Les obsessions d’une littérature. Thématiques et hantises dans le paysage littéraire des Comores. Saindoune Ben Ali, poète et membre fondateur du collectif Djando la Waandzishi, s’interroge sur le rapport entretenu par ses concitoyens écrivains avec l’histoire, leur histoire.
L’évidence des indices d’historicité travaille dans l’écriture littéraire comorienne de cette dernière décennie, avec une telle insistance, avec une telle prégnance, qu’elle donne toujours lieu à des questionnements, quant à leur acception, et surtout, leur pertinence, en tant que matière semblablement constitutive d’un imaginaire ou seulement d’une poétique littéraire. Nombreux, en tout cas, sont les uvres d’auteurs comoriens qui, au-delà des différences scripturales ou stylistiques, interrogent les mêmes thématiques, et restent traversées par une perspective quasi identique d’une lecture de l’histoire, d’une littérarisation de l’élément historique.
Déjà dès 1985, avec La République des imberbes (1), Mohamed Toihiri lance les premiers coups contre la fenêtre de l’Histoire. Interprétation, traduction, esthétisation. Tout ce qui renvoie au miroir biface des signes, aux expressions les plus diversifiées amplement récupératrices de ces zones de la perception et de la représentation, de la dimension socio-politique et de la réalité historique, en passant par En un cri silencieux (2) de Baco Abdou Salam, parLe Bal des mercenaires (3) de Aboubacar Said Salim Aboubacar, par le truchement paradoxal de la première publication d’une uvre en langue française, simple transcription de contes et de légendes, disons – ? – qui n’est qu’une haute référence déjà aux traditions du passé, manière de dire l’élément historique, symboliquement à valeur expressive.
Et même dans ce que l’on peut considérer comme étant la poésie majeure et le théâtre de la littérature comorienne, nous dégageons la même constance, cette présence de l’historique fonctionnant tel un personnage intégral dans les écritures. La récurrence du sociohistorique, définie ici comme un motif devenu obsessionnel, conscient ou inconscient, qui mobilise toutes les perceptions telles un filtre sans lequel rien ne peut trouver son expression. Effectivement, si ce n’est pour traiter des violences politiques, ce sont les lamentations d’une amputation géographique et de ses corollaires qui parcourent les pages, comme incapable de se désincarner, de ne s’ébruiter que dans les fictions, elles-mêmes loin de pouvoir figurer un réel quelconque. (…)
Cette littérature ne pose pas directement le problème d’un rapport à l’Histoire. C’est en creux qu’elle procède dans une quête de compréhension des présences, abîme de références et d’interrogations troublantes, source de réalités imperceptibles, car par trop imbriquées. Cette tentative d’approcher un réel qui semble, à lui seul, dicter comportement, vision du monde, aveuglement, perdition, errance, schizophrénie, et autres troubles de tout ordre, se repère chez bon nombre d’auteurs comoriens, cela à l’origine de cette exploration. Alors, d’une part, nous déterminerons quelques thématiques récurrentes, celles en relation avec l’histoire passée ou présente, d’une autre, tout en tentant de cerner l’acception de ses récurrences, il s’agira de trouver les raisons faisant de certains thèmes une véritable obsession littéraire, voire imaginaire.
Toute lecture réflexive de la littérature des Comores met de facto le lecteur en présence d’une chose absente marquée du sceau de l’antérieur (en paraphrasant ainsi P. Ricoeur.). Oui une chose absente qui demeure pourtant au cur de la trame des écritures, une chose qui traduit une forme de détournement, un déplacement d’angle de vue, un renouvellement de posture quant à la lecture de l’histoire et surtout des événements constitutifs. L’auteur cherche non à établir une véracité ou une fidélité de quoi que ce soit, mais à donner du sens à l’historique, semblablement, cause de ses malheurs présents, il s’y emploie. C’est un processus consistant à lire l’histoire à l’envers, soit avec les outils de la dérision, soit avec l’affectation d’un sérieux ne pouvant arriver à la hauteur d’une véritable historiographie officielle. Et ceci est lisible dans les uvres des pères de cette littérature.
