Le 2ème festival de films africains en ligne donne à rêver

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La 2e édition du Online African Film Festival bat son plein, après des séances de lancement à Paris, Bruxelles, Abidjan, Accra et Dakar. La plateforme OAFF offre depuis le 15 novembre et jusqu’au 15 décembre 2019 plus de 30 films d’Afrique et de ses diasporas à voir via internet en illimité, à un tarif global très abordable de 8 € ou 8 $ US / Canada (1500 Fcfa en Afrique francophone). Une expérience à soutenir, d’autant que la programmation est d’une grande qualité, autour du thème « le rêve africain ».

Divertissement avant tout, le cinéma a été créé pour faire rêver. Il mobilise l’imaginaire, qui puise ses images dans le rêve. Prendre le rêve comme thème, c’est croire au cinéma ! Dans les films, ce seront les rêves des personnages mais aussi des esthétiques audacieuses. Cette programmation décline ainsi le rêve sous toutes ses formes : aspirations, combats, passions… Amour et politique y dominent, mais aussi bien d’autres choses.

Neuf longs métrages fiction

Quatre étaient en compétition au Fespaco 2019 qui tous installent d’une manière ou d’une autre un univers onirique (cf. article n°14633). Nous avons eu l’occasion de dire le bien que nous pensions de MABATA BATA, de Sol de Carvalho (Mozambique, 2018, 1h13), adaptation d’une nouvelle de Mia Couto. Le rêve serait ici le réalisme magique propre à l’écrivain et que le réalisateur respecte en lui trouvant une belle expression au cinéma. (cf. aussi entretien n°14735). De même, nous avions aimé RAFIKI, de Wanuri Kahiu (Kenya, 2018, 1h22), pour son énergie, son courage et ses femmes qui se battent contre l’intolérance. Elles rêvent de pouvoir s’aimer comme elles le sentent (cf. critique n°14534). BARKOMO, d’Aboubacar B. Draba et Boucary Ombotimbé (Mali, 2019, 1h15) remplit avec bonheur son projet de revitaliser une cosmogonie à partir d’une légende dogon. Quant à SEW THE WINTER TO MY SKIN, de Jahmil X.T. Qubeka (Afrique du Sud, 2018, 2h08), il dresse sur le mode du western – épique, lyrique, presque sans dialogues – le portrait d’un Robin des Bois sud-africain qui rêve d’un autre monde que le système de contrôle colonial, lequel finit par le rattraper et condamner.

La découverte, remarquable, serait donc LA NEGRADA, de Jorge Perez Solano (Mexique, 2018, 1h45) qui tire son titre de l’appellation que se donnent les Noirs entre eux au Mexique. Ils y sont très minoritaires : issus des 250 000 esclaves qui y furent déportés, ils sont aujourd’hui 1,4 million, soit 1,2 % des 128 millions de Mexicains. Sans langue spécifique ou culture reconnue, les Afro-descendants se sont fondus dans la société mais, comme partout ailleurs, ils sont victimes de discrimination et font partie des couches pauvres de la société. La Negrada est le premier film fait dans la communauté noire avec des acteurs non-professionnels. Il se donne pour projet d’affirmer à la fois sa fierté et la force de son imaginaire, structuré par ses traces culturelles. Un vieil homme s’adresse au spectateur avant chaque chapitre, comme le ferait un griot ou chœur dans le théâtre grec, résumant l’action et ponctuant le récit. Les femmes y sont directes, volontaires et combatives. Mais l’homme reste le patriarche, qui ignore même l’âge de ses enfants. L’une d’entre eux, déjà adulte, rêve de sauver sa mère mais aussi d’échapper au sort que lui réserve la dette qu’elle contracte pour cela… Avare de dialogues, misant sur l’image, les corps et les regards, ce drame social tourné chez les pêcheurs de la Costa Chica de Oaxaca est à la fois méditation sensible sur la condition des femmes et document sur les croyances et les rapports humains en situation de pauvreté.

