Lan la

Mangane

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En musique, les légendes naissent avec le temps. Mais le talent, lui, vient toujours en amont. C’est le cas pour Mangane, qui se lève tôt depuis Thiès, entre au conservatoire de Dakar, se passionne pour le balafon, avant de s’emparer d’une guitare comme on le ferait d’une vieille épouse complice. Le blues, le folk, la pop sont les branches auxquelles va s’accrocher l’oiseau aux errances multiples, ensuite. L’épopée d’un groupe, Nakodje, né au Sénégal en 1996, reste un épisode rempli de démesure pour un artiste, aujourd’hui tranquillement installé dans le Limousin. Un jour, possiblement, quelqu’un lui posera cette question, comme par inadvertance, de savoir ce que trafique un artisan de l’imaginaire westaf, venu en transfuge de la Terranga se terrer à Limoges. L’amour par delà les rives ? Un rêve de minot en bandoulière ? Ou l’épuisement du voyageur ? Cet épuisement qui rattrape le migrant du nord au sud en plein sommeil. Mangane, puisque c’est de lui que l’on parle, vous sourira, à pleines dents, à cette question, avec des mots hachés, accent à couper au couteau, et de petits yeux remplis de vie. Il n’aime pas les discours, mais il joue merveilleusement bien, assis sur une scène. Récemment, il accompagnait des phrasés de poètes au festival des Francos, avec beaucoup de génie, des pédales colorées, des notes enjouées et un complice aux vents pour bénir les mots du théâtre d’un soir. Sur son premier opus solo, Lan la, il rayonne aussi, en quête, vraisemblablement, d’un souffle nouveau. C’est beau, mélodieux, et humble, surtout. Une voix singulière, au timbre marqué par le feu des origines. Un doigté certain dans le jeu de guitare. Des textes généreux, parlant de l’amour, du respect, de la dignité et du vivre ensemble. Il n’en faut pas plus pour entamer une nouvelle page en musique nous dit-on…

///Article N° : 12149

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