Avec Toihiri, les deux romans – Le Kafir du Karthala (4) et La République des imberbes – construisent leurs intrigues respectives en puisant dans l’histoire. Le premier évoque la situation de l’intellectuel militant dans une société dont la capacité de compréhension se heurte à l’éternelle problématique de l’ouvert et du fermé, du traditionnel et de l’évolué, je voulais dire du moderne. Le second est une parodie acerbe de la période révolutionnaire des Comores. On le voit, dès les premiers jours de cette littérature, l’historicité opère dans l’écriture. C’est encore beaucoup frappant chez un auteur comme Aboubacar Saïd Salim. Celui-ci verse dans ces romans les expériences collectives d’une génération ayant joué un rôle capital dans l’histoire politique de l’archipel. Les titres parlent d’eux-mêmes : Le Bal des mercenaires nous plonge au cur d’une période très marquante, celle d’une dictature despotique portée par une bande de mercenaires sans âmes s’acharnant sur l’opposition, perpétrant des persécutions horrifiantes, des exécutions intimidantes, les emprisonnements arbitraires n’étant qu’une forme de survie – que l’auteur connaît comme le reste du peuple. La même veine alimente les écrits d’un Martial Alain-Kamal et d’un Nassur Attoumani.
Mais la polarisation historique n’est pas à lire comme un étouffement, une saturation de l’imaginaire par le fait historique, ni comme un surplus faisant que l’écrivain demeure dans la recherche d’une reconnaissance absurde et quelconque de la mémoire en partage, de souvenirs fâcheux qui présideraient à la vision du monde, c’est une démarche créative. Un besoin d’historicité littéraire : cette littérature s’écrit depuis un passé assumé. La matière historique se saisit comme l’élan par lequel l’auteur s’installe dans le présent pour penser l’être-de-l’homme-ici. Bref, il s’agit de l’appréhension de l’être-là que l’on veut cerner dans toutes ses dimensions, dans le temps et dans l’espace. On le sait assez bien, cette première démarche de littérarisation de l’histoire prend sens dans une volonté d’affirmation de l’originaire, façon de définir une identité avant tout. Les carcans d’une histoire véritable sont sans intérêt aucun. Quand on lit les uvres d’un Salim Hatubou, par exemple, on comprend le pourquoi du recours obstiné aux thématiques du conte populaire, cette parole collective, à la fois source et patrimoine légués. Salim Hatubou affirme donc, par cette stratégie de poétique littéraire, une identité personnelle et littéraire. L’observation de la société se fait au prisme d’une histoire visitée à l’envers. Ceci s’explique par une volonté de capturer un présent fuyant et ambigu, qui semble dépourvu de toute validité, d’autant plus que l’homme a perdu toute prise sur le réel. Ce qui nous permet de rejoindre la vision de Bonnet Véronique, lorsqu’elle parle d’un surcroît de littérarité, ou bien, pour reprendre une expression plus explicite de Elikia M’Bokolo, se rendre compte d’une historiographie des processus travaillant dans l’écrit littéraire, ou travaillée par le littéraire comme signe biface, un espace qui se remplit par sa propre viduité, où prend forme toutes les théories de création et d’esthétisation.
En ce sens, La République des imberbes de Toihiri se présente comme un miroir donnant à lire l’Histoire par un regard volontairement orienté, n’ayant qu’un sens, une réponse fictionalisée, figuration d’une mentalité en quête d’assurance, quand par les présences événementielles tout semble échapper. La littérature comorienne ne recourt pas à l’historique par lui-même ; ce dernier fonctionne dans le texte tel une dénonciation des obscénités de l’Histoire. Ce qui explique les difficultés discursives, chez bon nombre d’auteurs comoriens. En effet, le traitement de l’histoire dans les écritures dénote une sorte d’évitement de toute prise de position claire. Chez Alain-Kamal Martial et Nassur Attoumani, le rapport à l’histoire devient des plus troublants, car ces écrivains, tout en interrogeant les gangrènes historiques, les larmes brûlantes du passé, hésitent à aller au bout de leurs sujets. Tout se passe, dans l’uvre, comme si « la tendance à brouiller » reste la seule voie d’une expression possible de ce qui corrompt la lisibilité du présent, défaillance de conscience ou simple peur de notre nudité. En tout cas, il y a un certain voilement choquant d’une façon ou d’une autre nos psychologies de lecteur. C’est un peu cette fuite du protagoniste du Kafir du Karthala qui trouve refuge dans la brousse, façon d’éviter un réel par trop insupportable.
