La Colonie, un lieu hybride by Kader Attia

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Situé à proximité de la gare du Nord, La Colonie est un nouvel espace conçu par l’artiste Kader Attia et le barman Zico Selloum. Inauguré le 17 octobre dernier, journée qui commémore le massacre de 1961 de manifestants algériens dans les rues de Paris. Ce premier symbole, porte l’enjeu de La Colonie : « sortir des postures amnésiques de l’histoire » par une programmation culturelle audacieuse.

« Pouvoir créer un lieu qui traite des questions taboues dans la société française, comme le passé colonial et son lien avec les fractures sociales actuelles« , telle est l’ambition de La Colonie, co-fondée par Kader Attia et Zico Selloum. Un Kader Attia qui fait décidément l’actualité, en raflant le prix Marcel Duchamp.
Prix qui distingue les artistes de la scène française les plus novateurs de leur génération. Le plasticien traque depuis quinze ans les refoulés de l’Histoire, en concentrant ses recherches autour d’un thème, la réparation.
De l’anthropologie à l’ethnologie, en passant par la psychanalyse, la philosophie et l’architecture, il favorise depuis toujours la rencontre des univers et des penseurs : « J’ai commencé à organiser des événements bien avant d’être exposé à travers le monde. J’invitais des performeurs, des pianistes, des modèles… » jusqu’à sentir la nécessité d’ouvrir un nouvel espace.

Faire swinguer les esprits

La devanture à la petite enseigne lumineuse, contraste avec l’immensité du lieu.
La musique – choisie dans les vinyles de Kader Attia – guide le visiteur novice de la véranda-fumoirs à une salle centrale : le bar. Mais appeler La Colonie « un bar » est réducteur. Auparavant maison mère d’un atelier textile, puis dancing, cet endroit est désormais hybride ; il est possible d’y prendre son café le matin, de participer à un débat à l’heure de l’apéro aussi bien que d’y « faire la fête » jusqu’à 2 h du matin.
Le frère de l’artiste, Fayçal Attia, chapeau melon vissé sur la tête, dégage un enthousiasme contagieux. Notre guide nous amène à la découverte du premier étage,
une aire dédiée aux conférences, colloques et expositions, puis au deuxième niveau – en cours d’aménagement, qui accueillera une galerie d’art.
Fayçal Attia définit La Colonie comme « un lieu de brassage culturel où faire swinguer les esprits« . Le programme des débats se peaufine encore mais Kader Attia dit vouloir traiter, aussi bien du postcolonial que de la question du genre dans les civilisations occidentales et orientales, s’érigeant « contre toute forme de répression et de domination d’un groupe humain sur un autre ». Kader Attia motive ainsi l’urgence de son engagement : « À Paris, il y a un manque d’espaces alternatifs non institutionnels. Les lieux de ce type sont souvent créés de manière indépendante, sans aucune subvention. On y a mis chacun nos économies en travaillant pendant trois ans pour rénover les lieux« .
La décoration est d’ailleurs hétéroclite toute en étant sobre et soignée : carrelage de briques, meubles années 1950, canapés et lampes dépareillés. Le plasticien dit avoir cherché à créer une ambiance familiale. Son petit plaisir personnel, « la perle » à laquelle il rêvait depuis des années, « Un bar à livres ». « Toutes les étagères sont remplies de livres d’art contemporain, de philosophie, d’histoire. Vous pouvez les commander aux serveurs en même temps qu’un verre…« .
Génial, non ?!

Plus d’infos :
La Colonie, 128 rue Fayette, Paris 10e
facebook : @lacolonieparis

///Article N° : 13837

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