La masterclass de Maïmouna Doucouré à Dakar

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La réalisatrice d’ascendance sénégalaise Maïmouna Doucouré a présenté Mignonnes au festival Dakar court en décembre 2020 (cf. critique du film). Le texte qui suit combine le débat après le film et la masterclass qu’elle a donnée le lendemain matin pour les jeunes cinéastes en formation.

Aboubacar Demba Cissokho : Vous avez suivi des cours de biologie et fait du théâtre. Qu’est-ce qui vous a amenée au cinéma ?

Maïmouna Doucouré : Depuis très jeune, j’étais fascinée par les histoires. Quand je venais au village de mes parents au Sénégal, il n’y avait ni télévision ni électricité. Les anciens nous racontaient des contes et j’étais bercée par ces histoires. J’étais cependant convaincue que le cinéma ne m’était pas destiné : femme noire issue d’un quartier populaire. Je me suis auto-inhibée car je n’avais pas de rôle-modèle. Je ne voyais jamais mon reflet dans le cinéma français, que de façon caricaturale et stéréotypée. J’écrivais des histoires dans des carnets et fait du théâtre amateur. Une amie m’a poussée à faire un concours de scénario qui était réservé aux quartiers populaires. J’ai fait partie des lauréates. Est-ce que j’allais me lancer ? J’étais autodidacte et ai pu réaliser un premier film autoproduit. Je me suis alors autorisée à raconter des histoires.

Augustin Diomaye Ngom : Comment s’autorise-t-on ainsi à se lancer ?

Maïmouna Doucouré : Quand j’ai écrit Maman(s), je me suis demandée si cela allait intéresser les gens : que des Noirs, en huis clos, la polygamie… Le film a voyagé partout. Je me suis rendu compte que le plus important était d’être sincère, de partir de son intime pour arriver à l’universel. La première étape est de se sentir légitime dans son histoire, dans ce qu’on vit au quotidien, dans ce qui nous touche. Ensuite, il faut avoir en tant qu’artiste la volonté de changer le monde. Je n’ai pas voulu faire de la politique ou de l’activisme, j’ai voulu faire de l’art car je pense que c’est la plus belle manière de toucher les cœurs pour atteindre les esprits et faire réfléchir une société tout entière. Mais la qualité première reste l’humilité et de toujours douter. On écrit finalement le scénario à plusieurs mains, on le fait lire à diverses personnes pour se remettre en question. J’ai été extrêmement bien entourée, avec une équipe formidable, choisie sur le volet, sans copinage pour avoir les meilleurs techniciens.

Aboubacar Demba Cissokho : Quelles sont vos influences cinématographiques ?

Maïmouna Doucouré : J’ai été biberonnée au film de genre ! Dans notre appartement à Paris, c’était très petit et je voyais des films d’horreur avec mes frères. Avoir très peur mais être aussi fascinée, cela m’a beaucoup marquée. Je pense à Brian de Palma ou Hitchcock. Aujourd’hui, mon inspiration suit le cinéma qui touche la vérité. Par exemple Asghar Farhadi, réalisateur iranien. Quand je regarde un film, je veux oublier que je regarde, participer à l’histoire qui m’est racontée, par tous mes sens. La réalisatrice anglaise Andrea Arnold m’inspire beaucoup. Pour Mignonnes, l’idée était de suivre l’état émotionnel du personnage. Tout était pensé en fonction : la lumière, les couleurs, qui s’assombrissent au fur et à mesure qu’elle devient triste. Les vêtements aussi. Les couloirs de l’appartement se rétrécissent. La coiffure d’Amy suit aussi cette logique : son chignon s’ouvre en afro quand elle prend de l’assurance puis redescend ensuite. Tout a été réfléchi et construit, y compris les décors. J’aime jouer ainsi avec l’inconscient du spectateur.

Aboubacar Demba Cissokho : Et en dehors du cinéma, de quoi vous nourrissez-vous ?

Maïmouna Doucouré : J’ai compris qu’autour de moi, je pouvais trouver des choses intimes à valeur universelle. On n’a pas besoin d’être dans l’imitation. Il faut mobiliser sa singularité pour apporter ce qui n’existe pas encore. Sincérité et liberté sont les deux mots qui comptent pour moi dans la création.