Dans la perspective des transcriptions de la réalité, sur un plan diachronique, les dix dernières années nous ont offerts à lire des uvres dans lesquelles se dégage une permanence thématique. Il s’agit d’une véritable hantise, reflet d’une nausée semblablement à l’origine de l’acte d’écriture. L’évocation ouverte ou ourdie d’une tragédie préoccupante, un génocide à huis clos, laminant les esprits, au point de ne laisser personne dans l’indifférence : le supplice des noyés. Mais c’est là une sorte d’horreur que l’on ose à peine observer en face. Une de ses obsessions dont la seule conscience de sa présence, de sa réalité, suscite des malaises, suffit pour brouiller toute représentation. La volonté de figuration réserve au lecteur des découvertes des plus inimaginables. Notre dramaturge, Alain-Kamal Martial, n’est-il pas tenté par la répercussion, même verbeuse, de la tragédie dans sa pièce Épilogue des noyés ? (5) – On ne formule qu’un reproche, l’absence d’une position prise et claire de la part de Martial.
Il est un paradoxe toutefois notable qui interpelle d’un point de vue anthropologique et ontologique. Tout se passe comme si le poids de l’historicité enlèverait aux vivants les possibilités d’un discours nommant le tragique existentiel dans sa permanence quotidienne. Est-ce là une explication plausible de l’attitude de certains écrivains, usant de l’art des détours, un verbiage malencontreux, pour approcher la monstruosité d’une situation à la lisibilité décapante ? Plus d’un écrit de Nassur Attoumani procède par évitement, si ce n’est pour faire parler les absents, les morts. La même stratégie de littérarisation demeure au cur de la littérature de quelques collègues : nous nous référons ici à deux pièces assez intéressantes dans ce sens qu’elles constituent des modèles de pan de notre littérature : Interview d’un macchabée (6) et Épilogue des noyés.
Au-delà, c’est du côté de la poésie que des voies paraissent des plus originales sur le sujet. Peut-être, la poétique doit être pour quelque chose du fait de ses exigences discursives et ses capacités d’élaboration langagière. Derrière un monde de violence sans moralité aucune, la poésie se révèle une parole dont l’exigence ne répond qu’à une certaine prise de responsabilité. La poésie vient des profondeurs, avec cette conscience obscure des profondeurs, ce qui lui permet d’aller droit au but, au-delà de toute forme de rhétorique. On comprend mieux pourquoi la tragédie trouve sa haute expressivité dans la poésie. Quelques poètes comoriens ont su parler, contre les semblants de l’immédiateté, de cette réalité d’un autre monde à venir, ne rassurant personne. Souvent, ils ont recours à une écriture multilingue. L’un des grands représentants de la poésie comorienne, Sadani, s’efforce dans son recueil Sania (7), avec intransigeance et une certaine hauteur, de traduire la relation complexe tissant les différents épisodes de la tragédie. Pour ce faire, le poète développe dévoile le fonctionnement mental, les tendances fatales constitutives d’une sorte de mariage déjà excellemment analysé par A. Memmi dans son fameux Portrait du colonisé, portrait du colonisateur (8).
Pour Sadani, la compréhension de l’héritage historique permettrait d’aller jusqu’au bout de la conscience de notre problématique existentielle. Ce qui donne à entendre une lecture renouvelée de l’historicité. Ce n’est point le catalogue de simples faits du passé, il s’agit d’établir leur plein sens, afin d’en rendre la perception possible. La tragédie se jouant entre Maoré et Ndzuani, dans l’archipel des Comores, rappelle donc celle d’un Roméo et Juliette, une histoire d’amour meurtrier. C’est à la fois charnel et sourdement violent, comme des meurtres d’alcôve que l’on ne raconte que sous les draps du silence. Trop aimer, c’est également trop subir jusqu’à la disparition complète de soi et de l’objet d’amour. Cette tendance narcissique signifie l’absence de retenue dans l’élan aveugle qui finit par banaliser tout, même la mort. Ce qui peut se lire, chez Sadani, comme une dépersonnalisation, une perte d’humanité.