Même démarche de visibilité avec DHALINYARO (Jeunesse), de Lula Ali Ismail (Djibouti, 2017, 1h30). C’est le premier long métrage réalisé et produit par des Djiboutiens (Samawada films), avec l’appui d’une production française (les Films d’en face). Trois jeunes femmes de 18 ans, sur le point de passer le baccalauréat, sont amies intimes mais de classes sociales différentes. C’est le moment charnière du passage à l’âge adulte et des choix d’avenir pour réaliser ses rêves : rester ou partir étudier en France, se trouver une vie amoureuse, se déterminer face aux parents, même si, comme le dit une mère, « le dromadaire règle sa marche sur celui qui le précède ». Comme dans La Negrada, les quelques éléments d’action laissent place à de larges plages documentaires qui tendent à rompre le rythme du récit tout en faisant planer le film dans une certaine sérénité. A cela s’ajoute la douceur et la sensibilité du regard de Lula Ali Ismail sur ses actrices, sélectionnées lors d’un casting parmi plusieurs centaines de jeunes lycéennes. Ce voyage à Djibouti, rarement représenté au cinéma, montre en définitive que les préoccupations des jeunes Djiboutiennes sont celles de toutes les filles du monde à leur âge tout en dépendant de leurs origines sociales.

Après la crise de créativité de la fin des années 2000 qui amorçait son déclin, l’industrie cinématographique nigériane a réagi avec ce qu’on appelle le New Nollywood : des films qui se rapprochent des standards internationaux, destinés aux salles plutôt qu’à la seule diffusion dvd et vcd. OGA BOLAJI, de Kayode Kasum (Nigeria, 2018, 1h31) répond à cette exigence : un récit et un montage relativement maîtrisés, des acteurs crédibles et une histoire pouvant toucher un public international. Un musicien, la quarantaine, vit encore chez sa mère sans vraiment gagner sa vie ni pouvoir monter son groupe de musique. A la suite d’un drame, il va connaître une femme dont il tombe amoureux mais il y a encore un obstacle à passer pour réaliser son rêve…

Deux films ont pour thème l’imaginaire des enfants. SUPA MODO, de Likarion Wainaina (Kenya, 2018, 1h14) suit les pas de Joanna, « Jo », 9 ans, qui n’a plus longtemps à vivre, atteinte d’une maladie incurable. Elle rêve d’être une super-héroïne dans un de ces films d’action qu’elle adore. Sa grande sœur Mwix l’encourage à croire en ses pouvoirs magiques, et convainc sa mère et plus largement le village de réaliser le rêve de la fillette. Issu d’une coproduction allemande, le film est rythmé, drôle, émouvant et intriguant, faisant volontiers croire aux pouvoirs de Jo. A voir avec ses enfants pour répondre à leurs questions sur le réel et la fiction, mais aussi la vie et la mort !

En Afrique du Sud, Gcina Mhlophe est une célèbre et magnifique conteuse qui milita aussi activement contre l’apartheid. On la retrouve dans un orphelinat du Swaziland où elle invite les enfants à inventer une histoire ensemble. LIYANA, de Aaron & Amanda Kopp (Swaziland, 2017, 1h17) documente cette expérimentation tout en racontant l’histoire qui en résulte à travers des dessins et le récit des enfants. Liyana est ainsi une petite fille qui se lance à la poursuite de voleurs qui ont kidnappé ses deux frères jumeaux. Elle est chargée des peurs et des violences qui font référence à celles que les enfants ont éprouvées dans leur destin difficile. Mais ils veulent aussi qu’elle fasse preuve de courage et de détermination pour s’en sortir. Là aussi un film édifiant à voir avec ses enfants : si le récit de Liyana est prenant, les questions qu’il soulève demandent un accompagnement, par exemple sur le fait qu’au Swaziland, plus de 25 % des adultes sont atteints du SIDA.

Cinq documentaires

La force de POISSON D’OR, POISSON AFRICAIN, de Moussa Diop & Thomas Grand (Sénégal, 2018, documentaire, 1h) est de donner la parole aux hommes, femmes et enfants venus par milliers de toute l’Afrique de l’Ouest, qui travaillent dans de rudes conditions et pour de faibles revenus sur la plage de Kafountine en Casamance, où convergent les pêcheurs de sardinelles. Elles doivent être débarquées des bateaux, puis fumées sur des claies pour être commercialisées à bon prix dans toute l’Afrique de l’Ouest. L’environnement subit la nécessité de trouver du bois tandis que les porteurs risquent leur vie et les fumeuses leur santé. Des capitaux chinois construisent une usine de farine de poissons pour l’exportation : toute cette économie informelle est menacée. On rêve peu dans ce microcosme, si ce n’est de trouver l’argent de sa survie. Il a valeur d’exemple des rapports locaux comme des rapports mondiaux. L’alliance des deux réalisateurs fonctionne à merveille, tant le film apporte de la clarté dans la complexité et permet de ressentir les enjeux.

