L’aide et la dette : qui aide qui ?

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Pour éclairer le contexte du développement du livre dans les pays d’Afrique, certains chiffres sont importants, qui influent sur les politiques menées au Sud. En 1970, la CNUCED avait fixé comme objectif aux pays de l’OCDE une aide publique au développement (APD) d’au moins 0,7 % du PIB. Selon, le ministère des Finances, pour un PIB français de 1 522 milliards d’euros en 2002, l’APD atteignait en 2001 0,32 % du PIB contre 0,64 % en 1994.

La dette constitue une énorme pression dans les budgets des pays en voie de développement (PED). Selon l’ONU, le paiement du service de la dette représentait environ 38 % du budget 2000 des Etats d’Afrique subsaharienne.
L’aide publique française au développement – En 2002, l’Etat français a consacré environ 4,8 milliards d’euros à l’aide publique au développement. Est-ce peu ou beaucoup ? Voici un tableau de comparaison.
Les pays du Sud ne sont pas les plus endettés – D’après le journal Les Echos, en 2000, les subventions des pays de la triade (pays d’Europe occidentale, USA, Japon, Australie, Nouvelle Zélande) à leurs exportations agricoles ont été de 350 milliards de dollars. La même année, les dettes publiques de la zone euro, du Japon et des USA furent respectivement de 5000 milliards de dollars, 7200 milliards de dollars et de 7400 milliards de dollars, alors qu’en 2001, la dette des pays du Sud, tous pays confondus, était de 2450 milliards d’euros. La Banque mondiale, quant à elle, enregistre en 2002 un bénéfice de 1,5 milliard de dollars alors que de 1945 à 2001 elle aurait prêté 360 milliards de dollars.
Où va l’APD française ?
– la part bilatérale : aide de l’Etat français à un autre Etat. Même si l’argent peut transiter par des associations ou des entreprises, c’est l’Etat français qui décide du pays bénéficiaire. Environ 2/3 de l’APD est concernée.
– la part multilatérale : contribution de l’Etat français aux institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale…) ou à des organismes de développement de l’Union européenne (principalement le Fonds européen de développement) et de l’ONU (PNUD, la CNUCED, UNESCO, UNICEF, HCR…). Environ 1/3 de l’APD française. D’après un rapport de l’Assemblée nationale, publié en 2002, environ 60 % de cette aide serait versée à l’Union européenne, 20 % à la Banque mondiale, 10 % au Fonds monétaire international (FMI) et 10 % aux organismes des Nations Unies.
L’APD bilatérale – D’après un rapport de l’OCDE de 2002, plus le pays est pauvre, moins il reçoit d’aide, et plus le pays exporte de matières premières, plus il reçoit d’aide. Il semble en effet exister une corrélation troublante entre le volume d’exportation du pays (pétrole, bois, cacao, minerais, etc.) et l’APD bilatérale reçue. A la lecture des rapports du PNUD (1999) et de la CNUCED et d’après les bilans annuels globaux des services de la coopération française, c’est le cas de la France.
A quoi sert l’APD bilatérale française ? – D’après l’OCDE, les opérations sur la dette seraient de l’ordre de 40 %, ; la promotion de la francophonie de 25 % ; la coopération et l’envoi de coopérants pour des projets techniques, scientifiques ou culturels de 25 % ; l’aide-projet, dons, prêts ou financement pour la réalisation d’équipements, d’infrastructures (eau et assainissement) ou de programmes d’actions (santé et éducation) entre 5 et 10 % dont moins de 1 % irait aux ONG ; la coopération militaire de 3 % ; aide budgétaire, dons versés directement à un Etat sans aucun contrôle du parlement français, de 1 % ; le reste représentant l’aide à l’ajustement structurel, le soutien aux plans d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

///Article N° : 3176

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