L’irruption du rap au Maroc

Entretien d'Élisabeth Cestor avec Hicham Abkari,

Casablanca, mai 2008
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Depuis une dizaine d’années, la culture hip hop tente avec difficulté de s’imposer dans le dernier royaume méditerranéen. Hicham Abkari explique comment, dans cet entretien très franc et passionnant. Président de la fondation « Underground », il est aussi programmateur du Festival musical de Casablanca et directeur du Théâtre Mohammed VI : Le rap vu d’en haut tel qu’on peut l’écouter au Palais. Pas si simple.

Vous avez contribué à l’essor de la nouvelle scène musicale marocaine. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En 1999, tout a commencé avec le premier championnat national de break dance, conçu sous la forme de battle », comme cela existe par exemple en Allemagne (The Battle of the year »). Il y avait des joutes entre différents groupes de breakdancers, et, entre ces combats des rappeurs chantaient. C’était vraiment au début, il n’y avait pas beaucoup de groupes, tant au niveau de la breakdance que du rap. Tout se passait dans une petite salle au complexe culturel Sidi Belyout, qui est devenu le lieu mythique de tous les chanteurs rap ou breakdancers. J’avais accès à la salle, mais ce n’était pas facile de monter tous ces projets bien que je travaillais dans ce lieu comme directeur adjoint. J’avais quand même plus de facilité que quelqu’un d’extérieur qui serait venu proposer des concerts de ce genre parce que ce n’était pas très bien vu à l’époque.
Nous avons également essayé de créer un discours autour de ces pratiques, via les organes de presse. Nous avions notamment des chaînes de télévision qui venaient de temps en temps. Nous voulions donner un peu de visibilité et diminuer la suspicion que pouvaient créer ce genre de danse ou ce genre de chanteur.
Quel genre de suspicion ?
La dégaine des danseurs de break ou des rappeurs imitait un peu celle des gangsta-rappers de New York, ce qui n’allait pas de pair avec la « couleur locale ». N’oublions pas que dans le centre de Casablanca, on a du mal à accepter ce que certains appellent « el gharb », c’est-à-dire la culture occidentale car, selon une théorie de la conspiration, notre identité est en danger, attaquée par l’Occident. Ainsi sommes-nous déjà dans cette configuration. Or nous ramenons des jeunes qui représentent l’extrémité à l’intérieur même de l’Occident : les jeunes des cités, des banlieues, sont mal vus en Occident, donc vous imaginez, si vous ramenez ce style ici ! Bien évidemment, le discours véhiculé contre ces jeunes se retrouve au Maroc. Ce genre d’ « expression » (car on ne parlait alors même pas de « culture ») n’étant pas très bien perçu en Occident, cela était ressenti comme si « les occidentaux nous envoyaient leurs déchets ». Aussi il fallait à tout moment véhiculer un esprit de « tolérance », même si le terme n’est pas juste.
Ce discours de la « différence » a commencé à être utilisé à partir de 2003, surtout après les attentats terroristes à Casablanca. À partir de ce moment-là, je ne dirais pas que cela a été plus facile, mais disons que l’acceptation de ce genre de « culture » (car on a commencé alors à parler de « culture ») a été plus facile puisque l’aspect utilitaire de cette culture s’est alors fait valoir pour contrecarrer un certain discours obscurantiste.
