En sortie le 25 janvier 2017 sur les écrans français, L’Ascension reste léger de bout en bout. Sans doute est-ce ce qui lui permet de convaincre tout en restant un agréable divertissement.
C’est ouf mais on y croit ! Cette histoire improbable d’un Sénégalais de la Courneuve qui se lance sans expérience dans l’ascension de l’Everest pour convaincre sa copine de son amour tient le choc de bout en bout. C’est drôle, léger et convaincant. Et si à la fin cela semble vraiment trop vu les souffrances endurées par les autres montagnards, on nous signale que c’est d’après une histoire vraie pour ravaler nos doutes !
Certes, on nous refait le coup d’lntouchables (cf. [critique n°10507]) : la négation du réel des discriminations et le remplacement de l’Arabe par le Noir qui est tellement plus sympathique dans une société où la peur du terroriste atteint le grand n’importe quoi. Effectivement, L’Ascension est l’adaptation libre du livre « Un tocard sur le toit du monde » écrit par le journaliste Nadir Dendoune. Ce Franco-Algérien né à Saint-Denis a réussi à monter jusqu’au sommet de l’Everest en 2008, alors qu’il était un bleu en la matière ! (1)
Certes, le jeu de l’humoriste Ahmed Sylla conforte l’image du Noir naïf et ébahi, mais sa détermination prend le dessus et l’on prend plaisir à voir sa Cité puis la France entière s’enthousiasmer pour son exploit suivi au quotidien par une radio de quartier. Le potentiel humoristique du va-et-vient entre le réel de l’ascension, filmée sur le vif dans l’Himalaya, et l’impact de son récit dans la Cité est exploité à fond, si bien que l’on adopte volontiers ce conte de fée au fur et à mesure que l’on progresse de camp de base en camp de base vers le sommet.
L’ascension est bien réelle mais le conte de fée -l’amour de Samy pour la belle Nadia (Alice Belaïdi) – n’est pas dans le livre. Pas plus que la lecture d’un roman rose au sherpa Johnny qui s’engage à soutenir et initier Samy. Peu importe, c’est l’acte gratuit par amour qui enthousiasme tout le monde et nous rend crédible le burlesque. Le rythme fait le reste, habilement ponctué de saillies bien trouvées et des inévitables fous rires que déclenche la gestuelle d’un absolu novice confronté aux plus grands défis.
Le tournage au Népal (repoussé en raison du tremblement de terre), jusqu’à 6000 mètres d’altitude pour les scènes de passages de crevasses, et au Mont Blanc pour la neige fut rude et cela se sent dans le film, permettant l’identification et la sidération face à l’exploit. Ce qu’il faut faire pour obtenir une reconnaissance ! Entre Samy et Nadia se joue subrepticement l’enjeu d’une société.
Le film a ainsi l’effet de Good Luck Algeria (Farid Bentoumi, 2016, cf. [critique n°13493]) sans cependant en atteindre la subtilité et la portée. Il partage avec La Première étoile (Lucien Jean-Baptiste, 2008, cf. [critique n°8584]) la dérision sans mépris. Contrairement à tant de films qui ancrent les clichés et la culture du dédain, L’Ascension est un feel good movie sincère et attachant qui enfonce un petit peu plus le clou d’une possible diversité heureuse.
- Notons qu’un photographe sénégalais a également fait l’ascension du « toit du monde » et qu’un livre existe sur son récit : « Kaly, photographe bassari » d’Antoine Morat et Marc Gautron (Aventures Albin Michel, 1992), ainsi qu’un film documentaire éponyme d’Antoine Morat (51′, 1987, fiche ici)
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