La poésie dans tous ses états #1. Des oeuvres de résistance-résilience

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Ce sont des livres lus et appréciés, des musiques découvertes qui restent dans la tête, des clips qui ont enchanté, des œuvres plastiques qui ont sublimé le regard ces dernières semaines. Partage non-exhaustif de coups de cœur culturels, cette semaine, de Anne Bocandé et Alice Lefilleul.

Brûler brûler brûler de Lisette Lombé (Editions L’icononop)

« Et je ne m’excuserais pas du mot « guerrières » […]
Voilà ce que je verrais : un majestueux animal collectif !
Un gigantesque poisson aux écailles métalliques avec chaque écaille-femme, chaque écaille-fille, chaque écaille-mere armée à sa manière pour riposter contre la violence du système »

Incandescent, le recueil de Lisette Lombé respire l’urgence de dire les injustices, de rompre les silences, d’éclairer les invisibilisé.es, les corps stigmatisés, les paroles bafouées. Construite avec des formules de répétitions et régulièrement comme une adresse, la poésie de Lisette Lombé s’immisce, se ressent, s’ancre dans l’intime. Elle est intime. Elle est politique. 

Sade de Antonya David Prince

Sorti il y a un peu plus d’un an le premier album de la poétesse Antonya David Prince, Vulnérâmes, célèbre la vulnérabilité, l’hypersensibilité, la fragilité, l’expression de l’intime comme force. L’artiste, avec la complicité du rappeur Elom 20ce, qui produit cet album, vient de sortir le premier clip de l’opus. Elle a choisi de mettre en image le  titre “Sade” qui évoque le sujet de la fausse couche, de la perte d’un enfant avant sa naissance.

Mère à mère. Sindiwe Magona

Une femme écrit à une autre. Son fils a tué sa fille. Sous sa plume c’est toute une histoire de la violence qui prend forme : l’apartheid et son cortège d’atrocités mais aussi la force qu’il faut pour traverser cela, rester debout et donner la vie. Editions Mémoire d’encrier

Pluie et vent sur Télumée Miracle. Simone Schwarz-Bart

Il est toujours bon de revenir à ce chef-d’oeuvre de la littérature caribéenne publié en 1972. Télumée Miracle, petite paysanne de Guadeloupe et descendante d’esclavage, vit, souffre, aime, grandit, vieillit sans jamais perdre foi en la beauté des choses qui l’entourent. Sous la plume poétique de Simone Schwarz-Bart, la nature s’anime, et nous ouvre les portes d’un monde magique et luxuriant.

Le chant de corbeau. Lee Maracle

Nous sommes en 1950, dans une petite communauté de la Première Nation Salish sur la côte-ouest canadienne, non loin de Vancouver. L’épidémie de grippe asiatique qui fait rage dans le monde ne s’arrête pas aux limites de la réserve et s’abat sur sa population qui doit faire face seule, aucun médecin blanc ne se déplace pour les soigner. Les femmes de toutes les générations font corps et se mettent au chevet des leurs. Leurs gestes, leurs réflexions, leur esprit de résilience forment une réponse profonde à ce monde sens dessus dessous. Et si les épidémies avaient pour objectif de brasser l’univers quand il prend la mauvaise direction? Un roman puissant. Editions Mémoire d’encrier. 

L’âme du peuple noir de Roméo Mivekanin à Abidjan

Depuis 2016, l’artiste Roméo Mivekannin peint des œuvres sur d’immenses draps à partir de tableaux et de photographies d’archives représentant des personnes noires. Un travail au long cours, une sorte de “bibliothèque”, pour se souvenir, connaître l’Histoire, questionner les représentations d’hier à aujourd’hui. L’artiste se représente lui-même à l’intérieur de ses tableaux, pour, dit-il “Mes visages fixent alors ceux qui regardent, ceux qui viennent me rendre visite dans cette galerie, le rapport dominé/ dominant change, nous sommes sur un pied d’égalité. Alors je me nourris de ces regards et je recompose ce qui devient mon identité. Une identité nouvelle”.  [Chronique intégrale à retrouver sur RFI] 

 

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