Aboubacar Demba Cissokho : Vous avez dit que Mignonnes était une thérapie pour vous : que vous permet-il de régler ?

Maïmouna Doucouré : On a une responsabilité dans la société en tant qu’artiste, avec un certain pouvoir de changer les choses. Comme le colibri face à l’incendie, j’apporte ma goutte d’eau, sans rien imposer au spectateur, juste en lui apportant des éléments. Mon désir est d’ouvrir un débat social. Des gens ont jugé le film avant de le voir, mais le but est que ceux qui le regardent puissent se poser des questions.

Augustin Diomaye Ngom : Faut-il dénoncer quelque chose ?

Maïmouna Doucouré : Le danger est de faire un pamphlet, ou d’expliquer ce qu’il doit penser de tel ou tel sujet. C’est dangereux car le spectateur a cette intelligence et va sentir que l’auteur veut diriger sa pensée. Cela nous tient à distance de l’œuvre. L’important est de trouver un point de vue. Avec Maman(s) et Mignonnes, j’ai adopté celui de l’enfant : vivre avec elle cette expérience, poser un tableau de vie et faire confiance au spectateur pour qu’il comprenne le propos. Avec un point de vue unique, l’immersion n’en est que plus grande. Mais au fond, il s’agit de filmer l’invisible : avec une histoire et des personnages qui ont aussi leurs défauts parce qu’ils sont humains, c’est-à-dire imparfaits, comment on va s’identifier même si on n’a pas le même vécu ou la même couleur de peau ou la même religion, et comprendre leur expérience. Pour cela, il faut aimer un personnage, et être avec ce personnage. Mignonnes n’est pas regarder les enfants mais vivre avec eux. Le film leur donne la parole.

Augustin Diomaye Ngom : Comment peut-on transgresser la pression sociale ?

Maïmouna Doucouré : Quand on voit des films des années 70 comme ceux de Souleymane Cissé, on voit des femmes qui fument, et osent s’exprimer face à leur mari. Que s’est-il passé ? Aurions-nous la liberté de faire ces films aujourd’hui ? En tant qu’artiste, le plus important est de trouver cette liberté, car l’acte artistique est révolutionnaire : il ne fait pas toujours plaisir mais il peut faire bouger les lignes. C’est mon unique moteur. Cela peut être naïf, mais sans cette conscience, je ne ferais pas ce métier.

Aboubacar Demba Cissokho : Ces deux films seraient-ils les deux éléments d’une série ?

Maïmouna Doucouré : On me demande souvent si Mignonnes est la continuité de Maman(s). Ce sont deux films différents. Leur point commun est d’être inspirés de ma propre histoire. La polygamie est un cadre social, c’était un bouleversement familial, mais ce n’est pas le sujet en soi : ces films parlent de petites filles qui voient leur mère subir sans s’opposer. Cela les révolte profondément et c’est pour cela qu’elles agissent. Les prochains projets concernent des adultes ou des adolescents.

Aboubacar Demba Cissokho : Vous avez indiqué que Mignonnes est inspiré de faits réels.

Maïmouna Doucouré : L’idée de ce film m’est venue en 2017 lors d’une fête de quartier dans le 19ème arrondissement de Paris où j’ai grandi. Des filles de 11 ans sont montées sur scène et elles dansaient vraiment comme dans les clips américains, de façon extrêmement lascive, avec des vêtements courts transparents. Dans le public, il y avait des mamans, certaines portant le voile. J’assistais à un vrai choc des cultures. J’ai essayé de comprendre pourquoi ces petites filles dansaient ainsi et comment elles construisaient leur féminité. J’ai enquêté durant un an et demi. J’ai rencontré plus de 150 petites filles, dans les parcs, dans la rue, dans les écoles. Ce sont leurs histoires qui m’ont inspiré pour écrire le film.

