le porte : l’espoir ! En sortie sur les écrans le 28 janvier.

Des migrants dans le désert algérien qui s’aperçoivent que l’un d’entre eux est une femme. Q u o l i b e t s. Des policiers algériens débarquent, les migrants s’enfuient, la femme est violée. Un migrant
camerounais, Léonard, rebrousse chemin, la secourt. C’est le début d’une histoire d’espoir, du nom de cette Nigériane : Hope. C’est le début d’une histoire que l’on qualifierait d’amour si la dureté ne prenait le dessus. En situation de survie, même pour Léonard, le chacun pour soi prime sur les valeurs.La survie, Boris Lojkine, qui vient du documentaire, la décrit comme personne ne l’a encore fait sur ce sujet, avec une certaine froideur anthropologique, dans toute la cruauté des règles du voyage clandestin : dans chaque ville, des maisons délabrées ou des appartements servent de ghettos-refuges par origine nationale, sous le pouvoir de pasteurs exploiteurs faisant la pluie et le beau temps des êtres et des âmes. Et partout, le mépris, les contrôles, les razzias. Et pour Hope, la prostitution comme unique destin.
Mais qui dit que l’amour est impossible en de telles circonstances où l’argent détermine tout rapport ? Sans doute faut-il se détacher d’une vision fleur bleue de la fusion : l’amour est avant tout l’intimité d’une relation, qui peut trouver sa singularité dans l’extrême et la crise. En cela, Hope se fait fiction pour affirmer que même si l’homme reste un loup pour l’homme, que s’il n’y a pas de happy end dans l’univers du drame, un appel à l’humain est présent, que certains peuvent encore saisir.
Un film-choc
Fiction improbable certes d’un Camerounais se liant à une Nigériane sur la route, Hopepropose sans le nier d’échapper à la seule
noirceur d’un réalisme cru. Il n’en demeure pas moins un film-choc, destiné à remettre les pendules à l’heure, qui en rajoute sans le dire une couche sur le scandale et l’absurdité de la fermeture de frontières qui, justement parce qu’elles restent forcément poreuses, ne provoquent que trafics, drames et violence. Tourné au Maroc sur les lieux de ce qu’il décrit, avec des acteurs recrutés sur le tas et jouant le plus souvent en se l’appropriant leur propre rôle, profitant d’une mise en scène sans fioritures mais s’aventurant parfois dans le rythme, les gros plans et les lumières du film d’action, maniant habilement les ellipses et sans voyeurisme sur la violence à l’œuvre, Hope réussit cette délicate alchimie de ne pas sombrer dans le pathos ou le misérabilisme tout en chatouillant les consciences.

Alda et Maria, de Pocas Pascoal par Olivier Barlet

Le film porte en portugais le titre « Ici tout va bien » : c’est ce que disent au téléphone deux jeunes femmes à leur mère,
qui l’ont précédée en émigrant à Lisbonne pour échapper à la guerre civile en Angola. Elles s’y retrouvent isolées et sans moyens. Premier long métrage attachant, Alda et Maria réussit cette subtile alchimie d’une sincérité qui évite tout effet pour se concentrer sur l’humain. Dans ce cadre précaire, confrontées loin de leurs attaches à leur fragilité morale et culturelle, les deux jeunes filles sont face aux garçons, à l’exploitation et au racisme alors qu’elles essayent de survivre. Elles auront chacune leur voie pour entrer dans l’âge adulte. La familiarité de la mise en scène, qui adopte alternativement le point de vue des deux femmes, permet de partager leurs craintes, leurs déceptions et leurs espoirs dans la complexité de leur relation. Reste le hors-champ de la guerre civile, du pays devenu lointain et de l’incertitude à venir. A ne pas rater, à partir du 14 janvier dans les salles.///Article N° : 12680

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