Du rêve, il y en avait à la pelle lors de la deuxième révolution burkinabée d’octobre 2014, rêve de changer de régime, de logiques sociales, de vie… L’Américaine Iara Lee s’est donnée pour but de documenter sur place les cultures de résistance (https://culturesofresistancefilms.com/). C’est ainsi qu’elle se rend au Burkina pour réaliser BURKINABÈ RISING (Burkina Faso / États-Unis, 2018, documentaire, 1h12). Ce qui l’intéresse est la créativité artistique qui prépare la possibilité insurrectionnelle. Pour elle, les expressions culturelles génèrent le lien social et l’esprit critique nécessaires au déclenchement du processus révolutionnaire. Son exploration kaléidoscopique de la scène artistique du pays illustre cette idée : une grande mosaïque qui s’inscrit dans l’Histoire et préparant, doucement mais sûrement, ses accélérations. Sa rencontre avec le rappeur Smokey confirme l’importance de la culture dans le mouvement du Balais citoyen.

Face au drame burundais, la démarche d’Eddy Munyamuneza dans LENDEMAINS INCERTAINS (Burundi, 2018, documentaire, 1h10) est d’abord d’enregistrer des faits et des témoins lors de la sanglante répression des manifestations d’avril 2015 contre le troisième mandat du président. Cela donne une première version du film, mais cela le met en danger et il doit se réfugier en Belgique. Il lui faut alors chercher sa voie, se reconstruire alors qu’il a été séparé de sa famille et ne peut plus exercer son métier au pays. C’est ce touchant voyage intérieur que décrit le film ainsi complété en long métrage, où documents et souvenirs se mêlent jusqu’à ce qu’il parte à la recherche de ses enfants au Rwanda. Entre ceux qui ont choisi l’exil et ceux qui sont restés, l’incertitude domine. Au-delà de son histoire personnelle qu’il partage avec tant d’autres, et parce qu’il choisit d’en parler dans toute sa singularité, Eddy Munyamuneza écrit l’histoire de son pays.

C’est aussi ce que font Maria et sa mère Francisca en s’écrivant des lettres dans CASCA DE BAOBÁ, de Mariana Luiza (Brésil, 2017, documentaire, 12min). Marie est une jeune fille noire venant d’un quilombo de l’intérieur du Brésil, issu des villages d’esclaves marrons d’autrefois. Elle étudie à l’Université Fédérale de Rio de Janeiro où elle est boursière. Sa mère gagne durement sa vie en coupant de la canne à sucre. Leurs lettres sont chargées de souvenirs mais aussi de fascination pour ce qui structure leur culture, à commencer par le jongo, un instrument de musique folklorisé et tombé en désuétude mais évoqué à l’université. Maria se prend à rêver. Elle se colle aux arbres qui correspondent eux-aussi entre eux, pensant à l’histoire de l’arbre de l’oubli que lui contait sa mère… Ce court film trouve sa beauté dans sa subtile distanciation.

La chanson est aussi une grande machine à rêves. Inscrite dans son temps, elle n’en est pas moins politique. C’est cette double dimension que cherche Rufin Mbou Mikima dans À LA RECHERCHE DU VINYLE D’ÉBÈNE (République du Congo, 2017, documentaire, 52min) en emmenant avec lui à Brazzaville un disquaire du Havre spécialisé dans les vieux vinyles de musique africaine et un photographe engagé. Ses souvenirs d’enfance refont surface en écoutant les chansons conservées avec amour par une association de passionnés ou un disquaire de Brazza, mais c’est aussi l’histoire d’un peuple qu’elles évoquent. Cela culmine avec une rencontre avec Les Bantous de la Capitale, groupe mythique encore debout. « Il n’y a pas d’art pour l’art en Afrique », dit Rufin : les textes expriment toujours des préoccupations, envoient des messages. C’est ce que font aujourd’hui ces nouveaux chroniqueurs que sont les rappeurs, alors même que « les choses se sont corsées » et que la musique reste une arme pour faire évoluer les choses. Souvent à l’écran, Rufin partage à la fois son émotion et son soutien à ces griots des temps modernes.

