Fiche Livre
Littérature / édition
éTUDES LITTéRAIRES, CRITIQUES | Août 2011
Amalgames Erotiques : Poésie au-delà du sensible
Gethro Rancy
Pays concerné : Haïti
Edition : Xlibris Corporation
Pays d’édition : États-Unis
ISBN : 978-1465342508
Pages: 54
Prix : 10.00
Parution : 11 Août 2011

Français

Teintée du érotisme et du réalisme « Amalgames Erotiques » paru aux Editions Moraiah témoigne dans la foulé une poésie du sensible. Cette poésie marquée des stigmates d’un pays bouleversé s’ancre dans la tradition littéraire où le poète évoque son attachement à la terre natale, où le « spleen » idéalisé est une « ville qui marche au pas ralentit comme l’handicapé ».
Le poète est aussi conscient que le monde est à refaire, et que, ce pays qu’il porte en lui-même n’est pas dépaysé ni lointain, mais un espace où « les gens habitent. »
Ce référent spatial est porteur de souvenir, d’errance et du mal être.
« Fort liberté
Ville qui salue au pas faible aux nourrissons qui taisent le silence des alphabets. Je décrie la ville de Fort liberté à contreverse de collines mouillées jusqu’à la mer. »

Ville qui martèle la page au-delà des rêveries, du faux semblant en donnant lieu à la parole non pas comme acte du langage, mais un acte de dire Fort Liberté, Port-au-Prince comme il n’a jamais vécu.
« Nos misères sont des sacs
D’ordures
Dans tous les coins de
Port-au-Prince »
Comment dire le réel quand « les mots gaspillent leur sexe dans les marges » ? Comment dire les contradictions qui y habitent « quand tous les mots demeurent dans les livres » ? Cependant, l’écriture reste le lieu du partage entre le réel vécu et son amour.
« Je traîne ma langue sur ton ventre
Noyé a l’entonnoir du midi
Et mes yeux glissent en face de tes yeux
graduellement »
Dans ce texte où l’amour s’exprime avec pudeur, pleine de charmes de tendresse propice à l’accomplissement d’une vie.


« C’est avec des expressions
Que j’ai construit paradoxalement
Ma foi
Avec la concordance
Rythmique des vers
Que mon avenir prend une forme »
Ce livre dit dans un langage teinté du surréalisme l’univers étouffant de la misère du monde est « sous la malédiction des pluies nerveuses. » Avec l’œuvre de Gethro Rancy, les mots tombent par avalanche pour dire le mal de son peuple, sa terre. La mémoire y revient dans les métaphores, dans un « je » qui n’est pas un autre.

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Jean Watson Charles
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