J’ai aussi mis de moi dans ce film : j’ai laissé s’exprimer la petite fille qu’il y a en moi. Quand j’avais onze ans, je dansais dans des après-midi dansantes avec mes copines sur du ragamuffin, qui est très lascif également. On dansait aussi du zouc. J’ai grandi dans une famille polygame, je voyais aussi beaucoup d’injustice vécue par les femmes. J’étais impuissante, j’avais la rage, j’allais voir ma mère et lui parlais d’une tante qui souffrait depuis que son mari avait épousé une seconde femme… Chez les Soninké, les femmes doivent appeler leurs relations pour annoncer que leur mari a pris une seconde femme, alors qu’elles sont meurtries, sinon on les traite de jalouse ou on se moque d’elles. J’ai tellement entendu le mot « mouni », qui semble avoir été inventé pour les femmes ! « Mouni pour tes enfants ». « Mouni pour Dieu car le paradis se trouve sur le pied de ton mari ». J’ai grandi avec cette colère. Je suis contente d’avoir pu l’exprimer à travers un film.

Aboubacar Demba Cissokho : Dans une scène du film, on essaye d’exorciser avec des versets du Coran, en projetant de l’eau sur la fille pour en sortir les démons. Cela m’a fait penser au ndoep comme thérapie. Aviez-vous cette référence avant de faire le film ?

Maïmouna Doucouré : Je tiens à préciser que la séance de l’exorcisme n’est pas du Coran. C’est un poème arabe qui parle des fleurs qui poussent. Loin de moi l’idée de ne pas respecter le Coran. Ce sont des situations que j’ai pu observer : souvent quand les enfants dévient ou se droguent, les parents trouvent une cause extérieure comme les djinns plutôt que de comprendre l’enfant. Il est plus facile de croire qu’un diable a pu se loger là.

Question du public : Dans la scène de la mosquée, on entend qu’il y a plus de femmes en enfer que d’hommes.

Maïmouna Doucouré : C’est une phrase que j’ai souvent entendue. Avec le cinéma, je règle des comptes avec la société mais aussi sur un plan personnel avec ma mère : nous n’avons pas la même vision de la féminité. Je fais ce film pour lui dire ce que je n’arrive pas à lui dire et pour lui faire dire ce que je voudrais qu’elle me dise ! Dans le film, sa fille est tiraillée entre deux modèles de féminité, l’un posé par la tradition, l’autre par la société qui cherche à faire d’elle un objet : je voudrais qu’elle lui dise d’être la femme qu’elle a envie d’être.

Baba Diop : Bravo pour avoir fait revenir Thérèse Mbissine Diop, qui avait joué dans La Noire de… d’Ousmane Sembène.

Maïmouna Doucouré : Ce fut une expérience émouvante quand on sait ce qu’elle a parcouru.

Souleymane Cissé : J’ai compris la rage de votre jeunesse. Est-ce que dans le milieu soninké en France, ces comportements existent toujours ?

Maïmouna Doucouré : Il y a là un cadre familial propre à ce personnage principal mais cela concerne tout le monde. Mon enquête m’a permis de comprendre que la non-communication avec nos enfants n’était pas une question de milieu social ou de couleurs. C’est la polygamie dans le film mais cela pourrait être le divorce des parents. Tous ces tabous, ces sujets qu’on n’ose pas aborder avec nos enfants en les croyant trop jeunes : ils vont apprendre avec leurs propres moyens avec des outils modernes qui donnent accès à des choses qu’on ne peut même pas imaginer, les téléphones portables. Il faut éveiller leur esprit critique, c’est urgent !

Question du public : Comment s’est déroulé le casting ?

Maïmouna Doucouré : C’était un casting sauvage, surtout dans la rue ! On a vu 700 petites filles à travers la France pour cinq actrices ! Ce fut à chaque fois un coup de foudre. C’était bien sûr leur toute première expérience de cinéma mais elles avaient toutes des bases de danse. Elles avaient un talent inné mais il me fallait les préparer. On a été en vacances ensemble et à beaucoup de foires. Elles adorent manger au Mac Do… Cela a permis de souder le groupe. Pour les répétitions, j’ai fait correspondre chaque personnage à un animal. Jess, la petite fille aux cheveux blonds, était par exemple un ours : cela peut se sentir dans sa façon de danser, sauvage, ancrée au sol, dure. Angelica, aux longs cheveux, était un serpent sensuel et prêt à mordre. Quant à Amy, la protagoniste principale, elle était d’abord un chaton puis devient un chat et finalement une panthère noire. Utiliser des animaux les a aidées à trouver la posture de leur personnage, la façon de regarder. Cela permettait aussi de s’y retrouver dans les séquences car on ne tournait pas dans l’ordre.