Un autre poète, abordant la même problématique dans un autre angle, introduit une autre perspective dans la considération de l’historicité comme clef de lecture du présent. Mohamed Anssoufouddine, auteur de Paille-en-queue et vol (9). Entre lucidité d’une quête et mélangue assumée, la poésie livre une nouvelle modalité d’écriture ouvrant sur une perspective originale de l’historiographie. La poésie est devenue un espace des convergences. L’Histoire des Comores n’est que la somme des histoires de tout l’océan indien. Des fragments des langues indo-océaniques scandent l’écriture poétique pour témoigner de l’unicité historique des peuples de cette région. Pour souligner, d’une certaine façon, l’absurdité de la tragédie comorienne, le poète mobilise quelques motifs de l’historiographie des présences. Ainsi l’histoire paraît fondatrice d’un sens mythique du monde. Et Anssoufouddine rejoint toute catégorie d’écrivains de la Lémurie, espace où les origines finissent toutes par se rencontrer, se confondre. Alors, derrière les mots, traîne la principale interrogation du poète : la tragédie comorienne admet-elle une justification morale quelconque dans la déshumanisation la plus sadique ? L’absence d’une conscience libre ne tient qu’à l’importance accordée aux seules apparences d’une histoire construite sur la désinformation et l’acculturation. Les poètes, Anssoufouddine et Sadani, ouvrent le chemin, en littérature comorienne, à des approches originales de l’Histoire.
S’il y a donc un sujet récurrent de la littérature comorienne, c’est un peu l’histoire, amis avec un traitement particulier. Car il n’entre pas dans un processus de quête d’une mémoire à établir, ni non plus d’un passé à sauver de l’oubli. Elle fournit la matière d’une réflexion visant à renouer avec une vérité encore mal comprise. Parfois, par l’introspection l’auteur-acteur de l’histoire essaie de trouver, a posteriori, une signification au vécu. Objectivement, il est question d’une tentative de mise en contexte. Ce qui fait l’originalité de l’approche d’un romancier comme Aboubacar Saïd Salim avec La Révolte des voyelles (10) et Le Bal des mercenaires. Dans le premier, l’humour et l’ironie construisent une rhétorique littéraire rigoureusement basée sur une distanciation, entre deux temps historiques : le temps d’immersion totale dans les faits en tant qu’acteur-témoin et le temps de littérarisation de ces faits. Ce qui s’est traduit dans la nouvelle par une tonalité parodique montrant combien l’auteur a acquis assez de recul pour juger, pour accorder un sens à l’histoire. Dans le second, peut-être, le vrai roman historique de la littérature comorienne, la stratégie narrative reste plus élaborée. C’est en mêlant les histoires qu’Aboubacar Said Salim, avec authenticité, dévoile l’Histoire. Effectivement, sur fond d’une intrigue amoureuse, le romancier raconte une de ces expériences douloureuses de tout un peuple. Moments où l’arbitraire se passe d’une nomination et même d’une caractérisation : la période marquée par la présence des mercenaires-dieux-des-îles ! Et loin des paradoxes de la véritable autofiction, le lecteur se trouve face à une hybridité, entre récit de vie et réflexion oblique, implicite sur l’histoire.
Sous l’artifice des narrations idéologèmes, c’est-à-dire susceptibles d’illustrer des hypothèses historiques interprétatives, la littérature échappe donc à toute caractéristique idéelle, ne se présente pas comme une simple et pure application scripturale. Elle témoigne d’un effort d’inscrire les écritures romanesques dans ce champ où réel et fiction participent au romanesque. Aboubacar Said Salim nous confronte à une esthétisation de ces vues littéraires qui rendent les frontières entre littérature et histoire plus fragiles. C’est André Brink, grand romancier sud-africain qui fait remarquer que dans « la fiction, l’implication, avec l’ampleur de l’expérience humaine inclut la vérité dans la totalité de l’esprit, de la mémoire, des rêves, de l’imagination et de la perception du monde ».
On perçoit, alors mieux, la place et l’importance des écrits d’Aboubacar Said Salim en littérature comorienne. Sa position face à l’histoire fait qu’on ne peut pas lire ses romans comme de simples autobiographies d’auteur, mais comme des explorations de la vie, de notre être au monde. À ce niveau, l’hétérogénéité narrative choisie par la multiplication des histoires au sein d’un même texte trouve toute son explication. C’est encore le Sud-Africain qui, en connaisseur, souligne : « En construisant une fiction sur une base reconnaissable de la réalité historique, on augmente la possibilité pour le lecteur d’associer une histoire à certains aspects de sa propre vie ».