En 2003 nous avons créé une structure qui s’appelle « Moroccan Underground Federation », qui a continué notre action débutée en 1999. Tout fut alors plus facile auprès des structures publiques, par exemple pour obtenir des locaux de répétitions, d’entraînement, et non plus seulement pour des spectacles. Avant, les jeunes qui faisaient de la danse urbaine dans les couloirs de certaines galeries ou dans la rue étaient pourchassés. Même maintenant, parfois, au niveau du Bd Lalla Yacout, on leur demande de déguerpir. Un attroupement, c’est immédiatement louche. Mais il y a eu un changement après les attentats du 16 mai 2003. Avant 2003, les pouvoirs publics tenaient un discours réactionnaire ouvertement assumé. Actuellement non, ils ne peuvent pas avoir ce discours qui semblerait obscurantiste, une forme de terrorisme intellectuel, voire de terrorisme tout court. Même si ce sont les mêmes personnes qui sont aux mêmes postes, même si les réflexes sont toujours les mêmes, le discours a changé. Ce serait de cet acabit : « il faut s’ouvrir, le Maroc est un pays ouvert, où l’on sait accepter la différence… Il faut écouter les jeunes, c’est une forme d’expression… ». C’est pour cela que l’on voit, surtout sur les supports officiels ou lors de fêtes officielles, ou encore dans les médias, la télévision… des groupes, jusqu’alors dénigrés, devenir des stars, bien payées. Parallèlement, il s’est engagé un processus de récupération, ce qui constitue un danger : le discours subversif d’il y a un certain temps tend à être récupéré. Certains groupes pop commencent à avoir un discours réactionnaire pour aller de pair avec les valeurs ambiantes et donc pour devenir un produit que les gens vont demander, ou que l’État, pourvoyeur de fonds, va demander. Ces groupes adaptent leurs discours à la demande, à la tête du client.
Comment a évolué cette pratique du hip-hop ?
Actuellement, tout le punch avec lequel cette mouvance avait commencé diminue. Étant donné que le hip-hop n’est plus dénigré, que ce n’est plus quelque chose de subversif, cela devient, je ne dirais pas de la « variété », mais une forme musicale parmi d’autres à laquelle on peut faire appel dans un programme où il y a de la variété, où l’on met un peu de tout. Cela devient banal. Or, la banalisation nuit à la qualité de la production. Il y a aussi le fait qu’à l’origine, dans les années 1999, le style et le contenu des paroles étaient ce qui faisait la particularité du rap : la reprise du discours de la rue… Actuellement, les chanteurs aseptisent leur discours pour qu’il soit exploitable à la radio, à la télévision dans les soirées sponsorisées. Pourquoi ? L’une des raisons est la structure même de la société marocaine, voire arabe : dire des obscénités, des mots crus, non seulement ce n’est pas accepté, mais c’est puni par la loi, surtout dans la presse, avec l’article 69 sur l’utilisation de termes obscènes ou d’images obscènes. À ce sujet je rappelle la condamnation à des peines de prison de quatorze musiciens hard rockers en mars 2003 pour avoir prétendument, « pratiqué des rites sataniques », et « proféré des obscénités ». Ils ont été punis à partir de la loi sur la presse.
Ainsi ces chanteurs qui disent présenter la vie des quartiers, des banlieues, souligner les problèmes, ont débuté par des chansons qui doivent leur notoriété à l’utilisation des mots de tous les jours, des injures… On se retrouve maintenant avec des chanteurs qui veulent passer à la radio, dans des publicités. Pour ne pas être censurés, ils choisissent de s’adapter et de contrôler leur langage. De cette manière, il est fait appel à eux pour la sensibilisation des jeunes, dans certaines écoles, par exemple contre la drogue. Appeler un rappeur pour conseiller aux jeunes de ne pas se droguer ou fumer alors que dans la culture hip hop à l’origine, « tout le monde » se drogue et fume, cela paraît paradoxal. Il y a donc une « adaptation du produit » et automatiquement, quand on adapte un produit, on le dénature. Dès lors nous ne sommes plus dans le hip hop, mais dans autre chose.
Cela concerne peut-être les groupes les plus ancrés dans le circuit professionnel ?
Automatiquement. Même si on ne peut pas dire qu’il y a un circuit professionnel puisqu’il n’y a pas de marché. La cible de ces rappeurs correspond aux jeunes générations qui n’ont pas de ressources. Mis à part quelques minorités qui ont de l’argent de poche, les amateurs de ce genre de musique n’ont souvent même pas de quoi se payer un ticket de concert. Lorsqu’on organise des concerts, beaucoup de jeunes restent dehors, ils attendent devant l’entrée de la salle dans l’espoir d’entrer sans payer. Pourtant le prix du ticket ne dépasse pas les 30 ou 40 dirhams. Si vous organisez un concert de musique andalouse ou classique, le public se compose de personnes qui travaillent, ils appartiennent à la population active, qui peut acheter un billet. Le pouvoir d’achat des amateurs de hip hop est bien plus faible.
