Le Plafond de verre – Les Défricheurs

De Yamina Benguigui

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En attendant de découvrir son futur projet cinématographique, Le Paradis, c’est complet  » qui sous la forme tragi-comique, [traitera] de la difficulté d’enterrer les musulmans en France « , Yamina Benguigui nous livre deux moyens-métrages, deux documentaires qui font le point sur une énième forme d’intolérance : les  » aspects invisibles et pernicieux de la discrimination dont souffrent les gens issus de l’immigration « .
Cinéaste engagée, formé par Jean-Daniel Pollet (grand nom du documentaire), Yamina Benguigui a constamment filmé une thématique qui tournait autour de ses origines. Plus elle sondait son parcours personnel, plus elle se tournait – logiquement – vers des questionnements sociaux. Après avoir longuement réfléchi sur ses origines (le résultat a donné un excellent Mémoires d’immigré, 1997), sur la place de la femme dans la religion musulmane (Femmes d’Islam, 1994) ou sur le regroupement familial avec la fiction Incha’allah dimanche (2001), Benguigui revient à ses premières armes, le documentaire, avec un sujet d’actualité extrêmement fort et qui continue de sévir parmi ces jeunes diplômés, incapable de comprendre l’illogisme de cette situation.
La méthode de Benguigui, utilisée dans la plupart de ses documentaires, est simple et convaincante à la fois. A l’aide d’un montage extrêmement serré, dont le but est d’éviter le pathos, la cinéaste privilégie la parole. Les mots, ces bribes de phrases dont se servent ses différents « comédiens » de la vie, dépassent à chaque fois la simple joute verbale, pour révéler une manière d’exister, et plus particulièrement comment ils assument leur présence dans cette société. Benguigui choisi continuellement cet angle de mise en scène afin d’écouter pour mieux voir.
Dans Le Plafond de verre («  frontière invisible en ce qui concerne les emplois et les fonctions « ) et Les Défricheurs (constat de l’évolution d’un employé d’origine étrangère dans une entreprise française), de nombreux témoignages, assez effrayants par la violence des faits, viennent ponctuer la méthode du cinéaste. Malheureusement, sa mise en scène est moins inspirée qu’à l’accoutumée. On devine aisément que ce sujet brûlant devait être filmé de toute urgence, que le message primait sur la mise en propos, mais le film s’en trouve bizarrement affaibli, et on regrette au final, que son auteur n’ait pas appliqué ses principes de base. Ces mêmes idées qui lui ont permis d’une part, de lever le voile sur de nombreuses injustices liées à l’intolérance, et d’autre part d’être étudié dans des écoles de cinéma.

///Article N° : 4262

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