Douze courts métrages de fiction

La radio annonce qu’un vol est ouvert sans visa pour les Etats-Unis, avec contrat de travail à la clef. Le rêve est ouvert ! L’attrait du dollar déclenche une course folle de tout le quartier. Moussa n’est pas en reste, tandis que sa femme essaye de le retenir avec un bon poulet yassa… Tablant sur le burlesque, avec des personnages faisant référence à des films de Djibril Diop Mambety, UNE PLACE DANS L’AVION, de Khadidiatou Sow (Sénégal, 2016, 17min) tente une écriture dérisoire et décalée pour se moquer de ceux qui ne pensent qu’à l’ailleurs.

24min film / IL PLEUT SUR OUAGA (scène finale) from Stéphane Scharlé on Vimeo.

Faire avec ce qu’on a, ressembler à ce que nous sommes plutôt que d’aller chercher des rêves ailleurs, ce serait aussi le propos de ENTITLED, de Michael Adeyemi (Nigeria/Royaume-Uni, 2018, 4min). Le film multiplie les ralentis pour représenter la mère du réalisateur traverser le quartier de Peckham, dans le sud de Londres, sur un cheval. « Ma richesse est ma couronne » : son port altier assure son apport culturel et la possibilité d’une double appartenance. Un acte de fierté.

Quant au retour au pays, il est malaisé lui aussi. Dans BABLINGA, également de Fabien Dao (Burkina Faso, 2019, 15min), Moktar hésite à laisser sa brasserie pour retourner vivre au Burkina. Cela en vaut-il encore la peine ? A la faveur de l’alcool, des fantômes s’invitent pour célébrer une dernière soirée. Ils chantent avec entrain : « il n’est jamais trop tard ! », et l’aident à passer sa dernière nuit. Cette joyeuse représentation des visions éthyliques de Moktar aident à passer le cap pour réaliser son rêve…

Sarra, elle, rêve d’autre chose que le mariage forcé qui s’organise à son insu. Et non seulement elle rêve, mais elle développe secrètement de quoi y échapper ! BLACK MAMBA, d’Amal Guellaty (Tunisie, 2017, 20min), a remporté un Poulain d’or mérité au Fespaco 2019 : habilement mené et filmé, ce récit saisit de bout en bout. Egalement photographe, Amel Guellaty a soigné lumières et cadre pour coller aux ambiances, tandis que récit et montage ménagent adroitement des surprises.

BLACKMAMBA_TRAILER from Atlas Vision Prod on Vimeo.

Une belle détermination féminine aussi dans TAXI CLANDESTIN (CLANDO BI), d’Olivia Frey, Elisa Gomez Alvarez, Paul Choquet, Moustapha Guèye, Yoro Mbaye (Sénégal, 2019, 16min) ! Ce film collectif est issu d’un atelier encadré par le réalisateur Alain Gomis dans le cadre d’un master cinéma ECAL/HEAD (Suisse) à Dakar. Il porte le sous-titre : « C’est la plus mauvaise roue du charriot qui fait le plus de bruit ». Une écolière est en retard pour l’école et prend un taxi clandestin particulièrement « fatigué ». Face aux transformations de Dakar, un jeu se développe entre elle et le chauffeur qui rêve d’aller en France alors que la jeune femme veut tout changer dans le pays pour pouvoir y rester. Cette énergie, symbolisée par des danseurs, sera l’enjeu de cette relation en train de naître…

Belle réussite aussi que celle de DULCE, de Guille Isa & Angello Faccini (Colombie, 2018, 11min) pour instaurer une ambiance et une tension, sous-tendues par un enjeu majeur. C’est ici une jeune fille qui ne sait pas nager alors qu’elle vit en bord de mer et que les vagues peuvent renverser les barques. Il le faudrait aussi pour aller à marée basse aider les autres femmes dans la mangrove pour ramasser les crustacés (pianguas) dans la boue entre les racines. La communauté protège non sans difficultés la mangrove pour conserver cette activité…

En une belle animation en stop motion (dessin après dessin) peinte à l’aquarelle, LE CORPS POREUX, de Sofia El Khyari (Maroc, 2018, 6min) accompagne une femme allant se baigner après une longue journée. Une fois dans l’eau, la conscience de son corps éloigne ses angoisses et lui ouvre la plénitude.