Les nouvelles de Nassur Attoumani, Les Aventures d’un adolescent mahorais, sont parfaitement illustratives de tels propos. Au-delà d’une certaine naïveté de ton, le lecteur se reconnaît derrière les faits d’un passé expressif. Mais c’est plus dans les errances urbaines d’un Soeuf Elbadawi, dans les écrits de Moroni Blues (11), que cette réalité historique paraît plus reconnaissable de façon flagrante, même si c’est l’évocation d’une ville qui semble affichée, au départ, en tant que préoccupation originelle d’écriture. Cette quête des hamar, terme non éloigné des créolismes – amar des Réunionnais et amarres de cette francisation sous la plume d’un Édouard Glissant, donc de la Martinique – signifiant respectivement attache, ancrage, enracinement, semble être, en fait, celle de tout lecteur ayant connu les pérégrinations nocturnes ou diurnes dans Moroni. Il s’agit du blues d’une génération, chant coloré de la nostalgie d’un passé, d’un vécu, d’une histoire.
Il existe également certaines uvres considérées comme mineures, mais dont le traitement de l’historicité n’est point de moindre importance. La question reste seulement abordée d’un point de vue proche de l’ethno-sociologie. C’est le cas de la nouvelle de Nassuf Djaïlani, La Traversée de l’espoir, figurant dans le recueil Une saison aux Comores (12), ou encore du roman posthume du juriste Andhume Houmadi, Aux parfums des îles (13). Ces écritures sont la preuve tangible de l’intérêt des écrivains pour l’histoire. Même si, cette fois, la politique emboîte le pas à l’historicité. Les situations incongrues sont interrogées. Les auteurs déploient des efforts pour appréhender des réalités monstrueusement incompréhensibles. Des sortes de complexités qui plongent le lecteur dans les abîmes des consciences désorientées, incapables de s’assumer moralement et historiquement. La littérature touche ici aux problématiques des conséquences du néocolonialisme, phénomène qui rend, pour l’ancien colonisé, le monde totalement invisible, sans repères. Nous frôlons là la dissémination identitaire des sujets postcoloniaux.
Si dans sa nouvelle, Nassuf Djaïlani met plus l’accent sur les atrocités des violences de la crise séparatistes de 1997, il donne surtout à lire des personnes sans humanité, uniquement emportées par les vents de la violence. Et entre les lignes, plane la considération suivante, celle des blessures de l’histoire – comme l’ont stigmatisée Faurec et les autres. Le titre de Andhume Houmadi a quasiment des accents d’ironie. L’auteur, en se penchant sur les mêmes événements, opère un détournement expressif. Les Îles aux parfums dégagent des relents nauséeux. Comment une situation honteuse peut-elle dégager autre chose que de la répugnance chez une conscience debout à la racine de l’histoire ? On ne doit pas occulter le passé, de militant actif et de politique engagé, du romancier dans l’émancipation de son peuple.
Pour tout cela, la littérature est prétexte pour répondre à une urgence. Face à l’émergence de l’impensable, de l’informulable, la prise de parole doit être tenue et analysée comme on le ferait d’une condition existentielle. En effet, le monde de référence, celui que l’on jugeait solide, en s’écroulant, exige de la part de l’intellectuel une réaction en conséquence. Pour tenter de vaincre le vertige, pour éviter le sentiment l’opprobre. Fort heureusement, la désacralisation de la politique a laissé place à la narration et aux intrigues, ce qui n’induit pas, de notre part une position quelconque quant à la qualité littéraire des textes de nos deux auteurs.
1. Editions L’Harmattan.
2. L’Harmattan.
3. Éditions Komedit.
4. L’Harmattan.
5. Éditions IstaMbul.
6. L’Harmattan.
7. Éditions Clacanthe.
8. Buchet/Chastel.
9. Komedit.
10. Éditions A3.
11. Aux éditions Bilk & Soul, Komedit et De la Lune.
12. Komedit.
13. Komedit.///Article N° : 11588