Les Frontières du ciel, de Farès Naanaa

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Les Frontières du ciel a été présenté en compétition aux Journées cinématographiques de Carthage en 2015 et a marqué le festival par sa sensibilité.

Les Frontières du ciel de Farès Naanaa (Tunisie) est un film tout en douceur, émouvant dans sa simplicité, qui profite de la justesse du cadre et des lumières de Sofian El Fani, pour aborder le deuil d’un couple confronté à la perte de leur petite fille. Les va-et-vient entre l’avant et l’après qui cherchent à installer l’émotion sont souvent pesants au départ mais lorsque le temps du film se fixe sur l’impuissance de Sami à se reconstituer tandis que Sara en cherche désespérément la voie, le récit de cette dislocation du couple et leur quête séparée de retrouver le courage atteint une belle intensité. En dehors de quelques références à la pesanteur du contexte religieux dans la Tunisie actuelle et quelques pointes d’humour sur la situation du pays, l’histoire pourrait se dérouler n’importe où, sachant qu’il s’agit là d’un milieu aisé où la question sociale ne se pose pas. Un tel film où les silences dominent n’est rien sans de bons acteurs. Anissa Daoud est très convaincante dans le rôle de Sara, quant à l’excellent humoriste Lotfi Abdelli, il avait déjà joué des rôles dramatiques comme dans Making of de Nouri Bouzid et atteint ici une remarquable présence pour interpréter Sami.
On en resterait cependant à quelque chose d’un peu mièvre ou tire-larmes si Fares Naanaa ne convoquait ce qui faisait par exemple la réussite de La Chambre du fils de Nani Moretti où le voyage de nuit vers Menton permettait à la fois de rendre service à l’amie du fils perdu et de franchir la frontière d’une vie sans lui : le reproche du père pour Sara, la mort du père éloigné pour Sami, reconstituent la trinité familiale perdue et la mort comme un passage sur laquelle ne pas se figer.
La sobriété et l’épure de la mise en scène renforcent cette possible métaphore et partant l’universalité du propos, mais peinent à faire oublier le conformisme social de l’ensemble des protagonistes, déjà sensible dans le dernier court métrage de Fares Naanaa, Coup de cœur (cf. « Cinémas du Maghreb : tendances contemporaines », article n°8622). Cela n’est bien sûr pas sans dévitaliser le film.

///Article N° : 13884

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