Le discours d’indépendance de Lumumba

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Le 30 juin 1960, lors de la cérémonie de l’indépendance du Congo, le roi Baudouin de Belgique prononce un discours paternaliste (1) et Kasavubu un discours d’allégeance, mais Lumumba avait préparé un discours qu’il prononcera lui aussi sans tenir compte du protocole qui ne l’avait pas prévu.
A la suite des révoltes populaires de janvier 1959, le roi Baudouin avait promis une indépendance rapide. Les élections auront lieu dès mai 1960. Bruxelles pensait pouvoir faire élire des politiciens congolais favorables au colonisateur mais l’alliance des partis nationalistes autour de Patrice Eméry Lumumba obtient la majorité à la Chambre (71 sièges sur 137). Au Sénat, par contre, l’alliance lumumbiste manque la majorité de 2 sièges car, selon la loi électorale, 23 des 84 sièges sont réservés aux chefs coutumiers qui restent en majorité favorables au colonisateur. Lumumba est donc obligé d’accepter un gouvernement de coalition. Son rival Kasavubu, qui dirige l’Abako devenue Alliance des Bakongo, devient Président tandis que Lumumba sera Premier ministre.
A l’heure de la commémoration des indépendances de 1960, il n’est pas inintéressant de revenir aux textes. Le discours de Lumumba a marqué l’Histoire.

« Congolais et Congolaises, Combattants de la liberté aujourd’hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais.
À vous tous, nos amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants.
Cette indépendance du Congo, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle, nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.
Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable, pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force.
Ce fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste ; nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire, car nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.
Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des « nègres ».
Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort même.
Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les Blancs et des paillottes croulantes pour les Noirs,
Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’injustice, d’oppression et d’exploitation.
Nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut : tout cela est désormais fini.
La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants.
Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.
Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail.
Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir lorsqu’il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière.
Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants.
Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.
Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit.
Ainsi, le Congo nouveau que mon gouvernement va créer sera un pays riche, libre et prospère.
Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger.
Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise.
L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.
Notre gouvernement fort – national – populaire, sera le salut de ce pays.
J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants de se mettre résolument au travail, en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.
Hommage aux combattants de la liberté nationale !
Vive l’Indépendance et l’Unité africaine !
Vive le Congo indépendant et souverain ! »

1. Le roi des Belges s’était exprimé en ces termes : « L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II. (…) L’Afrique et l’Europe se complètent mutuellement. Je souhaite que le peuple congolais conserve et développe le patrimoine des valeurs spirituelles, morales et religieuses qui nous est commun. »///Article N° : 9826

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Lumumba prononce son discours le 30 juin 1960





12 commentaires

    • Fayssoil.moustakime le

      y a t il.possibilite de laisser les noirs se gouverner sans l unification des blancs en afrique????quelle est l avantage des blancs qui viennent de liontaine pour l afrique ????y a t il un espoir de vivre en afrique sans la guerre des blancs ???pourquoi pratique a ete tuê???le tuer est il africain ou bien belge ???

  1. William katosia le

    Lumumba a déclaré : « nous allons monter au monde ce que l’homme noir peut faire lorsqu’il travaille dans la liberté »,Mzée Laurent Désiré Kabila l’a démontré.
    Il a aussi déclaré : »nous allons faire du Congo un centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. »et cela est aussi démontrable.

    • L’homme ne se mesure que devant l’obstacle, l’homme est l’unique à considérer parceque lui seul peut se substituer.

  2. Patrick LONTSE le

    Lumumba fût un homme courageux et noble. Quelqu’u3n soit les circonstances de son décès, il reste le seul noir au monde qui s’est opposé aux 9ccidentaux en général et aux Belges en particulier.

  3. NDIAYE Elhadji baba le

    Je suis jeune artiste et chercheur d’origine sénégalaise. De par ses enseignements je suis en mesure de connaître le sens du PATRIOTISME. Il cite : « Un homme sans tendances nationalistes est un homme sans âme, car l’âme, de par son essence, renferme tous les sentiments que le Créateur y a plantés, et parmi ces sentiments, nous croyons que l’amour de sa patrie occupe une bonne place dans le cœur de tout être humain. »
    Repose en paix P.LUMBUMBA ❤

  4. Sylla abdoulaye le

    patrice etait un homme qui aimait la libèrté pour les congolais(se), aussi la libèrté de tout race noir. Il est difficile de voir un patriote combattant comme lui. Il reste toujours sur la mémoire de chaque generation africain.

  5. Nkutwa kalonda neville le

    Met chers frère ses souer, je suis nkutwa kalonda neville étudiant bac 2 relations internationale, en rdc dans la province du maniema, j’ai n’oublieré jamais lumumba de ceque il avait fait pour sont pays, est mettre l’hômme noir en valeur, même moi j’aime mon patrie plusque ma famille propre c’est à dir je mourait acausé de mon pays, car sans utilisé nos force, personne n’ariverant jamais en aide, nous les noirs nous somme forts des changer notre continat, le problème est que nous ne sommes pas unis, ce pourquoi lumumba avait dit unison nous, rient imposible à l’hômme si reelement il prend conscient pour travailler, nous avons tous dans notre continant, que ce qui samble difficile de changer notre continant, les origines des souffrace en afrique, parceque nous somme tribal, est nos dirigeants aux pouvoir travaille pour leurs intérêts personnel, avec cet comportement nous allons toujours démerer pauvres jusqu’à la fin du monde, aimé vous les un les autres, pour changer notre continant.

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