Par ailleurs, le discours que nous avons véhiculé autour de cette mouvance, c’est que le hip hop est aussi un look, une présentation vestimentaire. Il existe tout un marché informel. Étant donné que la plupart des jeunes ne peuvent pas dépenser 100 euros pour des tee-shirts, ils vont trouver des contremarques sur les souks à 8 ou 10 euros. Le look étant très important pour un chanteur ou un breakdancer qui va monter sur scène, il doit nécessairement avoir la « tenue de travail ».
Le hip hop a permis, via l’accès à des logiciels de composition musicale piratés, de casser la mainmise d’une certaine élite qui pouvait se permettre d’étudier le solfège, de suivre des cours sur la culture musicale. Avec ces nouveaux logiciels, n’importe qui peut maintenant s’exprimer, un peu sampler, arranger des morceaux musicaux. Cela a ouvert l’accès à une forme culturelle et a permis de diminuer, réduire, sinon éliminer la fracture entre les pays qui ont un accès légal à ces outils de composition et une large tranche de la population mondiale qui n’y a pas accès et qui donc ne pouvait pas s’exprimer. Notre but en encourageant cette forme culturelle était aussi de déculpabiliser les jeunes par rapport à la pression sociale : « vous avez une identité arabe, il faut la conserver et ne chanter que les chants arabes, ne se vêtir qu’avec des habits arabes… », mais aussi déculpabiliser les jeunes hip-hopeurs de la tentative de « criminalisation » initiée par certains groupements et lobbies qui ont des intérêts commerciaux, mercantiles, en termes de ventes (CD, logiciels, vêtements…). L’objectif étant de permettre au hip-hop d’évoluer d’une manière saine et décontractée.
Ce problème de la récupération est arrivé à un moment de maturité créative, tantôt ces jeunes ont un discours réactionnaire, tantôt ils s’adaptent à la structure locale, en aseptisant leur discours, en essayant même, comme certains groupes tel Fnaïre, de parler de « rap traditionnel ». Or le « rap traditionnel », n’existe pas. Ce n’est pas parce que l’on va utiliser des instruments traditionnels que l’on fait du rap traditionnel. Il y a aussi ceux que l’on accuse de faire du rap commercial, par rapport au rap dit « underground ». L’état actuel du hip hop se caractérise par la recherche d’une crédibilité, à la radio, dans les structures officielles, auprès de sponsors. Trouver cette crédibilité signifiant être payé, et même bien payé !
Apparemment, depuis la libération des radios, il y a eu un engouement pour ces musiques ?
Il ne faut pas trop se réjouir, nous ne sommes ni dans le cadre des radios libres à la manière française de 1981, ni dans celui des radios pirates. Non, les radios sont régies par des cahiers de charges. À part Hit Radio, qui passe beaucoup de titres de la « jeune scène musicale », les autres radios ont encore des hésitations. Par exemple vous n’entendrez pas de rap sur la radio officielle, celle de Rabat, sur les autres radios non plus. Donc à part Hit Radio, très rarement Aswat, vous n’entendrez pas de rap à la radio. Et même s’ils veulent les passer, la maîtrise d’antenne fait partie des cahiers de charge. Hit Radio a eu la mauvaise expérience d’être condamnée à payer 100 000 dirhams pour ne pas avoir maîtrisé l’antenne lors d’un talk-show avec un jeune DJ qui tenait un discours autour de la drague et des filles, donc vous vous imaginez bien qu’une chanson rap assez crue ne pourrait pas être diffusée. Le Maroc ne peut vivre ce qui se passe en France : nous ne pouvons pas imaginer un groupe qui s’appelle Nique ta mère (NTM), ce n’est pas possible. Les radios ne sont donc pas « libres » et les radios « privées » proposent des chansons tout en ayant conscience qu’il y a une maîtrise d’antenne à avoir et qu’ils ne peuvent pas tout diffuser librement.
Pour les jeunes marocains, que représente le rap en termes de réussite sociale ?