Question du public : Comment Amy a-t-elle géré son personnage, qui n’est pas simple à porter ?

Maïmouna Doucouré : J’insistais sur le fait que quand on joue comme acteur, une petite voix nous dit que ce n’est pas la réalité. Pour les amener à l’émotion, on avait un secret que je pouvais utiliser sur le plateau, que je leur disais à l’oreille. En tant que réalisatrice, je suis très impliquée émotionnellement. Je jouais les scènes pour leur montrer et je pleurais d’abord si elles devaient pleurer. Et puis j’ai tendance à beaucoup parler durant les scènes. C’est fusionnel.

Aboubacar Demba Cissokho : Comment votre entourage, famille, quartier, gens culturellement proches, perçoit votre travail ?

Maïmouna Doucouré : J’ai fait des projections dans le cinéma de mon quartier. Il y a une vraie conscience de la réalité. Ce qu’on voit dans le film est malheureusement largement en dessous de cette réalité. L’escorting est devenu un phénomène courant : des filles de 12 ans, que j’ai vu grandir, qui deviennent des escort girls. Que s’est-il donc passé pour qu’on en arrive là ? Cela touche tous les milieux sociaux. Que va-t-on faire ? Il faut prendre cette problématique à bras-le-corps et trouver des solutions pour protéger nos enfants.

Question du public : J’ai été frappé par la direction d’acteurs dans votre film qui permet à ces filles d’être naturelles.

Maïmouna Doucouré : Il était important pour moi d’avoir une certaine authenticité. Je leur disais qu’on était ensemble dans un laboratoire de recherche de la vérité. J’avais envie qu’elles lâchent prise. Durant les vacances et autres sorties, il y avait toujours une caméra braquée sur elles pour qu’elles s’y habituent. C’était beaucoup de préparation, mais le tournage était comme un terrain de jeu. J’ai l’habitude de parler durant les prises, si bien que le monteur son me déteste ! Je vis les séquences avec les acteurs. J’invente des codes. Je disais « chips » pour les fixer dans leur geste, et « hamburger » pour reprendre l’action après leur avoir donné des indications. Pour plus d’énergie, je leur disais « pastèque », et lorsqu’elles étaient un peu trop indisciplinées, je disais « piment » !

Question du public : Dans la famille, ils s’expriment en wolof mais il y a en France une grande communauté soninké comme vous. Pourquoi ce choix ?

Maïmouna Doucouré : Je voulais, comme dans mon court métrage « Maman(s) », garder la langue nationale sénégalaise et peut-être aussi conserver une distance émotionnelle.

Question du public : Les hommes sont très peu présents dans le film.

Maïmouna Doucouré : On ne les voit pas mais ils sont extrêmement présents ! Le père n’est pas présent physiquement mais ça le rend d’autant plus présent car c’est lui qui est responsable de tout ce bouleversement familial. Il plane au-dessus de l’histoire comme une sorte de fantôme, et représente ainsi symboliquement le patriarcat. Il n’a pas besoin de se montrer pour que les femmes y soient soumises.

Question du public : Quel choix reste-t-il aux enfants entre la tradition et l’internet ?

Maïmouna Doucouré : Il faut qu’on commence par se regarder nous-mêmes. Avec ce film je pose un miroir : c’est nous qui avons donné ces outils à ces enfants pour être ainsi. Elles sont dans le mimétisme. Elles se construisent avec les réseaux sociaux. On est tous concernés. On compte les « like » pour mesurer notre valeur ! Le problème est que pour ces petites filles, le modèle proposé sur les réseaux ou à travers la télé-réalité est une femme-objet qui ne se définit que par son corps. C’est ce corps qui ramène de l’amour. Il y a des jeunes filles qui ont 400 000 followers mais qui n’ont comme unique talent que de mettre leurs photos. L’enfant doit prendre le temps de grandir pour être au mieux de soi. Cette enfance est précieuse. La société grille les étapes.

Question du public : Le film peut-il être utilisé à des fins pédagogiques ?

