Jugement d’une femme

De Hassan Benjelloun

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« Jugement d’une femme » est construit sur une volonté démonstrative : à la fois dénoncer l’aliénation proprement juridique de la femme, à laquelle sont déniés les droits fondamentaux de la justice dans le droit marocain et suggérer que la lutte pour une évolution est possible, non seulement sur le terrain du droit mais aussi au sein du couple. Histoire contée par le menu à la faveur d’une enquête faite à l’instigation d’une avocate française des droits de l’homme venue pour un procès en appel, il est l’occasion de croiser deux destins de femmes : Touhfa, la danseuse de cabaret à qui son mari retire sa fille et qui devra le tuer pour se défendre, et Malika, l’interprète confrontée à un mari bon bougre mais qui la violente quand elle lui reproche une aventure amoureuse. Cette volonté démonstrative a été efficace puisqu’à la suite du film, le gouvernement marocain a décidé de réunir une commission pour étudier les droits de la femme dans le pays. C’est dire la nécessité de ce genre de films qui analysent de façon transparente et identifiable par le public les problèmes de la société.
C’est ainsi « un cinéma qui montre du doigt plutôt qu’il ne désigne du regard », comme l’écrivait Serge Daney. Mais que ce film soit davantage un téléfilm dans sa facture, alternant des couchers de soleil à des situations uniquement parlées, n’a que peu d’importance : son intérêt est sa sincérité, son acuité, son appel au changement et à rester au pays pour continuer à le faire évoluer plutôt que de désespérer de l’avenir et vouloir émigrer.

2001, 35 mm, coul. 90 min, image : Alain Levent, avec : Rachid El Ouali, Sanaa Zaïm, Asmaa Khamlichi. Bentaqerla Films (+212 61 18 97 31)///Article N° : 2678

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