Cela représente beaucoup. Lorsque Hkayne a signé un contrat avec une société, Platinium, c’était le premier groupe de rap qui signait un contrat avec un producteur. Cela a commencé à faire des émules. CasaCrew a également signé. Les Fnaïre s’autoproduisent mais ils se sont constitués comme des professionnels, avec des agents qui « bookent » des cachets assez conséquents. Il y a aussi des agences de publicité qui commencent à suivre ces groupes de rap. Actuellement, les groupes les plus connus sont les Hkayne, Casacrews, Fnaïre, Zan9a Flow, Fez City Clan. Il y a beaucoup de groupes, on peut en comptabiliser plus d’une centaine à travers tout le Maroc, mais il y a aussi des groupes qu’on ne connaît pas toujours car ils s’autoproduisent en home studio et assurent une autodiffusion sur Internet. Il y a également des rappeurs individuels comme Mobydick, Nores, ou Bigg. Il y a un mouvement, mais le nombre de têtes d’affiche est limité.
Les occasions de se produire, ce sont surtout les festivals ?
Oui, les festivals et la publicité. Par ailleurs, les rappeurs bénéficient du piratage. Pour 5 dirhams vous pouvez avoir 5 albums en mp3. Cette forme d’accès à la culture a permis à la pratique hip-hop de se faire connaître. Il faut prendre en compte la réalité marocaine : bien souvent, un père de famille ne peut pas acheter un CD à 250 – 300 dirhams. Mais s’il fait un tour dans les souks, il va trouver un CD à 5 dirhams. Il achète un CD pour ses enfants, à 5 dirhams, mais il ne sait même pas ce qu’il y a dedans. Il ramène ce CD à la maison et c’est comme cela que les gens commencent à écouter des formes musicales qui utilisent des termes crus. Ainsi, la seule manière d’avoir accès à ces formes d’expression reste la distribution en dehors des circuits officiels, la forme piratée. Ce discours est valable pour le cinéma et les DVD également. Le hip hop, comme toute forme d’expression culturelle, s’est développé dans ces conditions-là. Si à l’origine, le hip hop marocain a un peu les mêmes bases d’expression que le hip hop américain ou français, son développement s’est adapté à la réalité.
Comment aidez-vous ces jeunes avec votre association ?
Nous les aidons avec Moroccan Underground Federation en les encadrant. Par exemple en proposant des thématiques pour les paroles des rappeurs, car lorsqu’on les entend chanter « nous sommes musulmans, nous avons Le Livre, nous avons Le Coran… », nous leur disons « vous n’êtes pas obligés de chanter ça pour être reconnus. Si vos paroles contiennent de tels propos, vous vous positionnez en suiveurs ». Casa Crew notamment chante ce genre de propos. Fnaïre a une chanson qui se termine par un verset du Coran. D’autres mettent un passage de l’hymne national dans leur mixtape… Il faut savoir qu’une très petite minorité des rappeurs fait des études poussées. S’ils ont le niveau du bac, c’est déjà bien ! Aussi, ils n’ont pas toujours les capacités intellectuelles pour analyser la société et pour tenir des discours subversifs. C’est pourquoi, ils rebondissent souvent sur ce qui correspondrait actuellement à l’amour du pays, au patriotisme et tout le tralala. Ils se disent qu’en se basant sur ce genre de discours, ils vont être acceptés et qu’on ne leur reprochera pas d’être sataniques ou d’être des « zigotos »… Il y a même un rappeur qui tient un discours moralisant envers les filles : « N’oublie pas que tu vas être une mère un de ces jours ».
Nous les encadrons aussi en terme de programmation, en organisant des concerts mais également en leur montrant comment faire un courrier, comment organiser une fête, comment réserver une salle publique, etc. Nous faisons parfois pour eux l’interface avec des programmateurs : pour un publicitaire qui a besoin d’un danseur, pour un réalisateur de films qui a besoin d’une bande-son, pour une association qui a besoin d’un rappeur pour l’une de ses manifestations… Nous aidons aussi ces jeunes à se professionnaliser et à s’auto discipliner : répéter, arriver à l’heure et ne pas faire le mariolle. Ce n’est pas en mettant le souk qu’on va devenir un chanteur célèbre. Nous les aidons aussi en véhiculant des discours avec des articles dans la presse, des interventions à la télévision, nous cherchons à donner de la visibilité et une image sereine à ce mouvement.