Rupture radicale avec Z THE BEGINNING, de Josiah Godwni (Nigeria, 2019, 10min) situé dans une ère post-apocalyptique, « à la mémoire de ceux qu’on a perdu ». L’inspiration est ici le jeu vidéo : science-fiction, effets démonstratifs, explosions et ambiance de guerre… « Qui nous sauvera ? ». Un surhomme… Un film signé par l’un des adolescents nigérians qui forment le groupe « The Critics », réalisé avec téléphones portables et effets spéciaux sur ordinateur… et absolument aucun budget. Pour les amateurs.

Comédie sur la relation nord-sud dans le financement des films, JETHRO X JETHRO, de Malcolm Bigemyamo (Ouganda, 2016, 13min) met en scène des pitchs (présentation résumée d’un projet de film) de cinéastes ougandais devant “l’Organisation Non Gouvernementale Modérément Altruiste” (MANGO). Entre intentions, démarquages, attentes des uns et des autres et détournement du processus, une tentative un peu sommaire de sensibiliser sur les ambigüités de cette relation quand on rêve de faire du cinéma.

Dédié à tous les enfants seuls, LA MARCHE, de Yadia Mor-Jougan (Cameroun, 2018, 30min) est malheureusement trop démonstratif et insistant pour convaincre. Un orphelin cherche à être aidé mais est toujours rejeté. « Un jour tu dîneras à la table du bonheur », lui dit-on, mais ce n’est pas dans ce film inabouti.

Même remarque pour FEVER DREAMS, de Nile Saulter (Jamaïque, 2018, 13min) où un homme rêve d’une vie réussie alors qu’il n’est que ramasseur de ferrailles. Tout s’abat sur lui mais l’espoir d’un nouveau travail se profile. Il fait cependant une rencontre inattendue qui lui ouvre un nouveau rêve…

Quatre courts musicaux

Entre les effets de style, les ralentis et le côté sexy, A BEAUTIFUL STRUGGLE, de Dafe Oboro (Nigeria, 2019, 13min) évoque un clip musical aux tendances documentaires axé sur la mode (les pagnes vlisco qui coproduisent le film) et la musique. Au bout de six minutes d’introduction sur son personnage, on voit « Champion » chanter dans un studio et affirmer que la musique détermine son existence. Mais pour vivre à Lagos, il faut avoir du bon sens, jusqu’à vendre ses mixtapes dans la rue.

A Beautiful Struggle from Vlisco&co on Vimeo.

Parmi les pauvres gens qui vivent sur les rives du fleuve Guapi, des musiciens jouent une sorte de balafon, le marimba, une tradition ancestrale. Dans DIVINAS MÉLODIAS, de Lucas Silva Rodriguez (Colombia, 2019, 33min), un homme accompagné de sa fille sollicité Pacho pour qu’il lui fabrique un marimba. Par amour pour la jolie fille qu’il convoite en secret, il en fait un très beau. « C’est le diable le maître de la musique » : des rêves sexuels émergent à la faveur des visions éthyliques, un enterrement sera une fête avec le diable. Dans l’imaginaire déjanté de ces artistes, les esprits agissent autant que les vivants…

« Ne cherchez pas le mal, il vous trouvera ».  RAW DINNER, du rappeur Ozzy B / Santi (Nigeria, 2019, 8min15) propose pour illustrer ce thème sur le mode du clip de noires visions où des femmes sexy agissent en zombies et où un dîner ésotérique se solde dans une macabre tragédie. « Bienvenue dans les ténèbres »…

« Vous avez tué notre innocence ». AWEL & AYTA, de Rami Aloui et Nadir Mohammedi (Algérie / Maroc, 2019, 17min) est le cri musical d’une jeunesse qui rêve de retrouver le goût de vivre. Cela suppose que les fantômes s’animent car il s’agit de renouer avec ses racines pour retrouver une voix. Réalisé par un collectif d’Algériens vivant à Marrakech, Alamoriska.

On le voit, cette programmation est d’une grande diversité mais a comme caractéristique commune, outre sa large thématique, de privilégier la beauté ou la force des images. Elles ne se logent pas dans une vision touristique ou folkloriste mais bien dans celles des personnes et dans la recherche d’une esthétique à même d’en valoriser la vitalité. On trouve aussi ici de nombreux films de la diaspora, notamment dans des pays où la présence noire est en mal de visibilité. Tous ces films sont en recherche d’une nouvelle représentation de soi, témoignages d’une culture vivante, attentive à son passé mais qui ne cesse de se renouveler.

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