Maïmouna Doucouré : Le film est très sollicité comme outil de sensibilisation : de nombreuses écoles, centres associatifs ou culturels projettent le film pour ouvrir le dialogue avec les jeunes qui sont souvent désemparés et ne savent comment aborder ces sujets. Et comme les actrices avaient entre 11 et 13 ans, il fallait aussi faire ce travail avec elles et leurs parents. J’ai fait appel à une psychologue qui était présente sur le tournage et qui a aussi évoqué les difficultés liées au fait d’avoir son visage placardé dans les rues de Paris sur les affiches du film. La protection de mes actrices a été ma priorité dès le début. Je leur disais qu’on fait un film mais que le plus important reste la vie. Ceci dit, l’important était aussi de faire comprendre aux parents mais aussi aux actrices que ce film était un acte féministe engagé.

Augustin Diomaye Ngom : Tout cela ramène à la pression sociale.

Maïmouna Doucouré : Il y a dans Mignonnes quelque chose de très organique sur le costume. On a de tout temps décidé ce que devaient porter les femmes : la jupe plus ou moins courte, le voile, etc. Peut-on enfin avoir en tant que femme la liberté de choisir le costume qu’on a envie de porter ? Et donc d’être la femme qu’on a envie d’être ? C’est la question que pose le film.

Aboubacar Demba Cissokho : Quel bilan sur la polémique qui a accompagné le film aux Etats-Unis ?

Maïmouna Doucouré : Le film a été très bien reçu au festival de Sundance, le festival de films indépendants le plus important aux Etats-Unis, avec le prix de la meilleure réalisation. Il a également été primé au festival de Berlin. Les avant-premières en France se déroulaient très bien, avec des débats passionnants. Et soudain cette polémique. Je l’ai comprise en lisant le résumé qui circulait sur les réseaux sociaux, présentant le film comme l’histoire d’une fille noire oppressée par la religion musulmane et qui porte le voile, qui va être libérée par une fille blanche aux cheveux longs lui suggérant que la liberté passe par le twerk et la danse ! Avec un tel résumé, j’aurais été la première à dire que ça ne va pas ! Or aujourd’hui, une fakenews est six fois plus véhiculée qu’une information réelle… Donc on apprend comment les choses fonctionnent et on grandit ! Cela a permis à plein de gens de voir le film et des excuses de gens qui, après l’avoir vu, ont compris qu’on avait le même combat.

Question du public : Quelles ont été les difficultés rencontrées pour arriver au résultat ?

Maïmouna Doucouré : Le piège est de se projeter sur le succès. L’objectif est ce qu’on a envie de raconter. Ce n’est même pas la thématique qui est importante qu’on risque de surligner, c’est l’histoire, l’évolution des personnages qui doit rester centrale. Il y a eu beaucoup de travail de préparation, si bien que le tournage s’est bien déroulé. On verra au making-of qu’il n’était pas facile de diriger le petit de six ans ! Les enfants avaient leur chambre sur le plateau avec tout ce qu’ils aiment.

Olivier Barlet : Mignonnes est un film qui est toujours sur la corde raide, entre les chorés sympas des filles et le danger du voyeurisme. S’il y a eu polémique, c’est sans doute à partir de cette ambiguïté liée à la question de la pédophilie, très médiatisée aujourd’hui. Quelles ont été les difficultés de mise en scène pour gérer l’angle de la caméra et la proximité des corps ?

Maïmouna Doucouré : Je suis restée sur mon leitmotiv qui était d’être toujours avec mon personnage. C’est aussi ainsi que j’ai mis la danse en scène. Je n’ai pas cherché à choquer ou interpeller. Je suis restée avec mon personnage, fidèle à ce point de vue. Amy utilise la danse comme une forme de libération, pour se rebeller et affirmer sa féminité naissante. J’ai filmé la danse non pour qu’on la voie mais pour qu’on la danse nous-mêmes, comme elles la dansent. Je n’étais pas dans un rapport de jugement : je voulais être fidèle à cette proximité établie depuis le début.

Question du public : L’humour renforce le propos du film, comme dans un conte.

Maïmouna Doucouré : Oui, Mignonnes est effectivement un conte, moderne mais un conte avant tout, où l’humour est essentiel.

Question du public : Avez-vous des projets pour tourner au Sénégal ?

Maïmouna Doucouré : Si tout se passe bien, mon prochain film devrait être tourné au Sénégal. C’est encore un film engagé !

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