Comment s’organisent les relations entre les rappers marocains et ceux d’ailleurs, notamment des autres états du Maghreb ?
Nous avons participé à des manifestations en France, à Lille notamment. J’ai pu y rencontrer des responsables de structures officielles, des organisateurs et des danseurs d’Alger. Nous avions des projets avec eux mais cela n’a pas abouti. En revanche, nous entretenons des relations avec des structures européennes, notamment avec Hip hop solidarité internationale, une structure basée à Roubaix (France) fondée par Frédéric Tribalat pour promouvoir la danse urbaine au Maroc. Ils ont choisi le Maroc car cela s’y prêtait, la situation y étant plus flexible que dans les autres pays du Maghreb. L’avantage au Maroc c’est que, malgré tout, il y a plus de liberté de manœuvre dans la société civile qu’en Algérie ou en Tunisie. Il y aussi de grandes figures du hip hop international, notamment de New York, qui essaient de drainer des fonds pour créer une école internationale de danse urbaine à Casablanca, en collaboration avec la Moroccan Underground Federation. Nous cherchons un local où l’installer.
Nous avons par ailleurs monté beaucoup de stages, surtout lors de mon arrivée à la direction du Théâtre Mohammed VI à Casablanca. Nous donnons régulièrement des stages de danse urbaine gratuits. Nous avons organisé la Battle of Casablanca, à partir de 2005, qui est la continuité du fameux championnat de breakdance. Chaque année en juillet, il y a une battle de 4 jours sur une scène nomade. C’est le safari urbain dans la jungle casablancaise, avec une scène qui se monte et se remonte dans différents quartiers populaires. Les crews, les équipes de jeunes danseurs viennent combattre pour le prix qui est un trophée (Cf photo) et de l’argent ; cela stimule la créativité, et peut aussi créer de la surenchère, mais nous prenons le risque !
Nous avons en projet de monter un partenariat avec une structure privée, pour des castings, genre Star’Ac du rap, pour essayer de stimuler les gens à monter des groupes.
À travers la danse, le graffiti, le rap, ce sont les différentes formes du hip hop qui se sont développées au Maroc…
Oui, nous avons parlé du rap et de la danse, mais le graffiti a aussi pris de l’ampleur. Notre association encadre des jeunes graffeurs. Au Festival de Casablanca [dont Hicham Abkari est le directeur artistique], nous avons amené des grandes figures du hip hop international, comme Joey Starr ou des figures du RnB. Que ces stars viennent ici au Maroc est pour les jeunes une forme de reconnaissance. Cela permet aussi à ce mouvement hip-hop de se faire connaître, de s’installer et d’avoir une visibilité. Les jeunes peuvent maintenant entrer dans une administration avec leurs habits hip hop, tee-shirts larges etc sans automatiquement être mal vus. Ce mode de vie est en train de se banaliser. Même le terme « hip hop » est devenu un terme galvaudé pour certains supports de presse arabophones. On commence à dire « hip hop, ou hop hop hop » avec sarcasme, mais le fait est, qu’ils en parlent, lors de sit-com, à la télé le mois du ramadan par exemple. Il y a une image ironique, sarcastique du jeune hip hoppeur avec la casquette à l’envers. On se moque de lui, mais le fait qu’on en parle, cela veut dire qu’il fait déjà partie de la société.
Le référent reste toujours les rappeurs des États-Unis ?
Les rappeurs des États-Unis ont toujours été une référence. Ils véhiculent une image de force, de puissance, ces images sont véhiculées, elles transitent via les satellites, ils restent des modèles à suivre, tant pour le style vestimentaire que pour le rythme, le flow… Quand vous voyez le book d’un artiste, vous voyez toujours la dégaine de Busta Rhymes… Les puristes vont chercher des images de 2pack, mais pour la majorité, le modèle de référence c’est JayZ ou 50 CENT… Même si les rappeurs marocains se réfèrent parfois aux rappeurs francophones comme IAM, Sinik ou Disiz, parce qu’ils comprennent leurs paroles, leur modèle, c’est les New Yorkais.

///Article N° : 8120

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